Annoncée vers la fin du mois de juillet, le renforcement des contrôles
dans la sphère des importateurs commence à se faire sentir. Initié en vue de
stopper l'hémorragie du transfert illicite des devises vers l'étranger en
particulier et viser, d'une façon générale, une éradication de la fraude qui
sévit dans ce créneau, le renforcement en question devait prévoir une
amélioration de la circulation de l'information entre les douanes et la
communauté bancaire, principales instances engagées dans le commerce extérieur,
concrétisée à travers la récente signature, entre la direction générale des
douanes (DGD) et l'Association des banques et établissements financiers (ABEF),
d'un avenant à leur convention d'échange d'informations conclue en mars 2014.
Le directeur général des douanes, M. Kaddour Bentahar, avait expliqué à la fin
du mois de juillet dernier que « cet avenant va permettre d'établir un échange
d'informations à double sens entre les douanes et l'ABEF » sur toutes les
demandes de domiciliations bancaires émanant des opérateurs activant dans le
commerce extérieur. « L'échange informatisé qui sera institué à cet effet
permettra aux banques d'accéder au système d'informations des douanes (Sigad)
afin de vérifier l'authenticité de la validité de l'attestation d'importation
exigée lors de la souscription d'une domiciliation bancaire, explique un
responsable de la DGD, et cette attestation d'importation, qui identifie
l'entreprise importatrice à travers son numéro d'identification fiscale et,
donc, sa traçabilité fiscale, est délivrée par la direction générale des
impôts». Dans ce contexte, une toute nouvelle note de la direction générale des
impôts (DGI), portant le numéro 1081, met en évidence les nouvelles modalités
en matière d'importation qui garantissent, justement, la traçabilité des
opérations et s'assurent de la véracité des informations communiquées à ce sujet.
En premier, il y a lieu de noter une hausse du montant de la taxe fiscale,
actuellement, fixée forfaitairement à 10 000 dinars, quel que soit le montant
de l'importation. Les importateurs devront préalablement à l'ouverture d'un
dossier de domiciliation bancaire pour importer des marchandises destinées à la
revente en l'état -hors producteurs- s'acquitter d'une taxe fiscale
représentant 0,3 % du montant de la facture d'importation, avec un minimum de
20.000 dinars. La note en question consolide également la procédure
administrative dans cet esprit d'échange des informations entre les parties
engagées dans les opérations du commerce extérieur, prévoyant que l'importateur
renseigne plusieurs formulaires sur son activité. Et, bien sûr, les failles
dont souffrait le dispositif législatif ont été redressées, notamment en
matière de sanctions contre les fraudeurs. Ainsi, selon les termes de cette
note de la DGI, « l'importateur producteur devra signer un engagement à ne pas
revendre une matière première importée pour les besoins de la production. Dans
le cas contraire, l'importateur s'expose à une amende représentant le double du
montant total de la facture », alors que les anciens textes réglementaires ne
prévoyaient aucune amende dans ce cas de fraude. Aussi, préalablement à la
délivrance d'une domiciliation bancaire, l'administration fiscale procédera à «
la vérification de la corrélation des biens importés, objets de l'engagement,
avec l'activité de l'importateur, la correspondance des quantités des biens importés
aux capacités de production de l'importateur ». Par ailleurs, comme l'avait
indiqué M. Bentahar au mois de juillet dernier, la signature de l'avenant
permettra d'établir un échange d'informations à double sens entre les douanes
et l'ABEF sur toutes les demandes de domiciliations bancaires émanant des
opérateurs activant dans le commerce extérieur. L'échange informatisé, qui sera
institué à cet effet, permettra aux banques d'accéder au système d'informations
des douanes (Sigad) afin de vérifier l'authenticité de la validité de
l'attestation d'importation exigée lors de la souscription d'une domiciliation
bancaire, explique un autre responsable de la DGD. Cette attestation
d'importation, qui identifie l'entreprise importatrice à travers son numéro d'identification
fiscale et, donc, sa traçabilité fiscale, est délivrée par la direction
générale des impôts (DGI). Ainsi, on vise à travers ce nouveau dispositif de
mettre fin aux fausses attestations d'importation présentées par des opérateurs
véreux lors de la souscription d'une domiciliation bancaire qu'ils utilisent
pour des importations fictives. Des enquêtes menées par les services de douane
ont révélé l'utilisation d'attestations d'importation falsifiées par des
personnes qui n'ont pas de statut légal d'importateurs mais qui réalisent, à
travers cette »ruse», des opérations d'importations fictives en vue uniquement
de transférer des capitaux vers l'étranger, a relevé le même responsable.
Rappelons aussi que d'autres investigations menées ces dernières années sur le
transfert illicite de capitaux vers l'étranger ont révélé les différentes
formes adoptées par les fraudeurs, dont l'importation puis l'abandon de
marchandise sans valeur commerciale, le dédouanement de la marchandise
faiblement taxée et exagérément surfacturée, les transferts bancaires de
devises sans débarquement de contrepartie en marchandises ainsi que la double
facturation pour une même importation. La nécessité d'établir un contrôle
anticipé sur toute demande de domiciliation bancaire, selon la même source qui
précise que cette proposition qui a été présentée au ministère chargé du Budget
et de la Prospective qui en a donné l'aval, s'avère capitale pour juguler ce
phénomène.