La
production de miel a considérablement chuté cette année dans la wilaya de
Chlef. Selon le président de l'association des apiculteurs de Chlef, M.
Abdelaziz Ait-Hamouda, rencontré en marge d'une exposition des produits du
terroir, « le secteur de l'apiculture vit des moments difficiles du fait que la
production de miel cette année sera très mauvaise. Alors qu'elle a atteint en
2014 une récolte de plus de 90.000 quintaux, on prévoit pour cette année une
récolte au maximum de l'ordre 2 kg par ruche alors qu'elle devait avoisiner ou
dépasser les 20 kg par ruche dans des conditions normales». Les principales
variétés de miel existantes sont le miel de l'oranger, du thym, de
l'eucalyptus, de la carotte sauvage, du jujubier et de la lavande maritime,
sachant que le miel d'orange est le plus répandu au niveau de la région de par
l'existence d'un vaste verger agrumicole qui s'étend sur une superficie de 5
400 hectares. 450 quintaux de ce type de miel ont été récoltés l'année passée.
La wilaya de Chlef compte 120 apiculteurs professionnels ayant plus d'une
trentaine d'années d'expérience, possédant plus d'une centaine de ruches
chacun, 600 apiculteurs amateurs disposant en moyenne d'une vingtaine de ruches
et enfin 500 apiculteurs ayant investi la profession à travers les différentes
formules d'aides et de soutien à la création de microentreprises. Selon notre
interlocuteur, « ce seront ces derniers (1100 apiculteurs) qui pâtiront le plus
de cette mauvaise année et risquent de ?disparaître' sauf si l'Etat leur vient
en aide financièrement». Il faut dire que les conséquences de cette baisse de
la production sont difficiles à supporter pour les apiculteurs. «Nous attendons
beaucoup de l'Etat pour nous venir en aide en ces moments difficiles alors que
les pouvoirs publics ont consenti de gros investissements ces dernières années
d'autant plus qu'il y va de l'intérêt de tous», dira le président de
l'association. Et d'ajouter : «outre la chute de la production de miel, la
disparition des abeilles et le déclin de la filière apicole pèsent sur
l'écosystème, voire sur nos moyens de subsistance. Les abeilles participent à
la pollinisation d'un tiers de ce que nous mangeons et jouent un rôle essentiel
dans la préservation des écosystèmes de notre environnement. Environ 84% des
cultures destinées à la consommation humaine dépendent des abeilles ou d'autres
insectes pour leur pollinisation en vue d'accroître leurs rendements et leur
qualité. La pollinisation par les abeilles permet non seulement d'obtenir plus
de fruits, de baies ou de graines, mais également d'améliorer la qualité des
produits. Les pollinisateurs, tels que les abeilles, interviennent dans 35% de
la production végétale mondiale, accroissant celle des principales cultures vivrières
à l'échelle du globe, ainsi que de nombreuses plantes médicinales ». Quant aux
causes de cette chute de production, M. Ait Hamouda l'attribue à plusieurs
facteurs. En premier lieu, dira-t-il, l'utilisation à outrance de pesticides
dans l'agriculture. A ce sujet, il est intéressant de savoir qu'en 2012, une
équipe de recherche française multi-partenariale a pour la première fois mis en
évidence le rôle d'un insecticide dans le déclin des abeilles, non pas par
toxicité directe mais en perturbant leur orientation et leur capacité à
retrouver la ruche. Les chercheurs ont collé des micro-puces sur plus de 650
abeilles. Ils ont ainsi pu constater l'importance du non-retour à leur ruche
des butineuses préalablement nourries en laboratoire avec une solution sucrée
contenant de très faibles doses d'un insecticide, le thiaméthoxam. Le deuxième
facteur qui a contribué à la chute de la production du miel est lié aux
conditions météorologiques prévalant au cours de cette année, particulièrement
depuis le mois de mars où il n'a pas plu.
Enfin,
un troisième danger qui menace constamment les ruches, c'est les pathogènes qui
menacent les abeilles à l'image du Varroa, Varroa destructor, qui reste le
principal ennemi des ruches. Il est présent toute l'année. Sans décimer la
colonie, le varroa affaiblit les défenses des abeilles et les rend plus
sensibles aux virus et bactéries. D'ou la nécessité d'un traitement préventif
qui revient assez cher pour les apiculteurs, faut-il le souligner.