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SAÏDA: Repenser l'optique de l'habitat rural

par Tahar Diab

Lors de sa première visite à travers sa nouvelle wilaya, monsieur Djelloul Boukarabila s'est fait accompagner de l'ensemble de son staff technique, rentré de courtes vacances au grand complet, hormis son DAL qui s'est éclipsé en milieu de tournée.

Dans la commune d'Aïn Sultan, la délégation a vivement apprécié la belle architecture de l'annexe de formation professionnelle d'une capacité de 100 places, ayant engrangé un taux financier de 75% sur une autorisation de programme finale de 125 millions de dinars dépassant ainsi de 85 millions de dinars l'AP initiale prévue à hauteur de 40 milliards de dinars seulement.

Hormis les 3 logements d'astreinte en voie d'achèvement, les 7 ateliers demeurent disponibles pour recevoir au plus tôt les équipements et pouvoir accueillir les stagiaires dont on n'a pas encore défini les spécialités dans cette localité agro-pastorale. Par ailleurs, ce chef-lieu à la vocation spécifique a bénéficié de 2 projets de 90 logements sociaux de type F3 dont les réalisations traînent en longueur surtout pour le deuxième cas des 40 logements qui accuse un taux physique de 30% pour les 2 blocs seulement.

Dans son espoir de sédentarisation, le douar Sidi Mohamed Ben Brahim aspire à une voie carrossable et la réouverture trop attendue de leur école primaire d'Akkacha dont l'abandon s'est transformé en fonds de commerce dans un déplorable détournement en bergerie activant dans le silence protecteur de l'irresponsabilité encourageante à des gens sans scrupules. Cette cinquantaine d'habitations éparses non encore raccordées en énergie, au moins « solaire » comme préconisée par le wali en de tels cas, demeurant handicapée par l'indispensable surveillance nocturne du cheptel dispose d'atouts naturels de forages de puits, sans compter les possibilités de réalisation de retenues collinaires qu'offrent ses vallons encaissés dont les capacités peuvent irriguer des centaines, voire quelques milliers d'hectares que commencent à défricher enfin de rares paysans, pionniers dans l'extension parcimonieuse de leurs parcelles rocailleuses.

La commune de Tircine inaugure pour la deuxième fois en la circonstance son cimetière comportant une stèle avec l'inscription de 69 martyrs en sus de 6 autres réinhumés à l'occasion du 20 août dernier. Ce chef-lieu a bénéficié de 20 logements sociaux dont le taux physique de 40% fait oublier les 60 autres logements qui peinent à dissimuler leurs semelles. La deuxième entorse faite au programme par le wali a eu raison du détour dans la localité oubliée de Taourirt qui a vu défiler une ambulance tant recherchée par son centre de santé qui survit dans l'espoir. En attendant la rénovation de ses salles insalubres, l'école primaire s'est rabattue sur son voisinage immédiat en utilisant les 3 salles du centre culturel dont le sacrifice temporaire accentue l'oisiveté, des jeunes sportifs sans équipements divers et appropriés pour leur épanouissement? Dans la commune de Balloul un nouveau lycée en cours à 50% de type 800/200, équipé d'une salle de sports et d'une cantine, vient honorer ce chef-lieu de daïra qui demeure une énigme dans son essor de développement figé d'où ne ressort guère l'afflux financier et de soutien accordé délibérément par l'Etat.

La résorption de l'habitat précaire de 2010 n'avance qu'autour de 50% pour la réalisation de 100 logements (F3). Outre la prochaine réception d'une recette et d'une crèche, l'APC a enfin son nouveau siège en R+2, réalisé sur des hauteurs dont l'accès d'une vingtaine de marches d'escaliers pourrait décourager même les protestataires réfractaires?

La rencontre avec la société civile (informée avec discrétion) a clôturé cette tournée offrant l'occasion de débattre démocratiquement de problèmes soulevés par les citoyens auxquels étaient astreints -séance tenante- les directeurs de l'exécutif à apporter davantage d'éclairages que ne peut saisir le citoyen non initié aux circuits administratifs de certains projets inscrits, l'incompréhension des lenteurs et des difficultés diverses des entreprises de réalisation. Parmi les points communs qui ressurgissent d'une commune à une autre figurent l'AEP, les VRD, l'électrification rurale, les ouvertures de pistes. A travers leurs non-dits inquisiteurs, les fellahs qui évitent tous les silos de leur CCLS se retournent vers la wilaya limitrophe pour acheminer leurs productions de céréales, prétextant la non-conformité de la bascule de pesée de Balloul. Partant de sa pédagogie de l'écoute, le wali, dans son intervention d'orientation politico-administrative, a longuement mis en exergue les perspectives du développement du pays auxquelles doivent s'associer les citoyens dans la démocratie participative. Tout en corrigeant psychologiquement certaines intrusions trompeuses, monsieur Djelloul Boukarabila a répondu dans un langage responsable ciblé, atténuant les incompréhensions dans l'objectif de sensibiliser davantage le citoyen à s'impliquer civiquement aux règlements des problèmes, en tenant compte des disponibilités matérielles et financières qu'il faudrait rationaliser par temps de crise. Faisant référence aux ressources naturelles éphémères telles que le pétrole et le gaz naturel, il ajoutera qu'il faut penser sans trop tarder à valoriser l'agriculture. A l'attention des familles devront être déplacées très prochainement de la ZET de Tiffrit, exposées aux inondations et aux glissements de terrains, le wali ne manquera pas de signaler que le futur village de Sidi Bouzid , « ramassé » en 201 logements et 300 lots de terrains, au lieu d'être agricole n'en constitue pas moins qu'une cité-dortoir rurale qu'il est temps de corriger intelligemment. C'est en ce sens qu'il a instruit respectivement les directeurs du Cadastre et des Domaines à l'effet de prospecter au plus tôt des terres limitrophes à concéder.

Et c'est ainsi, dira-t-il, que dans une entreprise collective ou individuelle, les nouveaux occupants éviteront le déracinement et/ou le dépaysement pour se réapproprier leur vocation ancestrale du travail de la terre, en complémentarité de l'élevage comme moyen de subsistance en évitant la cohabitation.

En insistant sur la nouvelle conception d'un village agricole, monsieur Djelloul Boukarabila fait sans doute allusion aux cités intelligentes comme celles de métropoles qui emmagasinent les eaux de pluie aux fins d'arrosage, s'approprient économiquement des panneaux solaires sur leurs terrasses qui abritent aussi des potagers et même des ruches enviées par les grands hôtels de luxe. En fin de tournée, et en aparté devant le siège de la wilaya, monsieur Djelloul Boukarabila a encouragé la presse à continuer inlassablement sa mission même à travers des contenus critiques mais constructifs qui permettent à tout un chacun de se corriger pour pouvoir progresser concrètement. Il informe les correspondants qu'ils seraient les bienvenues chaque soir à la résidence où il réunit quotidiennement un comité technique partiellement sectoriel pour avancer rapidement dans le règlement des problèmes. La mentalité paysanne embrasse par nature les grands espaces et épouse le dur effort quotidien et c'est dans cette optique refondatrice qu'il faut repenser la vision de l'habitat rural.