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Ahmed Ouyahia affirme soutenir les options retenues par le
gouvernement Sellal pour contenir les effets de la crise de la baisse du prix
du baril de pétrole. «C'est une politique avec laquelle on est d'accord à 90%»,
a-t-il souligné.
Il l'a fait savoir au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier au siège du parti à Ben Aknoun. Tout au long des deux longues heures qu'il a consacrées aux journalistes, Ahmed Ouyahia a insisté sur son soutien au gouvernement Sellal. Comme s'il a voulu recadrer ses propos sur l'action de l'exécutif notamment depuis que certains d'entre ses propos qu'il avait tenus en juillet dernier ont été interprétés comme étant des critiques à Abdelmalek Sellal et à son équipe. Le SG du RND a mis toute son insistance pour le dire. Il semble qu'il avait à cœur de venir en cette rentrée sociale exprimer son soutien au 1er ministre. «Je n'ai aucun problème ni avec Sellal ni avec le gouvernement, cela fait 22 ans que je suis sur la scène politique, vous m'avez déjà entendu critiquer un gouvernement ?», a-t-il interrogé. Il rappelle que «nous avons 6 ministres RND dans le gouvernement Sellal, donc on est concerné par les orientations et les choix qu'il prend». Pour confirmer davantage ce soutien, il affirme être collègue avec Sellal «depuis 1972». Mieux encore, Ouyahia fait savoir que «j'ai donné instruction à mes collègues du parti pour ne rien dire sur le gouvernement ». Il estime que «nos points de vue se complètent avec ce que fait le gouvernement Sellal». Il en défendra et les politiques et les actions et les choix en même temps. A l'opposition qui pense que «c'est le drame et le gouvernement en est responsable », Ouyahia tient à expliquer que «la crise économique n'est pas une erreur d'un système ou d'un gouvernement, ce n'est pas un fait isolé, c'est un ensemble de facteurs, c'est un environnement». Il assure que l'Algérie n'est pas la seule à dépendre des hydrocarbures, le secteur connaît un changement civilisationnel, tous les pays ont vu leurs réserves chuter, l'Arabie saoudite en est victime comme l'Algérie». La faute à qui ? interroge-t-il. «A nous tous, nous sommes pour une politique sociale(?)», répond-il simplement. A ceux qui pensent que «800 milliards de dollars ont été gaspillés durant ces quinze dernières années », Ouyahia compte «de 99 à 2014, la réalisation de 1000 nouveaux lycées, 2000 collèges, 40% du parc a été construit durant les 15 ou 16 années de gouvernance du président Bouteflika, pour la santé s'il y a à en dire en matière de gestion, il y a eu de construit 200 polycliniques, 50 hôpitaux, l'habitat a réalisé 2,5 millions de logements, 450 000 unités sont programmées en 2015, 400.000 ou 600.000 logements sociaux sont en construction(?).» Il se prononcera pour les mesures prises dans la loi de finances 2016. «Est-ce qu'il y a une mesure qui fait mal à la société», a-t-il demandé pour lancer sur un ton jovial «il y a eu même une petite augmentation de salaires après l'abrogation du 87 bis ». Il démontrera la pertinence de la LF 2016 et dira «le RND y apportera peut-être un amendement mais l'adoptera». Il dit du gouvernement qu'«il est en train de donner des facilitations aux investisseurs, il y a eu une diminution programmée des investissements publics, ce n'est pas la catastrophe pour le peuple, au contraire, ça permet de faire vite pour réaliser ce qui a été retenu, et d'assurer les services». Il rappellera les propos tenus par le 1er ministre lors de son passage à Sonatrach. «Si on continue à dépenser ainsi, d'ici 2019 on n'aura pas un dollar». Il est persuadé qu' «on doit suer un peu mais on n'est pas en danger sinon dans 5 ou 6 ans, on n'aura pas un sou». «L'ALGERIE A BESOIN D'UNE TREVE SOCIALE» Bien sûr, «on n'est pas dans un paradis tant que notre économie dépend des hydrocarbures», a-t-il dit pour nuancer quelque peu son optimisme. Mais de suite, il rebondit sur la question «d'une économie diversifiée» et avance que «notre économie est diversifiée puisqu'on a 30% du PIB qui provient des hydrocarbures, 10% de l'agriculture, 5% de l'industrie, 18% des services (hors administration)», mais dans tout ça, relève-t-il, «on n'exporte que les hydrocarbures». Il recommande à cet effet qu'«il faut qu'on ait une capacité d'exportation, on doit revenir à la productivité et à la compétitivité, on a un potentiel important pour cela, on doit travailler, il faut que les gens sentent la valeur du sous, le travail, c'est une sensibilisation générale ». Ouyahia pense que «l'Algérie a besoin certes de paix mais aussi d'une trêve sociale, s'il y a augmentation sur augmentation de salaires, il ne peut y avoir de concurrence». S'il salue le maintien de la règle 51/49, Ouyahia ne semble pas être pour le retour du crédit à la consommation. «L'annonce de la mise en place de la centrale des risques, ce n'est pas encore fait, ça viendra?», dit-il hésitant. La licence d'importation, «je n'en ai pas les détails, le ministre du Commerce pourrait en parler», dit-il encore. Il pense par contre que «le pays sera obligé d'aller vers l'impôt sur la fortune dans peu de temps, on doit aller vers tout le monde pour trouver des ressources». Il espère néanmoins qu' «on ne sera pas obligé d'aller vers les ponctions des salaires». La suppression des subventions, en premier celle des carburants ne se fera pas de sitôt si on entend Ouyahia dire qu'«il y aura des arrêts cardiaques, le pays va être en ébullition, le peuple va réagir». Il fait savoir cependant que «l'équivalant de 2 milliards de dollars de carburants sortent illégalement vers le Maroc, déjà qu'on importe presque la moitié de nos besoins en consommation?». Il recommande «il faut qu'on décide courageusement d'attaquer l'économie informelle, il faut les tuer économiquement !» Il pense que «c'est une mutation, c'est une révolution sociale au sens noble du terme, qui doit se faire». Le SG du RND affirme que «l'Algérie n'est pas au bord du précipice et ce grâce à Dieu et au président Bouteflika». Il a dit-il «non seulement payé la dette du pays par anticipation mais a interdit le recours à l'endettement». Il reconnaît que «grâce aux prix élevés du pétrole, le pays a pu constituer 193 milliards de dollars en réserves de change, mais depuis 2014, il en a perdu 50 milliards, et on importe pour 600 milliards, malgré ça, il y a pour l'instant une marge de sécurité». «LE PRESIDENT FAIT LES CHANGEMENTS QU'IL VEUT» Interrogé sur l'arrestation du général Hassan, responsable de la lutte antiterroriste, Ouyahia changera de casquette et déclare parler «en tant que responsable dans le cabinet de la présidence ». Il rappelle que «c'est une affaire qui est entre les mains de la justice, je ne peux me permettre de la commenter». Mais il évoque de suite les changements opérés dans les corps de services de sécurité et souligne que «le président est chef suprême des armées, ministre de la Défense (?), il fait les changements qu'il veut ! Par les changements qu'il a apportés dans le DRS, veut-il brûler le pays ? Est-il devenu un opposant pour casser les services ?». Il rappelle que les domaines de la défense et de la sécurité «ont connu trois évolutions qualitatives, c'est un choix du président qui leur a donné les moyens pour travailler, l'armée à un certain moment n'avait pas de quoi acheter des cartouches, aujourd'hui, elle a de gros moyens (au fait, on ne s'arme contre personne), elle se dirige vers la professionnalisation, avec le retour de la sécurité, une partie de l'armée est revenue à sa mission originelle, la défense du pays et de ses frontières, en 89, l'Algérie avait une seule unité d'élite, en 2015, elle en a des dizaines constituées de milliers de membres (?).» Pour lui, «ces changements sont de ce qu'il y a de plus normal, il y a eu restructuration de tous les corps de sécurité, les hommes du GIS sont encore en fonction, certains dans la sécurité présidentielle et d'autres dans les para-commandos, l'unité de renseignement n'a pas non plus été dissoute». Il pense que «chez nous, les secrets défense sont étalés au grand jour alors que dans tous les pays du monde, ce n'est pas une matière pour spéculer ou polémiquer». Il partage l'idée de l'institution d'un porte-parole du gouvernement mais dit-il «les sujets relatifs aux services de sécurité ne sont pas commentés». «LA MAFIA DEGUISEE DERRIERE LE SYNDICAT D'EL HADJAR» Autre fait, autre réponse, Ouyahia pense de l'annonce (pendant un mariage) de la création d'un parti faite par Madani Mezrag, chef terroriste, que «c'est une manœuvre». Il estime que «depuis 2000, Mezrag tient ses rencontres à Jijel et l'Etat est au courant mais personne n'a rien dit, cette fois on a dû lui conseiller d'aller à Mostaganem, tout le monde pense que les patriotes et les gardes communaux ont été trahis». Il déclare que «ce ne sont pas les événements qui importent, il faut dire la vérité au peuple, il y a eu d'abord ceux qui étaient contre un 4ème mandat (ils ont le droit), ceux pour l'application de l'article 88 quand le président est tombé malade, ceux qui demandent des élections anticipées dans des salons et depuis l'étranger, jusqu'à ce que le président dit dans sa lettre du 5 juillet qu'il terminera son mandat, il faut alors jouer autre chose !» Ouyahia rappelle même ce qui a été appelé «les émeutes de l'huile et du sucre» c'était, dit-il, «quand l'Etat a décidé l'utilisation du chèque, il y a eu 300 blessés, heureusement qu'il n'y a pas eu de morts, mais personne n'a parlé de mafia de l'huile et du sucre !» Il interroge aussi «qui est en train de détruire El Hadjar ? C'est la mafia déguisée derrière le syndicat du complexe !» Il avoue que «l'Etat a appelé Mezrag pour dire son avis sur la révision de la Constitution parce que dans la Consultation, on doit tous être ensemble, l'Etat ne les a pas exclus de la scène politique, seulement la charte sur la paix et la réconciliation et la loi sur les partis amendée en 2012 sont claires, personne ne peut faire revenir l'Algérie aux années 90». Ouyahia est convaincu que «Mezrag n'a fait que montrer ses biceps mais il n'ira pas à la création d'un parti et l'Etat ne le lui permettra pas». Le SG du RND a disséqué hier la situation des patriotes et des gardes communaux en affirmant que «l'Etat leur a donné leurs droits». Il les rassure même en soutenant que «l'Etat ne leur tournera pas le dos, ils ont goûté à la mort (?), ils ne doivent pas se laisser faire». Interrogé sur la révision de la Constitution, Ouyahia répond «c'est une question importante et d'actualité, on attend le président, s'il n'était pas tombé malade, il l'aurait fait en 2013, le dossier n'est pas encore finalisé, mais il n'est pas loin de l'être, c'est un élément matériel, celui qui parle de mois ou de semaines, exagère, il est cependant probable que le texte sera soumis au parlement avant la fin de cette année, c'est une prérogative du président». Mais pour lui «ce n'est pas une urgence, le pays fonctionne, on a besoin d'améliorer la gouvernance et réviser le contrat social». Au passage, il affirme «il n'y a aucune lutte en haut, le président a tous les pouvoirs que lui confère la Constitution». «NOUS VOUS DEMANDONS HUMBLEMENT DE NOUS RESPECTER» Comptant son parti parmi les soutiens du président, Ouyahia dit de l'initiative du RND de faire fédérer «les alliés politiques» dans un pôle que «c'est une idée pas un crime». Qualifiant le SG du FLN de «frère avec mes copains du FLN», et évoquant «Ghoul qui propose une autre idée», il avertit «qu'ils ne nous entraînent pas dans des erreurs, on est dans la même bataille, on travaille dans la même direction». Il affirme que «l'affaire est stratégique, le camp de la majorité doit se renforcer, sous quelle forme ? On n'a pas de différend important entre nous». L'initiative du FFS d'une conférence nationale du consensus ressemble, par ailleurs, dit-il «à la conférence africaine dictée par Mitterrand». Il affirme que «le FFS l'a inscrite dans son congrès de 2013 pour préparer son candidat à la présidentielle de 2014». Le SG du RND lance alors «j'ai beaucoup de respect pour le FFS, nous lui demandons humblement de nous respecter, nous avons fait les élections et nous avons une feuille de route». Ouyahia évoquera à plusieurs reprises l'opposition et «ses critiques» mais reconnaît qu' «elle est dans son rôle, seulement elle doit dire la vérité au peuple et lui proposer des alternatives». Ouyahia candidat à la prochaine présidentielle ? «Il reste 3 ans et demi au mandat du président, je suis retraité depuis 78 mais je travaille pour mon pays, alors laissez-nous travailler ! J'ai la conscience tranquille, c'est ma fortune, sans doute, j'ai fait des erreurs mais le plus important, je suis rentré blanc, j'en suis sorti blanc». A une question sur la santé du président, Ouyahia répond «il remercie Dieu de ce qu'il lui a donné, il dirige le pays et les institutions». |
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