Dans un but évident de réduire la facture d'importation de la
poudre de lait, le gouvernement semble orienter un regard attentionné en
direction des éleveurs. « De nouvelles mesures visant à sauvegarder les
intérêts des éleveurs et à garantir un fonctionnement équitable de la filière
lait ont été prises par le ministère de l'Agriculture, du développement rural
et de la pêche, après une rencontre récente entre le ministre du secteur, Sid
Ahmed Ferroukhi, et les représentants des éleveurs laitiers », laissent
entendre des responsables de ce département ministériel. Les principales
préoccupations des éleveurs, à savoir l'accès aux aliments de bétail, les
lenteurs enregistrées dans le paiement des primes de soutien aux producteurs du
lait cru ainsi que la révision du prix de cession du lait cru auprès des
laiteries, ont été prises en charge et, selon les affirmations de responsables
du ministère de l'Agriculture, « des mesures de court et moyen termes ont été
arrêtées, auxquelles s'ajoutera un mécanisme de suivi et de contrôle qui
impliquera l'interprofession du lait ». On avance dans ce contexte que « le
ministère s'est engagé, à court terme, de mettre en place des mécanismes
d'approvisionnement direct, en aliment de bétail (son), des éleveurs laitiers
auprès des minoteries, de décentraliser le dispositif de soutien à l'effet
d'améliorer son efficacité et de réduire les délais de paiement des primes ».
Alors que pour ce qui relève de la révision du prix du lait cru, « les deux
parties ont convenu d'engager des négociations entre les éleveurs et les
transformateurs (laiteries) en vue de déterminer un nouveau prix de référence
qui prendra en considération les conditions des producteurs du lait cru ». A
moyen terme, précise-t-on encore, les nouvelles mesures porteront sur «
l'examen des moyens d'optimiser le dispositif actuel de soutien, notamment la
révision de la nomenclature de soutien, le mode opératoire et la promotion du
crédit fédératif ». Il s'agit aussi de finaliser l'organisation et la
structuration de la filière lait aux niveaux local, régional et national au
sein d'un regroupement interprofessionnel, et de mettre en œuvre, avant la fin
de l'année 2015, un programme de développement et d'intégration de la
production nationale du lait. Relevons que les éleveurs se plaignent de la
réduction des fourrages à cause de la sécheresse qui a sévi ces trois dernières
années, une réduction qui s'est traduite par la hausse des prix de production
du lait des élevages. Dans cette optique, les éleveurs estiment le coût de revient
d'un litre de lait cru à plus de 70 DA, alors que ce produit est cédé aux
transformateur à 45 DA/litre, ce qui a poussé un certain nombre d'entre eux à
vendre leur cheptel laitier aux abattoirs. Face à cette situation, des éleveurs
de plusieurs wilayas ont mené des actions de protestation en distribuant le
lait gratuitement aux consommateurs au lieu de le livrer aux laiteries, alors
que dans certaines régions, ils ont carrément versé le produit à même le sol.
C'est, donc, une initiative du ministère de tutelle qui tombe en réponse à
l'urgence de la situation que traverse les éleveurs, faisant face depuis
plusieurs mois à des contraintes insurmontables. En tout, on assure du côté de
la tutelle qu'après un long débat, qualifié de « serein et responsable », un
consensus a été obtenu sur la base d'une démarche définie et un calendrier
arrêté en collaboration avec l'interprofession, afin de mettre en place les
mécanismes de sauvegarde des intérêts des éleveurs laitiers. « Il s'agit aussi
de garantir un fonctionnement économique et équitable de la filière lait, et
ce, dans l'objectif d'assurer l'intégration de la production nationale et la
réduction des importations du lait », reconnaît-on en filigrane. Pour
précision, la facture des importations des poudres de lait, crèmes de lait et
matières grasses laitières a connu une forte baisse (-46%) durant les 7
premiers mois de 2015 (696,27 millions usd sur les 7 premiers mois de 2015,
contre 1,29 milliard usd durant la même période de 2014), imputable
essentiellement à la baisse des cours mondiaux des matières premières. Rien de
mieux, donc, que de s'occuper sérieusement de l'amélioration de la production
nationale, car les cours mondiaux jouent souvent au yoyo, et peuvent de ce fait
monter et descendre au gré de l'offre et la demande.