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Le ministre de la Santé à Oran : Le projet de loi sur la santé sera promulgué avant la fin de l'année

par Houari Saaïdia

« En principe, le projet de loi sur la santé sera promulgué avant la fin d'année en cours. Sa mise en application se fera graduellement à partir de mars 2016. On reproche au secteur de la Santé le fait que les textes demeurent souvent des coquilles molles et vides. Ce n'est plus le cas sous mes commandes. Une loi est faite pour être appliquée. C'est valable pour le nouveau texte relatif au système sanitaire national».

C'est un extrait de la déclaration faite au Quotidien d'Oran par le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, en marge du conclave Sud-Ouest consacré à l'évaluation du secteur, tenu hier lundi au complexe touristique des Andalouses, à Oran. Dans le même registre, M. Boudiaf a poursuivi: «Les décrets d'application sont déjà fin prêts, de sorte que la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle loi se fasse le plus tôt possible après la promulgation (?) Les critiques formulées çà et là à l'égard de ce projet de loi sont pour la plupart des vues d'esprit, des états d'humeur, quand elles ne sont pas motivées par des intérêts étroits et sournois. Ce texte est l'œuvre de tous les acteurs concernés; des consultations ont été menées avec quelque 3.500 professionnels et 7.500 experts de différents secteurs. Pour autant, nous n'avons jamais verrouillé les portes du dialogue; on est disposés à remettre en question toute disposition pour peu qu'on nous ramène l'alternative. Mais rejeter comme ça, tout en bloc, un texte de loi, c'est irraisonné».

Dans un autre chapitre, interrogé par le Quotidien d'Oran en marge de la séance des travaux, le directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), M'hamed Ayad, a fait savoir que 117 autres produits médicamenteux seront concernés par l'interdiction d'importation d'ici à la fin de 2015, ce qui donnera lieu à terme (fin 2015), si on fait le compte des 251 produits déjà interdits à l'importation de la nomenclature, un total de 368 produits. Fin 2014, la production locale en médicament représentant, en termes de valeur, 41% de la facture globale, soit l'équivalent en DA de 1,1 milliard d'euros, a encore indiqué le premier responsable de la PCH, précisant qu'en termes de volume, la production nationale représentait 65%. Il a souligné, dans le même ordre d'idée, que, dans un souci de mieux maîtriser la facture à l'importation, le ministère de la Santé a initié une série de négociations avec les différents laboratoires étrangers fournisseurs du marché national, dans le but de réduire le prix des médicaments importés. La baisse des prix a ainsi permis à l'Algérie, selon le même responsable, d'enregistrer une réduction de 41% de la valeur de la facture à l'importation. Par ailleurs, et dans le but de promouvoir la production nationale, la PCH a lancé pour la première fois un appel d'offres à l'usage exclusif des producteurs locaux, sachant qu'il existe actuellement 75 unités de production locales alors que 150 autres projets sont en cours de réalisation.

Avant de donner libre cours aux gestionnaires locaux des wilayas du Sud-Ouest pour donner un point de situation sur les 24 points de la feuille de route tracée par la tutelle pour la mise à niveau du secteur, le ministre a souligné en substance que deux problèmes majeurs freinaient le processus de la réforme hospitalière, à savoir la gestion et l'organisation. «Nous avons mis en place un nouveau mode de gestion. Il est impensable que le DG d'un CHU ou EHU s'occupe des espaces verts internes, du parking, de l'éclairage, de la collecte de déchets? Le directeur de l'établissement hospitalier a d'autres choses à faire, sa mission est centrée sur la prise en charge des malades. Fini l'accompagnement pédagogique. L'heure est aux comptes. Vous êtes tenus par des obligations de résultat bien précises», a averti le ministre, annonçant que mars 2016 sera le mois d'un bilan exhaustif national du secteur tout entier, depuis sa prise des commandes en novembre 2013.

Questionné à propos du projet de réalisation de dix grands centres hospitalo-universitaires (CHU), M. Boudiaf a balayé d'un revers de la main les suspicions planant sur l'aboutissement de ce méga-investissement public. «Le secteur est loin d'être affecté par l'austérité. Si ce projet tarde encore à être lancé, c'est parce que l'offre financière des entreprises et groupes retenus reste trop élevée. Nous avons décidé de geler toutes les offres et d'engager des négociations avec les entreprises concernées en vue de les faire baisser», a-t-il expliqué.

Annoncé en grande pompe, dans la foulée de la campagne électorale précédant le quatrième mandat du président Bouteflika, le projet de réalisation de dix grands centres hospitalo-universitaires (CHU), à travers les principales régions du pays, tarde toujours à être lancé.

Le planning du ministère prévoyait le lancement, dans une première étape, de cinq projets parmi les dix annoncés, à partir du mois prochain. Si les entreprises en charge de ce premier lot dont les structures sont prévues respectivement dans les wilayas d'Alger, de Tizi Ouzou, de Tlemcen, de Constantine et d'Ouargla ont été déjà choisies, le lancement des travaux risque encore d'être reporté sin die. Ce projet ambitieux fait-il les frais de la politique d'austérité que le gouvernement s'emploie à imposer à cause de la baisse des recettes pétrolières ? Risque-t-il de passer à la trappe ? Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, lui en tout cas, réfute cette thèse. Selon lui, ce n'est pas la trésorerie de l'État qui poserait problème, mais bien l'offre financière des différentes entreprises retenues pour la réalisation de ces projets qu'il juge «surélevée». Dans le cas où ces négociations, toujours en cours, n'aboutissent pas, comment réagirait le département d'Abdelmalek Boudiaf ? Le ministre, qui, visiblement, ne nourrit pas un grand espoir de voir les offres financières renégociées comme souhaité, a soutenu que de nouvelles pistes seront explorées. Autrement dit, le ministère sera contraint de revenir à la case départ et relancer de nouveaux appels d'offres internationaux. Ce qui retardera du coup, d'au moins de quelques années, les réalisations de ces hôpitaux tant attendus.