Plusieurs établissements du cycle secondaire de la wilaya sont sur
une poudrière qui menace d'exploser à tout moment. Des arrêts de travail à
répétition de plusieurs jours ont eu lieu depuis la rentrée des classes dans de
nombreux lycées de la ville situés essentiellement à Oran-est et dans les
communes périphériques qui ont accueilli ces dernières années des milliers de
familles dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire. Le point
commun de ces mouvements de protestation du personnel enseignant reste le
sureffectif des élèves et le déficit criard en matière d'encadrement
pédagogique et administratif. Après le lycée Bouazizi Rabia de Haï Yasmine et
celui d'Abou Bakr Belkaïd, c'est le tour du nouveau lycée d'Oued Tlélat. Le
personnel enseignant de cet établissement, qui avait observé la semaine écoulée
une journée de protestation, a déposé jeudi dernier un préavis de grève
illimitée à l'académie pour dénoncer «des ponctions arbitraires sur les
salaires et les primes trimestrielles de rendement, l'abus de pouvoir du
directeur, le déficit en encadrement administratif et l'absence de sécurité».
Le délégué des enseignants que nous avons contacté a soutenu qu'une grève
illimitée sera entamée à partir du 11 octobre et se poursuivra jusqu'à la
satisfaction de toutes les revendications du personnel enseignant et notamment
le départ du directeur actuel de ce lycée. «Tout a commencé quand le directeur
de cet établissement secondaire a suspendu deux professeurs. Il a accusé nos
deux collègues de l'avoir agressé physiquement avant de déposer une plainte en
justice. Une commission d'enquête a été dépêchée par l'académie au lycée pour
mettre la lumière sur ces accusations infondées. Nos deux collègues ont été
finalement blanchis de toutes les accusations. Le plus grave est que des
pressions auraient été exercées sur certains travailleurs (gardiens) pour se
constituer comme témoins à charge contre nos deux collègues», affirme le
représentant du Snapest de ce lycée. Et d'enchaîner : «le personnel enseignant
a pris son mal en patience en espérant un dénouement rapide de cette affaire,
mais il y a quelques jours seulement, le directeur a récidivé. Il a suspendu un
troisième travailleur (agent d'administration) pour abandon de poste, alors que
notre collègue était présent sur le lieu de travail. D'autres collègues ont été
victimes de ponctions arbitraires de salaires et de primes de rendement. Il y a
des travailleurs qui ont obtenu une note de 0 sur 40 dans la prime de rendement
trimestriel, ce qui est totalement absurde». Le délégué des enseignants
dénonce, par ailleurs, le déficit criard en adjoints de l'éducation, l'absence
de sécurité dans cet établissement et l'état d'anarchie général propice à une
criminalité débridée. Les enseignants estiment ne pouvoir plus assurer la
sécurité des élèves dans ce lycée en raison des intrusions presque quotidiennes
des délinquants. «Certaines classes de cet établissement se sont transformées
en lieux de rencontre des alcooliques et des jeunes couples», conclut le
délégué des enseignants.