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L'impact de la chute du revenu national sur la poursuite des
programmes de développement réduirait, certes, l'épargne du pays. Mais la
fiabilité et la solvabilité financière demeurent encore entières. A la fin du
trimestre 2015 l'épargne a subi une chute de 19 milliards de dollars US. Ce qui
n'empêche pas d'admettre que la période d'une croissance sans inquiétude et
sans contraintes exogènes a vécu son temps.
Il faut se rendre à l'évidence que la période d'expansion de la réserve de notre pays fondée sur la seule ressource des hydrocarbures arrive à son terme. La situation positive des finances du pays semble se trouver face à une menace si un réajustement réactif endogène n'interviendrait pas prioritairement. La conjoncture mise à profit par les «investisseurs» pour amasser des fortunes a aussi son terme. D'autant qu'elles se sont faites dans une conjoncture marquée par un vide de règles et de normes. Créer la fortune n'est pas en soi un tort ou un délit. C'est occulter la vraie valeur ajoutée à porter sur le registre du revenu national qui mettrait l'Algérie économique face à un lendemain financier problématique. La croissance en dépend. Cette valeur ajoutée, tous secteurs confondus, -3% en 2011, +12%, en 2012, +12,9% en 2013 et -4% en 2014, pousse à l'interrogation. Eu égard au climat d'affaires tous azimuts extrêmement favorable qu'a connu ladite période, cette valeur ajoutée reste très faible et ne reflèterait pas l'attendu. La valeur ajoutée d'une prestation de service intellectuel se situe autour de 90% ; celle d'une production industrielle devait se situer en fonction du créneau industriel entre 20 et 32% ; celle d'une prestation commerciale dite de «panier» se situe entre 8 et 15% à chaque palier d'intervenant; celle du produit de luxe et de l'informel dépasse les 100% etc... Les chiffres comptabilisés décrivent une réalité inexplicable. Le regard est à jeter sur l'infra économie. Autrement, tout le monde est spécialiste de la macroéconomie. Est-ce faire «peur aux Algériens, aux promoteurs et aux industriels en disant» cela ? De quel côté se trouve la peur ? Mais d'où vient le «bruit» dont il parle ? De chez le promoteur qui déclare créer 100 000 emplois et une croissance de 7% en Algérie ou de celui qui trouve que c'est «merveilleux» et qui encourage le «comment» ? Faut-il rappeler que les 90% des financements des projets promus notamment privés proviennent des banques publiques. Les banques publiques sont à 100% de capitaux d'Etat. C'est méconnaître le peuple algérien. Le peuple n'est ni «déstabilisé» ni candide. Il vit au jour le jour son réalisme chiffré, quantifié et sans complexe aucun devant la difficulté dans le «bonheur» du quotidien. Un promoteur parle en son nom. C'est fantastique. Encore une fois le discours, aussi laiteux et aux intonations immatures et usées par le temps, a vécu. Le peuple aux convictions politiques démontrées n'a habilité que le président de la République à parler en son nom. Mais gérer c'est prévoir et non pousser au scepticisme. Aller vers l'émergence économique se suffit de consacrer les valeurs fondamentales que requiert un développement macro-économique rationnel et convenant aux objectifs retenus, aux capacités humaines et financières réelles, aux qualifications de ses acteurs et enfin aux évaluations avérées et soumises à la sanction. La sanction n'est pas pénaliser mais corriger. Un plan directeur de développement aurait un avantage certain s'il intégrait les situations infra-nationales revues et adaptées en expurgeant de ses programmes multisectoriels toutes initiatives subjectives et non prioritaires. Il ne doit aucunement emprunter la voie de l'assisté ou de l'apanage du fraîchement élu. Le meilleur faste est de voir venir avec sérénité. La tendance est de faire croire que c'est un exécutif gouvernemental qui soit le révélateur de l'émergence économique. Un tel discours est partisan. Les partis eux-mêmes sont porteurs d'une charge financièrement négative. La suggestion est dans son contexte économique. Quel que soit le ou les changements des hommes, le résultat consacrerait la même «surprise» s'il ne ferait pas appel à l'interaction des compréhensions de concepts des différents niveaux et à des procédures obéissant aux seuls impératifs économiques et surtout financiers, nationaux. Et le premier concept est de croire que depuis 1995 l'Algérie a mis fin à son expérience d'économie dirigée ou centralisée. Elle a opté pour l'abolition du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur et la consécration de l'économie de marché. Quand le changement est accepté notamment au sein du pouvoir ordonnateur économique, il deviendrait la source d'inspiration qui avantagerait la performance de la démarche. Il prendrait le sens d'une évaluation et d'un stimulus contribuant aux résultats projetés où l'économie souterraine et le marché informel seraient neutralisés. (La part du secteur informel serait en 2015 de l'ordre de 700 milliards de dinars). C'est promouvoir un environnement motivé et respecté par tous en faveur des objectifs prioritaires et clairement annoncés. Le changement n'est pas à être politique quand la dualité entre le politique et l'économique est consacrée. Eviter cette dualité c'est alourdir la tâche et la mission politique ; c'est faire la chose et son contraire. Commander c'est prévoir la solution. C'est dire que la résultante économique devrait refléter l'ingénierie d'une équipe non pas de décideurs mais de développeurs s'inspirant de la recommandation des experts. L'expertise est un métier. L'expert n'est pas et ne devrait pas être le décideur. L'expert politiquement incolore s'insère dans un cadre organisé, respectant le schéma retenu et traduisant les agrégats de croissance prévisionnelle. L'efficacité de son apport passe par sa fidélité aux normes et par la régularité des validations rectificatives initiées par le pouvoir économique. 35 à 40 ans d'investissements plurisectoriels font que le pays n'est pas totalement démuni. L'agriculture et ses performances agraires et de transformation, l'industrie et ses performances d'innovations futuristes et avant-gardistes, la prestation de service et commerciale avec son rôle d'aval à l'outil de production, le tourisme avec son économie spécifique, générateur de loisirs (activités) et à visages multiples (balnéaire, de montagne, de forets, de désert? ), le transport encore vierge eu égard aux 2 382 000 km² mais véritable moteur de l'expansion économique, tous ces vecteurs porteurs de croissance économique doivent être réhabilités. L'outil de production de trente ans d'âge n'est pas à réformer dans sa totalité notamment l'outil de production à cycle long. Il est à informatiser. Le Brésil et l'Inde ont bâti leur émergence sur un outil de production réhabilité et non réformé. La modernité industrielle y a pris la relève après l'émergence. C'est aussi l'histoire de l'industrie de la Grande-Bretagne qui a dû, face à l'envahissement des nouvelles technologies, programmer le délestage de son outil de production sur une durée de près de quarante ans. La bande nord de l'Algérie est spatialement saturée. L'initiative de l'ouverture d'un espace économique et industriel sur la bande est-ouest des Hauts-Plateaux de l'Algérie ouvrirait la conquête des vrais investisseurs du 21ème siècle. C'est l'extension de l'Algérie économique de demain. C'est faire l'histoire économique. L'avantage de l'Algérie, si elle le décidait, c'est de devenir le précurseur en technologie et industries des énergies nouvelles. Elle est en mesure de bâtir sa richesse aussi sur l'industrie et la production de l'intelligence en s'insérant dans la vocation industrielle du 21èmesiècle. Les industries alimentaires, les industries de la voiture, l'industrie du téléviseur et du réfrigérateur et d'autres industries ont dépassé le caractère d'industrie stratégique et secrète. Elles sont depuis longtemps rentrées dans le domaine public à la portée de qui le veut. Mai l'Algérie a-t-elle ses ingénieurs ? A-t-elle ses technologues ? A-t-elle ses informaticiens ? A-t-elle ses économistes ? A-t-elle ses biologistes ? Ils sont des milliers et des milliers que l'Algérie a formés à coups de milliards. Ils sont porteurs de métiers qu'ils perdraient s'ils s'en éloignaient en se prêtant volontiers à la Fonction Titrée. Une réhabilitation économique devient nécessaire. Cette réhabilitation devrait recueillir l'adhésion au constat et l'engagement sur le type de développement à consacrer, sur l'unicité de la coordination avec respect des prérogatives, sur l'homogénéité d'action économique, sur la fidélité aux objectifs à rendement avéré et dimensionnés avec réalisme et, enfin, sur la revalorisation des corps de métier. La réussite du pouvoir économique est de réformer la méthode. C'est une démarche qui se confronterait aux réflexes professionnels congelés par le piège d'une culture de la satisfaction. La satisfaction d'hier, inversement proportionnelle à la vraie croissance nationale (sans hydrocarbures), est-elle en mesure de prendre en charge le problème d'aujourd'hui ? Le problème, sans pessimisme aucun, est que les ressources nationales chuteront de 32 milliards de dollars US. C'est que l'écart entre la demande et l'offre nationales s'amplifie de plus en plus. La réhabilitation s'appuierait sur un plan directeur multisectoriel consolidé et validé par le pouvoir politique. Ce plan directeur de développement devrait être l'expression partielle ou totale de la stratégie arrêtée. Celle-ci ne relèverait ni de la compétence d'un groupe économique ou industriel à capitaux d'Etat ni de celle d'opérateurs économiques à capitaux privés, encore moins de celle d'une fédération ou groupement d'intérêt commun... Elle relèverait de la vocation et de la seule autorité du pouvoir politique qui aurait en charge le devenir du pays notamment le devenir économique et financier. Une stratégie de sortie du réduit financier dès sa genèse doit être annoncée, médiatisée et vulgarisée jusque dans le comportement social. Le groupe économique ou industriel (c'est une entreprise) d'Etat à pour mission de mettre en œuvre la stratégie du propriétaire des capitaux. Il en est de même pour l'opérateur à capitaux privés. Les deux s'inspireraient de la synergie exprimée à travers la stratégie engagée par l'Etat. Pour cela, une Autorité de l'Initiative, de l'Evaluation et de la Programmation économique deviendrait utile nécessaire et agissante pour le compte du pouvoir politique. Il ne s'agirait pas d'un ministère de la Planification ou d'une ANDI bis. Cette autorité, au sens professionnelle du terme (technique, économique et financier), gagnerait dans sa mission quand elle dépendrait directement du président de la République qui la mettrait à l'abri de tout corporatisme organique. Une telle initiative, par sa spécificité, choquerait les tenants de la passivité et de la règle de l'acquis et de l'habitude mais elle permettrait au développement une intégration synergique, une traçabilité des engagements et une efficience des investissements visant l'autosuffisance nationale et l'autonomie financière du pays. Sa seule motivation serait de canaliser le développement très vite vers une sortie de l'addiction aux rentes pétro-gazières.. Le caractère horizontal et non hiérarchique de ladite autorité permettrait aux départements sectoriels du pouvoir économique de se décharger des missions qui ne sont pas les leurs et de se consacrer à l'élaboration des stratégies qui relèveraient de leurs compétences et qu'attend d'eux le pouvoir politique. |
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