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Au ministère du Commerce, «on n'aime pas le Credoc»

par Yazid Alilat

Retour de l'équation «exportation» au devant de l'actualité économique nationale avec un choc pétrolier qui a pratiquement déjà fait chuter les recettes pétrolières et rogné une dizaine de milliards de dollars des réserves de change du pays.

Cette problématique de la faiblesse des exportations hors hydrocarbures a pris les contours d'un véritable serpent de mer. Et pourtant, au ministère du Commerce on continue à croire qu'exporter toujours un peu plus est possible. C'est ce qu'a affirmé hier mercredi à la radio nationale Liès Ferroukhi, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce. L'objectif des trois milliards de dollars par an n'est pas encore atteint, mais il a estimé que «nous n'en sommes pas loin». En 2014, les exportations hors hydrocarbures se sont établies à 2,8 milliards de dollars, et «chaque année nous remarquons une évolution plus importante». En 2014, «nous frôlions les trois md de dollars, c'est marginal, c'est très faible certes», a-t-il reconnu estimant qu'il y a «un environnement qui doit accompagner l'opérateur, une logistique solide pour acheminer les produits exportables avec des coûts très réduits. C'est çà l'exportation». Et puis, selon lui, «pour pénétrer un marché extérieur, il faut être compétitif dans le produit et le service qui accompagne ce produit». Le DG du commerce au ministère relève par ailleurs sur cette question lancinante de la difficulté d'exporter pour les opérateurs algériens que «depuis 15 ans, la demande sur le marché algérien est très importante, et implique que notre industrie ne cherche pas le marché extérieur, car ils (les opérateurs, Ndlr) sont satisfaits des affaires menées sur le marché national». Mais, «après sa saturation, ils vont aller chercher des marchés à l'extérieur. Pour nous, il faut qu'on améliore cet environnement commercial et industriel», relève-t-il avant de reconnaître que «les opérateurs ne font pas l'effort pour chercher des débouchées extérieurs».

Pour lui, il est absolument important que «la logistique de l'acte d'exportation soit prise en charge par l'Etat. Il faut avoir les infrastructures de transport, l'environnement global pour l'acte d'exporter», explique-t-il en indiquant dans le même temps que l'Etat finance «certaines dépenses pour les foires internationales pour encourager les exportateurs, dont les installations, les frais de transport aux manifestations économiques à l'étranger». Dans une précédente déclaration à la radio chaîne 3, il avait même indiqué que le ministère du Commerce gère un compte d'affectation spéciale (CAS) dédié au soutien des exportateurs. Mais que l'enveloppe annuelle allouée à ce fonds n'est consommée qu'à hauteur de 20%, parce qu'il n'y a pas, selon lui, «beaucoup d'exportateurs». Pour cette opération, il faut notamment «des moyens logistiques pour développer l'exportation», avait-il relevé avant de préciser que «si on n'a pas un pavillon national pour transporter le fret, les moyens de stockage, une gestion moderne des stocks, des intrants, des transports, on ne peut être compétitifs sur le marché international». Dès lors, il préconise une amélioration de l'environnement «de nos opérateurs pour qu'ils puissent exporter (banques, transports, textes, ..)», et des «accords de libre-échange» avec les pays africains notamment, puisque les échanges avec l'Afrique ne portent que sur 4% du trafic global annuel par l'Algérie. «C'est peu, il faut qu'on améliore» ces échanges, a-t-il dit. Par ailleurs, il estime que la limitation des importations n'est pas une solution pour faire face à la baisse des recettes pétrolières. «Il n'y a pas de limitation des importations», a-t-il confirmé. Il précise cependant que «nous sommes dans notre droit de prendre des mesures de sauvegarde».

M. Ferroukhi a, sur la question de la surfacturation des produits importés, reconnu que «ce problème est présent. Il y a un doute avéré sur le prix des produits, il y a un gap entre les prix de certains produits». Sur les moyens de paiement des importations, il a également dénoncé le système du Crédit documentaire (Credoc) introduit initialement pour contrôler et limiter les importations alors qu'Ahmed Ouyahia était Premier ministre. «Au ministère du Commerce, on n'aime pas le Credoc», a-t-il lancé avant d'expliquer «qu'il faut qu'on laisse les opérateurs choisir leur moyen de paiement». «(Avec le Credoc), le problème est qu'on paie la marchandise avant qu'elle ne soit dédouanée». Affirmant qu'il y a «une réflexion pour que le Credoc soit un moyen de paiement adapté aux besoins des opérateurs», il a réaffirmé que «chacun devrait choisir librement son moyen de paiement le plus adapté à son activité». Enfin, s'agissant de la licence d'importation et le blocage de véhicules dans différents ports du pays, il s'est contenté d'expliquer que «ce sont des mesures de sauvegarde que l'ont peut utiliser à chaque fois qu'il y a une menace contre l'économie».