
Faut-il se réjouir ou s'inquiéter de ce dernier classement
mondial des armées, dévoilé ce mois d'août 2015 par le site américain
spécialiste des affaires de défense, Global Fire Power (GFP), qui classe
l'armée algérienne à la 27e place ? Cette place occupée par notre armée peut
bien être source de fierté pour les Algériens mais, comme il faut toujours se
méfier de ces classements établis dans les laboratoires du Pentagone, l'heure
ne peut être à la béatitude. L'on doit avoir en mémoire fraîche l'histoire d'une
autre armée qu'on glorifiait, presque, la classant parmi les plus puissantes au
monde, l'armée irakienne en l'occurrence, et qu'on a pu, pourtant, provoquer sa
débâcle en quelques frappes aériennes «chirurgicales », surnommées ainsi à
cause de leurs prétendues précisions, car on arrivait à toucher des cibles
situées dans le périmètre immédiat d'un hôtel où séjournaient des reporters de
guerre US qui continuaient à couvrir les évènements sans craindre les bombes
qui tombaient du ciel. Après plusieurs jours de frappes, l'opération ??invasion
terrestre'' sera lancée à l'aide de guerriers venus du futur, tellement leur
matériel était sophistiqué. La puissante armée de Saddam, ou présentée comme
telle, ses milliers de chars, ses armes destructives ? Perdus dans un mirage au
désert. Pour cette raison, ou ce triste épisode, il ne faut jamais se réjouir
quand on se met à classer notre armée parmi les plus performantes. Performante
par rapport à quoi, à qui ? Au siècle passé, on n'avait pas du tout une armée
dotée de tout le matériel de guerre nécessaire, ou même élémentaire, pour qu'on
puisse l'inscrire dans un classement mondial, et pourtant cette armée a bien
vaincu une impressionnante coalition militaire coloniale, l'armée coloniale
française soutenue par l'axe de l'OTAN. C'est dire que les forces des armées ne
peuvent se mesurer uniquement selon le nombre d'avions, de chars et autres
pièces d'artilleries. D'ailleurs, pour ne pas être dupe, la guerre a totalement
changé de visage. Maintenant, le plus fort c'est celui qui a la plus forte
frappe aérienne. Viendront ensuite d'autres facteurs et considérations qui
peuvent faire la différence. En Afrique, l'armée algérienne vient en deuxième
position après celle de l'Egypte, nous apprend le classement établi par le site
américain GFP mettant en balance 126 pays, dont le Maroc, la Tunisie et la
Libye qui sont logés respectivement à la 49e, 58e et 122e place. Aucun souci à
se faire, donc, pour ces derniers pays, ils ne constituent aucune menace pour
la stabilité des zones d'influence sous le contrôle des Américains et autres
Européens. Quand les «plus forts » commencent à parler de suprématie militaire
d'un pays qui se trouve encore en voie de développement, il y a toujours lieu
de s'inquiéter. Le site GFP qui semble avoir les plus petits détails parmi les
plus confidentiels sur notre armée et de bien d'autres à travers la planète
devrait, plutôt, nous apprendre pourquoi il se donne tant de mal à effectuer ce
classement et le rendre public ?! De toute évidence, on veut pousser à la
course à l'armement ces petits pays, en rivalité éternelle, qui feront la force
de leurs industries, à travers des achats importants de matériels de guerre. La
France, pour ne citer que ce pays, a engrangé en 2014 près de 9 milliards
d'euros sur le chapitre de la vente de matériels militaires. Un véritable
marché de dupes que ce classement établi par la GFP. Cependant, les armées les
plus puissantes du monde savent pertinemment que la force de ces pays encore en
voie développement est puisée dans l'unité de leurs peuples. Sur le plan
militaire, ils savent bien qu'on ne tiendra pas le défi d'un affrontement aux
armes, et c'est pour cela qu'on s'attaque toujours à l'unité interne, pour
annihiler réellement tout esprit de résistance, avant de commencer à déverser
les bombes. Certes, notre armée doit aller vers la professionnalisation, le
perfectionnement, mais on ne doit jamais oublier que seul un peuple uni peut
tenir tête et vaincre la plus forte armée du monde. L'exemple de notre
glorieuse Révolution, et de bien d'autres résistances des peuples en Afrique et
en Asie, est édifiant à ce sujet.