La gestion des
caméras de surveillance installées dans les places publiques, les rues et les
entreprises sera assurée par la police. Ainsi en a décidé le chef de l'Etat par
le truchement du décret présidentiel n° 15-228, publié au Journal officiel
n°45, du 22 août dernier. «Le centre national de vidéosurveillance est placé
sous l'autorité du Premier ministre, qui en délègue l'emploi permanent à la
direction générale de la Sûreté nationale», précise ledit décret qui vient
mettre fin à un début de polémique sur les gestionnaires de ces images vidéo.
Mai dernier, interrogé sur l'installation des caméras de surveillance dans les
villes, lors de sa visite à Constantine, le directeur général de la Sûreté
nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, avait affirmé que ses
services ne sont nullement impliqués dans cette procédure. « La Sûreté
nationale n'a jamais mis en place, et ne mettra pas, de caméras de surveillance
car cela ne rentre pas dans ses prérogatives », avait-il encore indiqué à ce
propos. La question s'est alors posée d'elle-même sur l'identité des
gestionnaires des caméras de surveillance. Ce décret remet les choses au point
puisque si, auparavant, les sûretés de wilayas n'étaient dotées que de «relais»
servant au visionnage direct des vidéos transmises par les caméras de
surveillance ; elles géreront dorénavant le système local de vidéosurveillance,
qui lui, est placé sous l'autorité du wali. Selon le décret en question, le
centre national de vidéosurveillance centralise l'action de vidéosurveillance
réalisée à l'échelle nationale pour faciliter la gestion par le gouvernement
des crises ou des effets des catastrophes naturelles ou autres affectant
plusieurs wilayas. Cette vidéosurveillance a pour principales missions la lutte
contre le terrorisme, la prévention des actes criminels, en empêchant ou en
luttant efficacement contre la commission de crimes ou délits et/ou faciliter
l'identification et l'arrestation de leurs auteurs ; la protection des
personnes et des biens ou encore la préservation de l'ordre public et la
régulation du trafic routier, entre autres objectifs. Les lieux qui font
l'objet de vidéosurveillance sont les agglomérations urbaines et les zones
suburbaines, les grands axes routiers et notamment les tronçons à forte
circulation, les lieux ouverts au public tels que les ports, les aéroports et
les grandes enceintes sportives ainsi que les grandes entreprises économiques.
Si l'installation de caméras de surveillance sur les lieux publics ou ouverts
au public n'est pas soumise à une autorisation administrative préalable, leur
installation pour filmer la voie publique pour la protection des abords du site
d'une entreprise économique est, par contre, soumise à l'autorisation du wali.
Si la sécurité électronique est une réalité en Algérie, ce décret ne vient que
pour la baliser, oubliant pourtant que depuis le décret n° 410-09 du 13
décembre 2009, tout un pan de professionnels de cette branche est à l'agonie.
En juin 2014, l'Association algérienne des professionnels de la sécurité
électronique (APSE) qui avait tenu, à Oran, son assemblée générale ordinaire,
avait appelé le ministère de l'Intérieur à modifier ce décret qui a fait de la
caméra de surveillance «un équipement sensible au même titre que les produits
chimiques», comme indiqué par des membres de l'APSE. Une association qui
affirme que ce décret est à l'origine de tout un marché parallèle «qui échappe
à tout contrôle et qui tue le professionnalisme». Ainsi, il n'est plus permis
d'importer, d'installer et de monter des caméras de surveillance, «sans passer
par des autorisations, qui prennent parfois jusqu'à 9 mois pour être délivrées
; lorsque la bureaucratie se décide enfin à traiter votre dossier, même pour livrer
une caméra à un client, nous devons avoir une autorisation pour qu'on nous
adjoigne une escorte des services de sécurité», avait expliqué l'association.