Dans le passé, les pastèques de différentes
variétés étaient d'excellente qualité gustative. A tel point que leurs goûts
délicieux interpellaient le client pour se désaltérer en été. Aujourd'hui, les
saveurs de ces fruits commercialisés en grandes quantités sur le marché de la
wilaya de Tlemcen ne sont plus comme avant. « Jadis, je me rappelle très bien,
on consommait des pastèques sucrées, rafraîchissantes et juteuses. Mais
aujourd'hui, ces gros fruits qui vous attirent visuellement sont de mauvaise
qualité. Cette question de mauvais goût de pastèques que nous trouvons
aujourd'hui sur nos étals, au fil des saisons, a commencé il y a plusieurs
années. Vous les avez sans doute déjà consommées cet été. Ces fruits de gros
calibre, venus de Mostaganem, Relizane, Mascara et de Tlemcen, ont certes
investi les marchés de la wilaya, mais n'ont plus le goût d'antan », nous
confirmera un passant rencontré, lundi dernier, devant un marchand de pastèques
de Mansourah. Un autre père de famille, interrogé sur ce sujet, indiquera : «
Aujourd'hui, je n'achète plus la pastèque, car elle est sans saveur. Ah oui !
Je ne peux pas quand même jeter mon argent pour acheter de la camelote. Sur dix
pastèques que j'ai achetées, cet été, j'en ai trouvées que trois qui sont
bonnes à la consommation. Savez-vous que certains fellahs malhonnêtes,
irriguant leurs champs de pastèques avec le procédé du goutte à goutte,
auraient eu l'idée de rajouter du mazout à l'eau. Une goutte de mazout dans dix
gouttes d'eau, il paraît que ça donne une belle couleur rouge vif mais perd en
saveur ». De nombreux marchands de Hennaya nous exprimeront leur ras-le-bol de
voir des vertes et des pas mûres sur leurs étals. Seul bémol cette saison, la
quantité, selon eux. « Si la récolte des pastèques a été correcte cette année
pour les producteurs, c'est bel et bien la vente qui a été catastrophique pour
nous. Dans l'ensemble, ce n'est pas bon du tout ! Ces fruits n'avaient aucun
goût. Cet été 2015 est vraiment à oublier pour nous et on a enregistré une
grande perte », témoignera un vendeur en fruits et légumes au marché de
Hennaya. Et d'ajouter : « Je préfère vendre d'autres fruits de saison, tels que
la pêche, le raisin, le melon et les bananes, plutôt que de garder dans mon
stand des pastèques non vendues durant tout l'été. Cela me permet de libérer
beaucoup d'espace dans mon stand et de gagner au moins la confiance du client
qui me reproche tout le temps la mauvaise qualité de la pastèque vendue ».
Selon l'ingénieur agronome, Azzedine Lablack, la canicule qui a touché cette
saison la région a lourdement affecté la saveur de la pastèque, qui ne peut
supporter des températures au-delà de 26 °C, pour sa croissance. « La
persistance des fortes chaleurs et le manque d'eau d'irrigation ont
négativement influé sur la bonne qualité et la production de la pastèque. Il y
a aussi le manque d'intrants d'entretien contre les maladies, nuisibles et
parasites, et certains engrais de traitement et de croissance. Les fruits n'ont
pas eu le temps de mûrir. La mauvaise qualité de la pastèque s'explique aussi
par la culture de ces fruits sur des parcelles non travaillées (en jachère),
sans aucune préparation sérieuse du sol et sans fumures organiques. Certains
endroits de plantation ne sont pas abrités. La pastèque se cultive moyennant
quelques précautions qui doivent être prises, telle que la récolte qui ne doit
toucher que les fruits bien mûrs, au fur et à mesure des besoins. Le fruit doit
être lourd et résonner lorsqu'on tape dessus avec le doigt. La petite vrille
accolée au pédoncule et les fausses feuilles situées près du fruit doivent être
desséchées. La conservation et la multiplication de la pastèque par semis. La
pastèque est peu sujette aux maladies, son plus grand ennemi est le froid. Elle
aime aussi les sols riches, profonds, meubles et plutôt sablonneux ». Ce
sentiment traduit bel et bien la réalité du marché des pastèques chez de
nombreux marchands de la wilaya de Tlemcen. « Dans la wilaya de Tlemcen, les pastèques
sont largement disponibles mais malheureusement de mauvaise qualité. C'est
souvent dû au fait que les fruits ont été cueillis bien avant de mûrir.
Certains fellahs agissent ainsi pour que les fruits soient préservés plus
longtemps par les vendeurs », nous indiquera un marchand de fruits et légumes
de la ville de Maghnia.