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Le président
français François Hollande a poursuivi hier dimanche à Tanger son offensive de
charme pour renouer des relations sereines avec le Maroc et son roi Mohammed
VI, affectées par une brouille de près d'un an. Les difficultés entre les deux
pays "sont non seulement effacées, surmontées mais surtout dépassées",
a déclaré M. Hollande au second jour de sa visite dans le royaume. S'adressant
à la communauté française au consulat, le président français a affirmé avoir
"ouvert" avec Mohammed VI "une nouvelle étape" du
partenariat franco-marocain. L'objectif de ce déplacement à Tanger, le grand
port du nord du Maroc, était de démontrer que la brouille diplomatique de près
d'un an provoquée par des dépôts de plaintes en France pour "torture"
visant le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, était bel
est bien terminée. Et que le temps était venu de renouer les liens
traditionnellement forts de la France avec son ancien protectorat, allié de
poids au Maghreb sur le plan aussi bien sécuritaire, politique qu'économique.
"Nous avons une coopération qui n'a jamais cessé" et "rien ne
pourra l'altérer", a affirmé M. Hollande, en évoquant la politique
sécuritaire. Car, a-t-il précisé, les deux pays sont "confrontés aux mêmes
défis" dans la lutte contre le terrorisme, notamment du groupe djihadiste
Daech.
Les deux pays, qui ont durci récemment leur arsenal législatif anti-terroriste, ont par ailleurs décidé d'unir leurs efforts pour la formation d'imams à l'Institut Mohammed VI, ouvert en mars à Rabat. Une déclaration conjointe a été signée samedi pour stipuler que cette formation devra promouvoir "un islam du juste milieu" conforme aux "valeurs d'ouverture et de tolérance" mais aussi "pleinement ancré dans les valeurs de la République et de la laïcité". Selon l'entourage du président français, "une cinquantaine d'imams français" pourraient suivre chaque année dans cet institut une formation religieuse, complétée par un enseignement civique assuré par la France. Ils "pourront ensuite faire la démonstration en France que l'islam est une religion de paix", selon M. Hollande. La France souhaite par ailleurs renforcer son rang de premier partenaire économique de Rabat grâce à l'importance de ses investissements, même si elle s'est fait ravir par l'Espagne la place de premier partenaire commercial. "Nous sommes capables d'avoir des partenariat exceptionnels", notamment "dans l'automobile, l'aéronautique et les infrastructures", a déclaré M. Hollande en rappelant que "750 entreprises françaises" étaient implantées au Maroc. Renault possède en particulier depuis 2012 une méga-usine près de Tanger dont la capacité de production dépasse les 200.000 véhicules par an. Accompagné de cinq ministres et d'une délégation étoffée de chefs d'entreprises, M. Hollande a pu découvrir samedi les rames flambant neuves du TGV marocain, livrées par Alstom, qui doit entrer en service en 2017-2018 pour relier à terme Tanger à Casablanca. Les deux chefs de l'Etat devaient signer dimanche un "Appel de Tanger" pour "la réussite" de la prochaine conférence climat (COP21) qui se tient à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre. Il s'agit de "permettre au Maroc d'être exemplaire et à la France d'être performante", a résumé M. Hollande. Le Maroc, qui doit organiser la COP22 en 2016 à Marrakech, fait figure de bon élève dans ce domaine. Il est le premier pays du Maghreb à avoir remis sa contribution pour la Conférence de Paris, avec l'objectif de passer à 42% d'énergies renouvelables d'ici à 2020 et de réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 2010. En dépit de ces bonnes intentions, la visite de M. Hollande se déroule sous le feu de critiques d'organisations de défense des Droits de l'Homme et de la liberté de la presse. L'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé des atteintes à "la liberté d'information" au Maroc, alors que d'autres se sont insurgés de la prochaine remise des insignes d'officier de la Légion d'honneur à M. Hammouchi, comme l'a promis le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en récompense du rôle du chef de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), dans la lutte contre le terrorisme. |
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