L'Algérie maintient dans sa globalité son programme de développement
énergétique, autant pour les projets d'électrification rurale que
l'introduction du gaz dans les foyers des zones rurales. En clair, l'Algérie
maintient son plan d'investissement dans le secteur énergétique et au-delà pour
les grands projets, en dépit de la double contrainte de la chute des cours du
brut et la détérioration du marché pétrolier par une offre abondante et une
baisse de la demande. En visite de travail jeudi dans la wilaya de Boumerdès,
le ministre de l'Energie, Salah Khebri, a ainsi évacué l'idée d'un gel des
projets de son secteur, affirmant en même temps que les efforts consentis pour
assurer l'accès de la population à l'énergie se poursuivront. »Il s'agit
(l'énergie) d'un secteur stratégique pour la population et il n'est pas
concerné par aucun gel. Bien au contraire, nous essayons de continuer à
développer des projets, qui sont nécessaires pour satisfaire les besoins de la
population'', qualifiant ces besoins de ?'très croissants''. Il a rappelé que
le groupe Sonelgaz ?'a bénéficié d'une enveloppe de 2.200 milliards de dinars
pour pouvoir mettre en place les capacités nécessaires en termes de production,
de transport et de distribution d'électricité et de gaz pour répondre à la
demande nationale en la matière». Ce programme a été déjà budgétisé. Pour
autant, le marché pétrolier commence sérieusement à se détériorer avec une
chute à moins de 50 dollars/baril en fin de semaine. Une situation qui inquiète
au plus haut point les autorités algériennes, même si elles ont maintenu les
grands projets de développement local. Les déclarations du ministre de
l'Energie Salah Khebri de ces derniers jours traduisent en effet cette
inquiétude de l'Algérie de voir les prix chuter au-delà du seuil psychologique
des 50 dollars/baril. Selon des sites spécialisés, Salah Khebri aurait même
envoyé une lettre au secrétariat de l'Organisation des pays exportateurs de
pétrole (Opep). Dans cette lettre, il aurait attiré l'attention du SG de
l'Organisation Abdallah El Badri, sur la chute vertigineuse des prix du brut,
d'autant que cette baisse des cours, selon lui, intervient depuis que l'Opep a
maintenu lors de sa réunion de juin dernier sa décision de maintenir inchangé
son plafond de production (30 mbj). Selon le site boursier Nasdaq.com, cité par
la presse électronique algérienne, le ministre de l'Energie ?'aurait prévenu
l'Opep dans sa lettre que de nouvelles discussions concernant la stratégie du
cartel seraient nécessaires en cas de nouvelle baisse des cours du pétrole''.
En outre, le ministre a demandé à l'Opep d'envisager ?'de prendre des
mesures'', face à cette situation. L'Algérie aurait, par ailleurs, insisté pour
qu'une collaboration plus étroite soit établie avec les pays producteurs de
pétrole qui ne sont pas membres de l'Opep. Pour autant, Salah Khebri n'aurait
pas demandé dans sa lettre une convocation du Conseil des ministres de l'Opep.
En fait, le ministre de l'Energie a multiplié les déclarations depuis le début
du mois d'août, au plus fort moment de la chute des prix de pétrole. A Oran, à
la mi-août, il a notamment souligné que ?'des discussions sont en cours et des
décisions seront prises'' pour éventuellement tenir une réunion d?urgence de
l'Organisation. Quelques jours plus tard, lors de l'inauguration du centre
d'appel de la SDA d'Alger, il précise: ?''l'Algérie mène des consultations avec
les pays membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de
pétrole (OPEP), pour trouver une solution à la détérioration du marché
pétrolier''. Pour lui, il ?'faut une concertation entre pays producteurs pour
arriver à un consensus qui permettrait d'endiguer la baisse des cours sur les
marchés». Mais, prévient-il, ?'l'Algérie, seule, ne peut rien faire. Tout comme
beaucoup de pays, d'ailleurs'', a estimé le ministre dans une déclaration à la
radio nationale. Pour lui, ?'il s'agit de mener un travail de concertation et
trouver un consensus au sein de l'Opep'', pour examiner les voies et moyens
d'arriver à faire remonter les cours, du moins à stabiliser le marché. ?'C'est
ce que nous sommes en train de faire'', a-t-il précisé, ajoutant qu'il faut
?'faire bouger les choses au sein de l'organisation, et faire participer les
pays non Opep, car l'Organisation ne peut assurer seule le retour à la
stabilité sur les marchés''. Des déclarations du ministre de l'Energie, il
ressort que l'Algérie mène actuellement des discussions discrètes autant avec
les pays-Opep que non-Opep pour trouver des solutions urgentes à la
détérioration continue des cours du brut. Mercredi, le panier des 12 bruts de
l'OPEP, dont la Sahara Blend algérien, valait 44,13 dollars/baril contre 45,39
dollars la veille. Avec la Libye, le Venezuela, l'Irak et le Nigeria, l'Algérie
est dans le groupe des pays-Opep les plus durement touchés par la chute des
cours, puisque leurs programmes de développement sont majoritairement financés
par les recettes d'hydrocarbures. A la fin 2015, les prévisions de recettes de
pétrole ont été revues à la baisse de moitié, à un peu plus de 34 milliards de
dollars.