Le général
Hassan, l'ancien chef des services de renseignement en charge de la lutte
contre le terrorisme et du contre-espionnage, a été placé sous mandat de dépôt,
ce jeudi, et incarcéré à la prison militaire de Blida, a rapporté hier le
quotidien El Watan. Mis à la retraite, fin 2013, le général Hassan a été
interpellé à son domicile sur les hauteurs d'Alger, selon la même source
d'informations qui cite les chefs d'inculpation retenus contre lui «nombreux»
qui vont «de l'insubordination à la création d'une organisation armée en
passant par la rétention d'informations et la détention d'armes à feu» pour
lesquels la peine encourue est la plus lourde et peut aller jusqu'à la
condamnation à mort. Quant aux circonstances de cette affaire, le journal,
citant «certaines sources d'informations» croit qu'elles remontent au début de
l'année 2014, lorsque «le général a dépêché à la frontière algéro-malienne
quelques-uns de ses éléments pour avorter une opération d'infiltration sur le
territoire algérien d'un groupe de terroristes avec un arsenal d'armement. La
mission est entourée d'une totale discrétion et l'arsenal est récupéré. Mais sur
le chemin du retour, l'équipe est arrêtée à un checkpoint des militaires qui
avisent aussitôt leur supérieur, lequel leur donne l'ordre de les mettre aux
arrêts. Le général Hassan saisit son chef, le général-major Toufik, informé de
la mission» relate la même source. Le patron du Département du renseignement et
de la sécurité (DRS) intervient alors et deux ou trois jours après, ordre est
donné de relâcher l'équipe. «Pour tout le monde, l'affaire était close. Mais,
quelques mois après, elle resurgit et est utilisée pour pousser le général à
quitter son poste», poursuit la source d'informations. Au mois de juillet 2014,
le dossier est transmis au tribunal militaire de Blida, devant lequel le
général est déféré. Le juge d'instruction le place alors sous contrôle
judiciaire, alors que le procureur requiert le mandat de dépôt. Ce jeudi, le
mandat de dépôt a été mis à exécution. Citant d'autres sources, El Watan évoque
les «luttes de clans» au sommet de l'Etat ainsi que la situation politique
actuelle. Pour ces sources, «le général Hassan subit les dommages collatéraux»
de cette guerre des tranchées entre El Mouradia et le DRS. Cette arrestation
est ainsi étroitement liée à l'affaire de trois colonels de la Gendarmerie
nationale poussés à la retraite. Une vengeance qui passe par le dossier du
général Hassan et portant un coup direct contre le patron du DRS, à l'origine
des enquêtes sur la corruption au centre desquelles se trouvent ceux qu'on
appelle les hommes du président, poursuit le quotidien. Pour Noureddine Aït
Hamouda, ancien député RCD et chef patriote, l'arrestation du général Hassan
«n'est qu'une suite logique de toutes les autres décisions prises depuis 2013».
Il revient sur la mise à la retraite d'officiers supérieurs de l'armée à l'âge
de 45 ans, rappelant les derniers événements qui ont secoué le monde feutré des
renseignements. Il estime que l'arrestation du général Hassan «sent le
règlement de comptes». Rappelons que depuis plus d'un an, le chef de l'Etat a
entrepris une réforme des services de renseignement qui ont été délestés de
nombreuses missions désormais placées sous le contrôle direct de l'état-major
de l'armée.