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Le Premier
ministre Abdelmalek Sellal a présenté hier, lors d'une rencontre économique
organisée avec le CNES à Djanan El Mithak, «un plan d'action préventif de
crise». Jusqu'à hier encore, le gouvernement de Sellal ne voulait pas admettre
ou reconnaître que notre pays est dans «une situation de pré-faillite», comme a
tenu à le souligner le ministre des Finances, hier, en réponse au constat
alarmant des experts sur la situation économique et financière de l'Algérie.
S'il y a eu divergences entre les membres du gouvernement et les experts
invités à enrichir et valider ou invalider l'action du gouvernement sur les
qualificatifs à donner sur la situation économique avec la baisse des prix du
baril, le Premier ministre a, tout de même, avancé que les recettes algériennes
connaîtront un recul de de 33 à 35 milliards de dollars en 2015. Il a expliqué
devant l'auditoire que «la baisse brutale des cours des hydrocarbures, qui
risque de durer dans le temps, affectera les ressources de notre pays, c'est un
recul de 33 à 35 milliards de dollars en moins sur l'ensemble de l'année 2015».
Et de poursuivre: «les conséquences d'une baisse étalée des prix de pétrole
seront la contraction des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR)
et l'accroissement de la dette publique interne». Bien qu'on ne soit pas en
plein crise, Abdelmalek Sellal a recommandé une «vision courageuse» pour
développer une économie basée sur le travail, plutôt «sur une nouvelle vision
du travail» et sur la création de la valeur ajoutée afin de ne plus dépendre de
la rente pétrolière.
Il a précisé dans ce sens que le gouvernement a déjà engagé des réformes par l'introduction de quelques mesures, et ce depuis juillet 2014. Et de rappeler qu'une feuille de route a été élaborée en décembre 2014 pour réduire les dépenses, maîtriser le marché extérieur et diversifier notre économie. Pour Sellal, ces réformes seront confortées avec l'adoption de la loi de finance pour 2016. Le chef de l'exécutif a affirmé que cette loi de finance permettra de faciliter davantage l'investissement, elle encouragera le secteur national productif et elle va soutenir l'entreprise. Mais pour Sellal, tout le monde doit s'impliquer en exécutant le programme du gouvernement. Il a fait état de cinq mesures inscrites dans le cadre du projet de la loi de finance 2016. Il s'agit de contenir l'évolution des engagements budgétaires de l'Etat par le changement des comportements des ordonnateurs au niveau central et local. Il est nécessaire aussi d'engager concrètement le passage du budget au marché par la captation de l'épargne des ménages, la dynamisation des circuits du Trésor et la bancarisation des liquidités de la sphère informelle. Il a été recommandé la mobilisation de nouvelles ressources budgétaires et lutter contre les phénomènes de gaspillage et de contrebande. Abdelmalek Sellal a précisé dans le même contexte que l'Algérie perd 3 milliards de dollars par an, en matière de carburant, en raison de la contrebande. Le 1er ministre a précisé qu'avec ces réformes et la feuille de route engagée, notre pays arrivera a atteindre l'objectif de 4,6% de croissance en 2016, et améliorera son PIB hors hydrocarbures, à hauteur de 7%. Confiant, il dira que ces objectifs sont à notre portée, mais si on arrive à enclencher une révolution des mentalités. Car, selon Abdelmalek Sellal, «le problème en Algérie n'est pas d'ordre économique ou financier, mais nous avons un problème de mentalité». Il a saisi l'occasion pour appeler les Algériens à sacraliser le travail. Il a appelé également les banques à jouer leur rôle qui consiste à chercher les clients et non pas à attendre les clients. Il a également appelé les auxiliaires de la fonction publique à être au service des citoyens et non pas l'inverse. Sellal a également lancé un appel aux citoyens pour préserver et rationnaliser notre consommation en matière de ressources hydriques et en énergie et à éviter le gaspillage, même en matière de denrées alimentaires, notamment le pain. DES CONSTATS INQUIETANTS ET DES PROPOSITIONS Un expert, M. Rabeh Arezki, responsable de l'équipe de recherche au FMI, a affirmé que l'Algérie n'est pas au bord du gouffre, mais, prévient-il, «il y a beaucoup de risque et la faillite se fait menaçante en fonction de la dépendance de l'Algérie au secteur des hydrocarbures». Pour cet expert, «la tendance baissière des prix du pétrole va se poursuivre pour longtemps, c'est un scénario très probable». Et de poursuivre que «le scénario d'un prix de 15 à 20 dollars le baril est très plausible». Pour Rabeh Arezki, cette situation n'est pas fatale car des manœuvres existent pour développer l'économie algérienne. Il recommande des mesures à la faveur des start-up, car, estime-t-il, il ne faut faut pas se focaliser sur les PME. «Les PME en Algérie se limitent dans des créneaux qui ne rapportent pas la valeur ajoutée, il faut donner l'occasion aux universitaires pour des projets innovants en matière de technologie», a-t-il suggéré. Le panel d'experts algériens et étrangers, ayant évoqué le contexte international et ses retombées sur l'économie nationale, ont fait plusieurs propositions. Notamment l'idée d'aller vers un grand emprunt national, tout en instaurant la confiance à travers la légitimité des institutions, ou encore la reconfiguration du système de subventions. Ils ont également proposé un débat national sur le mix énergétique et sur la consommation énergétique. Certains sont catégoriques: «on n'échappera pas à la crise sans une profonde réforme structurelle». |
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