C'est à un véritable exercice de communication que s'est prêté, hier, le
tout nouveau ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, sur le dossier de l'adhésion
de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), quelques jours
seulement après s'être prononcé sur le sujet. Celui qui fut le premier à mener,
en 1998, la délégation algérienne à la première réunion du groupe de travail de
l'adhésion de l'Algérie à l'OMC a déclaré, cinq jours plus tôt à l'APS,
qu'après 16 ans, «les évolutions ne sont pas remarquables» dans une tentative
«de faire un comparatif entre l'état où je l'ai laissé et celui d'aujourd'hui»,
expliquera-t-il. Des propos qui ont vite été interprétés comme un désaveu du
travail accompli par ses différents prédécesseurs qui se sont relayés sur le
dossier. Une lecture de ses déclarations qui ont également été perçues comme
une halte si ce n'est une marche arrière enclenchée par rapport à cette
adhésion lorsqu'il affirmait qu'il faudrait qu'«à un moment, nous, entre
Algériens, fassions un comparatif entre le coût de la non-adhésion et celui de
l'adhésion». Un travail «que nous n'avons pas encore fait», ajoutera-t-il.
Difficile de se méprendre sur les intentions du ministre qui, quelques jours
après, revient sur ses déclarations qui ont fait polémique pour se défendre et
soutenir que «mes propos ne visaient, en aucune façon, à responsabiliser ou à
accabler les gestions antérieures du dossier de l'adhésion du pays à l'OMC».
Ceci dit, il estime que les Algériens doivent «consolider et renforcer les résultats
obtenus à chaque étape de ce processus». Sans aller à dire que le ministre
s'est déjugé, il semble fort qu'il y a eu un recadrage de Sellal sur cette
question. Dans l'entretien accordé hier à l'APS, Bakhti Belaïb revient sur la
volonté algérienne «de ne pas vouloir adhérer à l'OMC à n'importe quel prix».
Pour lui, il est important de vulgariser et d'expliquer à l'opinion publique
cette question de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Un rôle qui incombe,
dira-t-il, aux experts des différents secteurs de l'économie nationale qui
bénéficient des ateliers nationaux portant sur l'étude du contenu des
différents accords de l'OMC et des conditions de leur mise en œuvre. Par
ailleurs, le ministre considère qu'il faut savoir que les accords de l'OMC
représentent aujourd'hui «les règles fondamentales qui régissent le commerce
mondial dont l'Algérie est bel et bien partie prenante qu'elle soit membre ou
non de l'OMC», une précision qui lui fait dire que quelle que soit la décision
de l'Algérie de poursuivre ces rounds de travail ou non, il est donc de
l'intérêt de notre pays d'être au fait de ces accords et des règles régissant
le commerce mondial».
Rappelons que plusieurs ministres ont géré ce dossier dont Noureddine
Boukrouh qui s'était montré confiant quant au respect des échéances de
l'adhésion par l'Algérie, à savoir au premier semestre 2004. En janvier 2008,
El-Hachemi Djaâboub affichait son satisfecit devant les avancées réalisées,
affichant même son optimisme sur l'accession de l'Algérie à l'OMC au courant de
la même année. Le même langage sera tenu par ses successeurs, Mustapha Benbada
et Amara Benyounès.