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Le Mali n'en
finit pas de courir vers une si difficile «paix des braves» au nord du pays,
dominé par les Touaregs, mais rongé par des rivalités tribales internes et
exacerbées par des différends entre ethnies maliennes, dont les Sonraïs au sud.
L'Accord de paix d'Alger, pourtant signé par toutes les parties prenantes du conflit, dont la CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad), le gouvernement et du «bout des doigts» par le MNLA, a bel et bien volé en éclats, en dépit des apparences, après les derniers accrochages armés entre des éléments de la CMA et ceux de la Plateforme, une alliance de groupes proches du gouvernement. Le respect des accords de paix d'Alger, mais surtout le retour, au sein du comité de suivi de la CMA, qui s'en est retirée la semaine dernière, avec fracas, après les violences à Kidal, semble être l'objectif principal de la visite de travail, ce dimanche, à Alger, du président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Dans un communiqué, rendu public hier, la présidence algérienne a annoncé que «le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, effectuera une visite de travail et d'amitié, en Algérie du 30 août au 1er septembre 2015, à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika». «Cette visite confortera une longue tradition de fraternité, de solidarité, de coopération et de bon voisinage, qui existe entre l'Algérie et le Mali», relève la même source, selon laquelle «les entretiens qu'auront, à cette occasion, les deux chefs d'Etat, leur permettront d'échanger leurs vues sur les questions régionales et internationales», et, «au premier chef, la mise en oeuvre de l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation, au Mali et au bénéfice de ses voisins ainsi que de la sécurité dans la sous-région». En fait, la visite, à Alger, d'IBK intervient à un moment de grande détérioration de la situation sécuritaire au Mali, aussi bien au Nord, toujours objet de discorde entre le gouvernement et la rébellion touareg, qu'au Sud où des différends sur les pâturages opposent les éleveurs peuls aux agriculteurs dogons. Mais, plus que cela, pour le gouvernement malien, la décision de la Coordination des mouvements de l'Azawad de suspendre sa participation au Comité de suivi de l'Accord de paix au Mali (CSA) constitue «une entrave à la restauration de la paix» dans le pays. Ce n'est, pourtant, pas le point de vue de la CMA, qui accuse les milices pro-gouvernementales, regroupées au sein de la Plateforme, d'avoir provoqué ses éléments à Kidal. La CMA conditionne, en fait, son retour au sein du CSA «jusqu'à ce que les combats avec les milices pro-gouvernementales maliennes prennent fin». La semaine dernière, de violents combats avaient éclaté autour de Kidal, entre des combattants de la CMA et de la Plateforme, en violation de l'Accord de paix conclu à Alger, sous l'égide des Nations unies. Citée par la presse malienne, la CMA a en outre précisé que la suspension de sa participation au Comité de suivi se poursuivra jusqu'au retrait de ses rivaux du Groupe d'autodéfense touaregs Imgad et alliés (GATIA, qui fait partie de la Plateforme), des positions que la CMA occupaient avant la signature de l'Accord de paix, de juin 2015. Le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed, cité par ?Studio Tamani', a fait remarquer que la CMA «ne s'est pas retirée du Comité de suivi, ni de l'accord, elle s'est retirée des activités du comité de suivi». «L'effectivité de la mise en œuvre de l'accord n'est pas possible en l'état actuel des choses», a-t-il ajouté. Pour autant, Bamako estime que les motifs d'une telle décision «doivent faire l'objet d'échanges entre les parties prenantes, sans pouvoir justifier, en aucune façon, la rupture du processus». REPRISE DES DIFFERENDS INTERCOMMUNAUTAIRES En outre, le gouvernement a lancé un appel au calme aux deux parties, en conflit (la CMA et la Plateforme) pour qu'elles «considèrent que la réussite de l'œuvre de restauration de la paix relève, d'abord, de la responsabilité des Maliens». Ces propos donnent un nouvel éclairage de la profondeur des différends au Mali, entre communautés et ethnies locales. Selon la presse locale, les violents combats, entre les éléments de la Plateforme et ceux de la CMA, dans le cercle de Kidal, se seraient déroulés après que des éléments de la CMA se soient rendus dans les zones contrôlées par la Plateforme, dans le cadre d'une initiative, qui visait à permettre aux uns et aux autres de rendre visite à leurs parents respectifs, dans les localités sous influence du camp adverse. Cette initiative, toujours selon des médias maliens, pourrait avoir mal tourné, à Kidal, où les éléments de la Plateforme, notamment ceux du GATIA, se seraient heurtés à une certaine hostilité des ?Ifoghas' de la CMA. Pour le site ?Maliactu.net', «cette lecture du contexte d'avant rupture du cessez-le-feu est, certainement, ce qui fera soutenir au ministre de la Solidarité, de l'Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord que les récents combats entre signataires de l'Accord de paix ne sont, en réalité, que des conflits interethniques, qui n'ont pas pu se gérer par les voies traditionnelles retenues pour ça.» La semaine dernière, des violences intercommunautaires ayant opposé des nomades touaregs à des sédentaires ?Sonrhaï' à Tinassamede (une localité située entre Gao et Gossi) ont fait sept morts, alors qu'une situation tendue est observée dans le cercle de Ménaka, entre différentes communautés, cohabitant dans la zone. Dès lors, la rencontre d'IBK avec le président Bouteflika et les autres responsables algériens pourrait déborder sur d'autres aspects de la crise politique et sécuritaire au Mali, et dévier du seul objectif de ramener sur les rails l'Accord de paix d'Alger. |
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