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Hennaya : L'arboriculture en attendant la transformation agroalimentaire

par Khaled Boumediène

La wilaya de Tlemcen s'est toujours révélée comme une des régions du pays les plus favorables à la culture d'arbres fruitiers les plus divers.

Elle est riche en espèces endémiques locales comme, par exemple, le cerisier d'Ouled Sidi Hadj et Attar, l'olivier de Béni-Snous, l'oranger de Maghnia et de Hennaya, le pommier de Bouhlou (Sabra), le figuier d'Ouzidan (Chetouane), le pêcher de Béni-Snous et Oum El Allou, l'abricotier de Bensekrane, etc., qui s'adaptent parfaitement aux conditions climatiques et pédologiques locales liées à la notion de «terroir». Aux abords de Tlemcen, dans la commune de Hennaya, l'arboriculture fruitière (agrumiculture, oléiculture, rosacées à noyaux et pépins, figuier) a fait ces dernières années de grands progrès sous l'action du programme national de développement agricole (PNDA), initié par l'Etat dans le but d'élever la production agricole en quantité et en qualité ainsi qu'à impulser une dynamique de relance dans le secteur. Ce plan, qui s'est fixé comme principaux objectifs d'assurer l'autosuffisance alimentaire et d'adapter les systèmes de production aux conditions des milieux physiques et climatiques des différentes zones de production, a eu un impact positif sur l'évolution de l'agriculture dans la région de Hennaya et notamment sur les cultures fruitières dans la grande plaine M'kacem qui s'étend sur environ 5.000 hectares. La superficie utile agricole de cette plaine aux champs fertiles et aux récoltes magnifiques, réunissant les conditions de sol et de climat adaptées à chaque espèce, s'est nettement agrandie. Profitant de cette opportunité, de nombreux fellahs et agriculteurs de Hennaya se sont spécialisés dans la culture des arbres fruitiers, particulièrement les orangers, les pêchers, les pommiers et les poiriers. Certains arbres fruitiers très productifs sont même cultivés en arbres d'alignement le long des chemins et pistes secondaires des parcelles des jardins des particuliers et dans des exploitations agricoles individuelles et collectives de Hennaya. « Avant, les céréales figuraient comme étant la principale culture agricole dans la commune. La production céréalière faisait vivre une grande partie de la population. Mais les céréales restent dépendantes d'une bonne pluviométrie, leur volume de production pouvant varier d'une année à une autre en fonction des conditions climatiques. L'arboriculture a connu ces dernières années une extension remarquable grâce aux différents programmes d'appui et aux progrès de l'irrigation. Aujourd'hui, les fellahs et exploitants agricoles de la commune de Hennaya tendent de plus en plus à se convertir en arboriculteurs. Et plus particulièrement dans les agrumes et les pêches, notamment dans la plaine de M'kacem dont le sol est très fertile. Certaines de ces espèces de Hennaya sont anciennes et présentent un intérêt agronomique, économique et génétique qu'il faut préserver, valoriser et utiliser. Il faut coûte que coûte préserver ce patrimoine et conserver ce type d'espèces pour éviter la disparition de caractères pouvant représenter un intérêt vital pour l'avenir », expliquera à notre journal Azzedine Lablack, ingénieur agronome à Hennaya.

 Et d'ajouter: «Le développement des cultures fruitières dépend de nombreux facteurs qui doivent être analysés : contexte phytosanitaire, production de matériel végétal, problèmes fonciers, organisation de la profession, technicité des agriculteurs, aides publiques et possibilités de transformation sont déterminants. Grâce au soutien de l'Etat et à la multiplication de pépinières, beaucoup d'actions ont été mises en place dans ce domaine, ce qui a permis une évolution favorable de la filière. Les agriculteurs et fellahs de Hennaya ont pu défricher, planter et semer leurs terres d'arbres fruitiers. Aujourd'hui, les résultats sont là. Par exemple, cet été, les étals regorgent de pêches. Il suffit de faire un tour du côté de Taounya, sur la RN 22 en allant vers Remchi, pour voir les quantités de pêches savoureuses exposées aux automobilistes et les marchés sont inondés de marques de ces fruits. L'hiver dernier, c'était les oranges de différentes qualités. Maintenant, il faut surtout penser aux petites et moyennes entreprises de transformation et commercialisation de ces fruits issus du terroir. Ces sociétés sont pourvoyeuses d'emplois et peuvent contribuer au tissu économique local. L'industrie agroalimentaire doit évoluer avec ces productions fruitières».