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Les avions de
combat russes ont bombardé hier samedi des cibles du groupe djihadiste Etat
islamique (Daech) au quatrième jour de leur intervention en Syrie, mais les
Etats-Unis ont continué à dénoncer la stratégie de Moscou visant à défendre le
régime de Bachar al-Assad. Selon le ministère de la Défense russe, une série de
frappes ces dernières 24 heures ont détruit un poste de commandement et un
bunker de l'EI près de la ville de Raqa, la «capitale» de l'organisation
extrémiste située dans le nord-est du pays en guerre. Les avions russes ont en
outre détruit un entrepôt de munitions et visé un camp d'entraînement du groupe
djihadiste dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon le ministère.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de frappes
russes avant l'aube contre des positions de l'EI aux environs de Raqa. L'ONG
soutient toutefois que le groupe n'a pas de présence à Idleb.
Déclenché en 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit déjà très complexe, a pris un nouveau tournant avec l'implication des Russes, alliés du régime qui a perdu les deux-tiers du territoire dans les combats. Ceux-ci opposent régime aux rebelles mais aussi groupes rebelles rivaux dans un pays morcelé. Pour le président américain Barack Obama, une coopération avec la Russie sur le dossier syrien reste possible à condition qu'il reconnaisse qu'un changement de régime est nécessaire. Mais Moscou ne veut rien entendre et considère le régime Assad comme un rempart face à l'EI. Depuis le début mercredi de ses opérations militaires en Syrie, la Russie a visé l'EI mais surtout aussi le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés rebelles islamistes, selon des sources syriennes et l'OSDH. Elle a également, dans une moindre mesure, frappé des petits groupes rebelles soutenus par les Etats-Unis. Al-Nosra, considéré comme un groupe «terroriste» également par Washington, et ses alliés ont infligé le plus de revers au régime cette année, alors que l'EI a concentré sa guerre contre les groupes rebelles rivaux. Moscou soutient que ses frappes visent l'EI, Al-Nosra et «d'autres groupes terroristes». Or, à la différence des pays occidentaux et comme le pouvoir syrien, le Kremlin qualifie de «terroriste» tout groupe combattant le régime Assad. Les Occidentaux ont critiqué la stratégie russe, en insistant que les raids devraient épargner les groupes rebelles qu'ils soutiennent. Les Russes «ne font pas la différence» et «de leur point de vue, ce sont tous des terroristes. Et c'est une catastrophe assurée», a dit M. Obama vendredi. Après une rencontre avec M. Poutine, le président français François Hollande a assuré avoir lui aussi insisté sur la nécessité de viser «uniquement» l'EI. D'après les renseignements britanniques, seules 5% des frappes russes en Syrie ont visé les combattants de l'EI, la majorité des raids ayant «tué des civils» et visé l'opposition modérée. Néanmoins les Etats-Unis et leurs alliés reprochent surtout à Moscou son soutien indéfectible au régime Assad. «Le problème ici, c'est Assad et la violence qu'il inflige au peuple syrien, et ça doit s'arrêter», selon M. Obama. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est l'un des principaux soutiens aux rebelles, a affirmé qu'il demanderait aux Russes de «réévaluer» leur action, les accusant de viser les insurgés dits modérés et de faire l'impasse sur les civils tués dans les frappes. Selon un nouveau bilan de l'OSDH, les frappes russes ont coûté la vie depuis mercredi à 39 civils dont huit enfants et à 14 djihadistes, 12 de l'EI et deux d'Al-Nosra. Jeudi, les raids ont visé un «hôpital de campagne» dans la province centrale de Hama et «des médecins ont été blessés», d'après cette mêm e ONG. «L'occupation russe vient tuer les enfants de Syrie qui ne l'ont pas été par le criminel Bachar», tweete un militant anti-Assad. Une coalition dirigée par les Etats-Unis -et à laquelle la Russie ne participe pas- mène, elle, depuis septembre 2014 des frappes contre l'EI en Syrie, sans parvenir à venir à bout du groupe djihadiste qui contrôle la moitié du territoire syrien. Les Russes, qui ont déployé plus de 50 avions et hélicoptères en renforts en Syrie, n'ont pas l'intention d'en rester là. Les raids vont durer «trois à quatre mois» et «s'intensifier», selon un responsable russe. Depuis le début du conflit en mars 2011, plus de 240.000 personnes sont mortes et quatre millions ont quitté la Syrie, occasionnant une crise migratoire majeure. |
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