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Le tapis est déroulé pour accueillir à partir d'aujourd'hui dans les
banques les opérateurs dans le circuit informel et détenteurs de grosses sommes
d'argent. Enfin, pour l'anecdote, le tapis est mis en place depuis hier (jour
de repos hebdomadaire pour les banquiers !) si l'on se réfère à la déclaration
du ministre des Finances qui avait récemment annoncé que «les banques vont
commencer à partir du 15 août prochain à recevoir cet argent. Nous les avons
instruites à ce que le processus soit mené dans les meilleures conditions»,
tout en rassurant les détenteurs de ces fonds que le dépôt de leur argent se
fera dans «la plus complète discrétion». En tout cas, c'est le début effectif
de la «bancarisation», terme privilégié par les autorités en lieu et place
d'amnistie fiscale, des fonds informels en circulation hors des circuits
réglementés, évalués par certains à l300 milliards de dinars et par d'autres
3000 milliards de dinars. Mais, personne ne peut en réalité évaluer avec
exactitude ce fonds «gris» qui échappe au fisc depuis des années, du moment
que, par définition, il tire sa sève de la sphère économique informelle.
Selon les explications des autorités, la récupération de ce fonds informel ne doit pas servir au blanchiment d'argent sale, il est détenu par les mandataires, grossistes et détaillants, en particulier les opérateurs de négoce et de grandes transactions qui ne se sont pas acquittés de leurs impositions, mentionne-t-on. Autant dire une amnistie fiscale «partielle» accordée à ces opérateurs qui n'ont jamais mis un sou dans les recettes des impôts et qui doivent aujourd'hui s'acquitter, seulement, d'une taxation forfaitaire libératoire de 7% du montant déposé, comme le stipule la loi de finances complémentaire (LFC) 2015. La DGI a indiqué dans une note publiée sur son site web que «l'Administration fiscale informe ses usagers et le public qu'un programme de conformité fiscale volontaire est mis en place à compter du 2 août 2015», appelant les personnes concernées «à se rapprocher des agences bancaires» pour s'informer des modalités de mise en œuvre de ce programme, non sans rappeler que «les sommes déposées font l'objet d'une taxation forfaitaire libératoire au taux de 7%». C'est le fin mot ou chiffre de toute l'opération, en l'occurrence la récupération des 7% de taxe imposée sur la masse d'argent, considérée impressionnante, en circulation dans le circuit informel. Toutes les idées sont les bienvenues par ces temps de vaches maigres. Mais la grande inconnue, dont personne ne parle, étrangement, demeure le degré d'engouement, face à cette initiative, des détenteurs de cet argent en circulation dans les circuits informels. Y aura-t-il de la bousculade au niveau des guichets des banques ? Rien n'est moins sûr. Le ton à la bonhomie adopté par le Premier ministre, appelant à la confiance mutuelle, sera mesuré selon l'écho qui se répercutera de cet appel, et cette «assurance-satisfaction» affichée par le ministre des Finances et le patron du FCE, personne ne sait d'où ils la puisent. En tout cas, les adeptes de la «chkara» auront un an et demi pour se conformer à la législation et bénéficier de cette amnistie partielle. «En 2017, nous devrions avoir une seule économie algérienne et non deux: formelle et informelle», prévient le ministre des Finances. Les dés sont jetés, attendant le chiffre qu'ils donneront. |
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