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Ahmed
Ouyahia a encore parlé, dit ce qu'il pensait de la situation et étalé ses propres vérités. Dans sa bouche, tout va pour
le meilleur des mondes au sommet de l'Etat mais le spectre d'une sévère
récession économique tend son cou et frappera à nos portes dans cinq ans si le
gouvernement actuel ne prend pas les mesures adéquates.
A l'occasion de sa conférence de presse trimestrielle, le boss du RND et chef de cabinet de la présidence de la République se présente sous les habits du diseur de vérité, à l'opposé du Premier ministre qui cache la réalité aux Algériens. Ouyahia persiste et signe puisqu'il avait déjà évoqué le sujet en juillet dernier quand il avait accusé Sellal de travestir la vérité faisant un parallèle inapproprié, pour ne pas dire malheureux, avec la crise de 86 lorsque le défunt président Chadli tenait un discours rassurant aux Algériens sur la capacité du pays à faire front. «La suite, on la connaît», avait assené sentencieusement l'ancien chef de gouvernement. Il évoquera cette «trêve sociale» si nécessaire au pays pour s'en sortir en reprochant à Sellal des décisions populistes à l'image du retour du crédit à la consommation. Le SG du RND s'est dit «opposé» à cette mesure qu'il avait lui-même suspendue en 2009. Ses prédictions sont aussi pessimistes que la durée de vie d'un brûlé au troisième degré puisqu'il affirme que le pays est en danger et que d'ici cinq ans, «il ne restera aucun dollar dans les caisses si nous ne réformons pas». Des réformes qui passent impérativement par l'éradication de «l'import-import», professera Ouyahia, défendant la licence d'importation, synonyme de vie ou de mort. Il recommande également une guerre contre la «bureaucratie, la corruption et la compétition inégale de l'argent sale, l'économie invisible». Si Ouyahia appelle, aujourd'hui, à la lutte sacrée contre l'informel, sa profession de foi a été déjà mise à mal par Louisa Hanoune qui l'avait accusé de défendre l'oligarchie coupable, selon la SG du PT, d'ingérence graves dans les décisions politiques prises par le gouvernement. Ouyahia, faisant une volte-face de 180°, plaidera pour l'instauration d'un impôt sur la fortune, lui qui avait privilégié dans le passé de taxer directement la poche des salariés. Dans la lignée du discours rassurant, à l'image de tous les commis de l'Etat, il soutiendra la subvention des produits de consommation au risque de se retrouver avec des émeutes populaires sur les bras. Toujours dans son rôle, il dédouanera le pouvoir en imputant cette crise économique à «la chute des cours du pétrole», une réponse toute trouvée. Ouyahia, fidèle à lui-même, sera le premier officiel à parler de l'affaire du patron de la lutte antiterroriste au DRS, le général Hassan, déclarant que le dossier est entre les mains de la justice et justifiant au passage les changements au sein des services de sécurité algériens. Il infirmera une quelconque dissension au sommet de l'Etat. Deux jours plus tard, un communiqué de la présidence de la République mettait fin aux fonctions de chef du DRS, exercées par le général de corps d'armée Mohamed Mediene, admis à la retraite et remplacé par Athmane Tartag. A propos du parti de Madani Mezrag, Ouyahia rappellera que la loi sur la réconciliation nationale est claire reprenant les argumentaires de Sellal. Ouyahia a parlé comme il sait le faire. |
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