Rachid Mesli, un des avocats des chefs historiques du Front islamique du
salut (FIS) dissous, et actuel directeur juridique de la fondation Alkarama,
une ONG sise à Genève, a été arrêté par la police italienne. Réfugié politique
en Suisse depuis 2000, l'avocat a été arrêté ce mercredi par les carabiniers au
Grand-Saint-Bernard sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par
l'Algérie. Rachid Mesli arrivait depuis la Suisse et se dirigeait en direction
de l'Italie en voiture, avec sa femme et son fils, a rapporté hier l'agence
italienne ANSA. L'Algérien avait été condamné à trois ans de prison en 1996 par
les autorités algériennes. En garde à vue à Aoste, au nord-ouest de l'Italie,
il attend la décision de la Cour d'appel de Turin qui devra se prononcer sur
son extradition en Algérie où il est accusé de terrorisme. Interrogé par
l'Agence télégraphique suisse, le directeur exécutif de la fondation, Mourad
Dhina, un des anciens chefs du parti dissous, dit espérer une «possible rapide
libération», expliquant que l'avocat est victime «du harcèlement pour raison
politique de la part de l'Algérie» dans le but «d'empêcher un militant des
droits de l'homme de travailler». Pour lui, M. Mesli ne sera jamais extradé par
l'Italie. «Les accusations d'Alger sont farfelues», souligne M. Dhina, lui-même
déjà arrêté une fois en France et libéré assez vite. Un plan d'action sera mis
en branle, précisera-t-il, à travers d'autres ONG, écrire au gouvernement
italien et engager une action en justice. L'avocat algérien, cinq ans après son
arrivée en Suisse, a fondé à Genève la fondation Alkarama. Cette ONG, qui
célèbre cette année son dixième anniversaire, intervient systématiquement
auprès du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et des procédures spéciales
de l'ONU pour défendre des citoyens arabes victimes d'arrestations arbitraires,
de disparitions et de tortures. Elle subit régulièrement des attaques de la
part de certains gouvernements arabes comme les Emirats arabes unis qui l'ont
placée sur leur liste de groupes terroristes. Une fondation citée dans des
affaires de financement du terrorisme international et l'ancien président du
Conseil de l'ONG, Abdul Rahman Omeir al-Naimi, avait été accusé en son nom
propre par les Etats-Unis d'avoir transféré 600 000 dollars à Al-Qaïda en Irak
et supervisé le transfert de deux millions de dollars. Ses avoirs ont été gelés
par le Trésor américain. Le Qatar et l'Arabie Saoudite sont ainsi accusés de
financer les jihadistes au travers de dons privés versés à des fondations
islamiques caritatives et des ONG.