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La «division 30» ou le fracas du rêve d'une rébellion syrienne «modérée»

par Kharroubi Habib

La prétendue armée syrienne libre sur laquelle ont un temps misé les puissances qui font de la chute du régime de Bachar El Assad l'objectif obsessionnel de leur implication dans le conflit syrien, a pratiquement cessé de compter en tant que force combattante. Devant le fiasco de ce bras armé de la soi-disant rébellion syrienne « modérée », les Etats-Unis ont entrepris de recruter des « volontaires » syriens dont des formateurs US se chargent de leur entraînement dans des camps mis complaisamment à leur disposition en Turquie et en Jordanie.

Le premier contingent de ces « volontaires » à être devenu opérationnel après l'entraînement et la formation subie et auquel a été conférée l'appellation de « division 30 » n'a pas fait long feu, car aussitôt engagé sur le terrain des combats il a été pratiquement décimé par les éléments de l'organisation islamo-terroriste En-Nosra, groupe armé syrien affilié à El-Qaïda. Cette même organisation terroriste bénéficie pourtant du discret mais réel appui des Etats qui procèdent à l'enrôlement et à l'entraînement des « volontaires » syriens. Au principe fallacieux qu'elle est à la tête d'une coalition armée syrienne où prédomineraient les composantes d'une rébellion modérée.

La déroute de la « division 30 » devrait donner à réfléchir aux stratèges américains et les amener à admettre que dans le conflit syrien la fiction d'une rébellion armée anti-régime « modérée » n'est plus soutenable. Que de ce fait une grande partie des « volontaires » qu'ils formeront et doteront en armement sophistiqué ira probablement grossir avec armes et bagages soit les rangs d'En-Nosra, soit ceux de l'Etat islamique.

La facilité avec laquelle les combattants d'En-Nosra ont pratiquement annihilé la « division 30 » en « capturant » un grand nombre de ses éléments montre que pour le moins les « volontaires » recrutés par le Pentagone n'ont pas un moral combatif élevé. Sinon qu'ils se sont enrôlés pour en finalité rallier les organisations djihado-terroristes.

Bien qu'aussi acharnés que la Turquie, l'Arabie Saoudite ou la France à provoquer la chute du régime de Bachar El Assad, les Etats-Unis ont néanmoins refusé pendant longtemps de fournir de l'armement lourd ou sophistiqué aux rebelles qui le combattent. Ils s'y sont résolus mais dans un contexte où les organisations djihado-terroristes ont pris le dessus militairement sur les forces armées censées être le fer de lance de l'opposition « modérée ». Ils se retrouvent de ce fait confrontés au risque réel qui les faisait hésiter à armer substantiellement la rébellion syrienne : celui de devenir le pourvoyeur indirect des organisations djihado-terroristes en armement qui démultiplierait leurs capacités offensives alors qu'ils ont pris la tête d'une coalition internationale censée leur faire la guerre.

Le risque n'est pas sans fondement comme le leur laisse voir la « déconfiture » de la « division 30 ». Ce qui émerge du conflit syrien qui a été inconsidérément et criminellement militarisé, est qu'il n'y a plus de place dans les rangs de ses protagonistes à un courant qui serait selon les puissances anti-régime de Damas à la fois déterminé à faire tomber celui-ci et à empêcher que les organisations djihado-terroristes le remplace par celui qui est leur objectif commun : un Etat islamique salafiste sous lequel le peuple syrien vivrait la plus sombre page de son histoire.