Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Changement à la tête du DRS : Les interrogations de Benflis

par M. Aziza

Le départ du premier responsable du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, permettra-t-il, au paysage politique d'entrer dans une ère nouvelle ? Veut-on instituer, véritablement, un «Etat civil» ou prépare-t-on le départ du président ? Le président du parti Talaie El Hourriyet, récemment agréé, M. Ali Benflis a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, qu'il ne connaît pas les véritables raisons ou les dessous des derniers changements opérés dans les rangs de l'Armée et dans bien d'autres institutions de l'Etat. Il avoue qu'il ne connaît pas les secrets de l'Etat, par le fait qu'il est dans l'opposition, depuis mai 2003. «Nous n'avons pas les moyens pour faire un commentaire sur le sujet». Il estime que ces changements ont été opérés dans «une Algérie anormale» et «dans des circonstances de vacance du pouvoir». Et de poursuivre : «on ne sait pas qui a pris cette décision, du moment que le président est toujours malade». Et d'enchaîner : « il faut admettre que le président ne s'est pas adressé au peuple, depuis 2012». Avant de fermer la parenthèse, il s'interroge : «qui gouverne ce pays ?», en affirmant qu'il ne connaît pas l'identité de celui qui a décidé ces changements à la tête de cette institution, pour pouvoir analyser les données.

Benflis s'est montré, tout de même sceptique, à l'idée de croire que le système en place veut instituer un «véritable Etat civil». Pour Ali Benflis, le changement ne peut être opéré que par la construction d'un Etat démocratique, que par des élections libres et démocratiques. Il s'est interrogé comment peut-on parler d'Etat civil, sans qu'il y ait un contre-pouvoir. «Comment passer à un véritable Etat civil et de droit sans un consensus politique et sans entendre la voix du peuple ?»

Ali Benflis dit craindre, à travers ces changements, d'impliquer l'Armée nationale dans des surenchères politiques, ce qui s'avèrerait très dangereux et menacerait la stabilité de notre pays. Si Ali Benflis n'est pas catégorique dans ses réponses, par rapport aux changements opérés dans le corps des Services de renseignements, il a confirmé que sur le plan économique, l'Algérie est bel et bien, face à une crise sérieuse. Il dira que ce n'est pas l'opposition qui a inventé cette crise, mais c'est, bel et bien, les chiffres qui parlent d'eux-mêmes.

Contrairement, aux assurances du Premier ministre Abdelmalek Sellal, Ali Benflis évoque une véritable crise, sur le plan financier et économique. «C'est faux, le volume des importations n'est pas seulement de 60 milliards de dollars, on frôle la barre des 80 à 90 milliards de dollars, si on prend en compte les factures des services et des importations spécifiques qui existent» a-t-il alerté. Et de signaler que toutes les mesures prises dans la dernière loi de finance complémentaire, ne peuvent assurer la récupération que de 250 à 350 milliards de DA, alors que le déficit est de plus de 2.600 milliards de dinars, soit 26 milliards de dollars.

Pour Benflis, le système en place qui a dépensé, en 12 ans, 800 milliards de dollars, sans pourvoir diversifier son économie, n'a pas le courage politique pour affronter cette crise. Le système en place a adopté la politique de «ni, ni» autrement dit «ni économie nationale, ni libérale». Une politique qui peut s'avérer désastreuse pour l'avenir du pays, selon le président du parti Talaie El Hourriyet.