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Quand
le Premier ministre affirmait, ce samedi, qu'«il est temps de redonner aux élus
locaux leurs pleines prérogatives», on se demande de quels élus il parle. Des
élus qui ont défrayé les chroniques judiciaires du pays, passant plus de temps
dans un tribunal que dans leur municipalité, poursuivis pour des chefs
d'accusation aussi nombreux que les nids-de-poule jonchant une route
nouvellement asphaltée après les premières pluies de saison. De quels élus
parle Sellal alors que le niveau intellectuel des composantes humaines des
assemblées locales donne déjà un aperçu sur leurs véritables compétences de
responsabilité ?
La plupart des mairies dans l'arrière-pays souffrent en silence de l'incompétence criarde de leurs gestionnaires qui ne sont là que pour mener à bien leurs affaires et réaliser des profits le temps d'un mandat voire de deux si on échappe à l'appareil judiciaire. Une mauvaise gestion qui n'éclate au grand jour que lorsque les habitants, excédés par l'immobilisme de leurs responsables, manifestent en bloquant les routes et en exigeant la présence d'un chef de daïra ou d'un wali. Electrification rurale, revêtement des chemins communaux, alimentation en eau potable ou encore le logement, tous les dossiers deviennent explosifs aux mains d'élus incapables de les régler. Quelques chiffres rapportés par la presse nationale pour illustrer cette situation : 65 présidents d'assemblée populaire communale sont en prison, 1.423 élus locaux ont été entendus par la justice pour mauvaise gestion, dilapidation des deniers publics, passation de marchés publics non conforme à la réglementation en vigueur ou encore pour fautes professionnelles, dont 532 ont été jugés et condamnés tandis que les autres sont en instance de jugement, leurs affaires faisant toujours l'objet d'enquête judiciaire. Même si en termes de pourcentage ces chiffres sont loin de constituer une majorité d'édiles ou d'élus locaux malhonnêtes, il n'en demeure pas moins qu'ils donnent une mauvaise image de la gestion locale de la chose publique. Rendre leurs pleines prérogatives aux APC est une bonne initiative sur le chemin de la décentralisation, mais il faut savoir de nouveau de quels élus on parle. De ceux qui ont été élus frauduleusement, on connaît tous le mode de fonctionnement des élections en Algérie ou de ceux dont le niveau d'instruction est minimal ? Par ailleurs, il faut tordre le cou à l'idée reçue que les maires des localités des petites villes sont les plus concernés par ces affaires de justice puisque la wilaya d'Oran arrive en tête au niveau national par le grand nombre d'élus poursuivis. 13 maires de cette wilaya, qui compte 26 communes, sont poursuivis en justice notamment pour détournement de biens immobiliers, l'exemple d'élus de la Corniche y est édifiant. Là, on est loin des détournements du couffin du ramadhan qui a définitivement enterré l'image de l'élu local. D'un autre côté, 10% des 26.000 élus des APC et APW du pays n'ont pas fait une déclaration de biens malgré les dispositions de la loi. Alors de quels élus parle encore Sellal ? |
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