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Aïn El-Turck : Dégradation du cadre de vie

par Rachid Boutlélis

La situation en termes de salubrité dans la daïra d'Aïn El-Turck semble avoir tendance à se dégrader au fil des jours devant l'indifférence manifeste de tout un chacun. La situation de déliquescence, une réalité constatée sur le terrain, a encore pris de l'ampleur depuis le début du mois d'août.

La principale commune de cette région côtière, point de chute d'un rush estival considérable, est touchée de plein fouet. Ce triste constat est longuement épilogué dans les lieux publics par la population et les vacanciers qui regrettent déjà leur séjour. En effet, une petite virée à Aïn El-Turck a permis de constater de visu la désolation qui s'est installée dans le paysage. La puanteur provenant des amas d'ordures ménagères qui jonchent les rues, les artères, les cités et les espaces publics, embaume carrément l'atmosphère et ce, au point où l'air est devenu presque irrespirable. Les fortes chaleurs attisent l'émanation des odeurs nauséabondes qui agressent l'odorat du plus imperturbables. Ce regrettable état de fait n'est en réalité qu'un scénario qui se répète à chaque fois en cette période de l'année à la faveur de l'insouciance manifeste des uns et du laisser-aller des autres. Les mêmes arguments, relatifs aux pannes et aux insuffisances de camions de la collecte des ordures, sont avancés, comme l'année précédente, par les responsables locaux pour tenter de justifier cette situation. Que ce soit à Haï Bensmir (ex-douar Naquousse), au quartier commandant Ferradj (ex-douar Maroc) où encore au quartier de Sidi El Bahri et Bouisseville entres autres, le spectacle des tas d'ordures et d'un éventail de détritus, autour desquels se disputent la pitance toutes sortes d'animaux nuisibles, choque le regard. «Notre commune s'est transformée en un immense dépotoir en dépit de nos revendications. C'est inadmissible et les principaux auteurs de ce massacre devraient être punis sévèrement», s'est insurgé un riverain de Haï Bensmir, avant d'ajouter qu'«il est vrai que l'incivisme à sa part de responsabilité, mais cela ne veut pas dire que les gestionnaires de notre commune n'ont rien à se reprocher, bien au contraire, c'est leur passivité qui a enfanté cette situation de pourrissement».

Piégés, en louant extrêmement cher dans différents lieux d'hébergement, nombre de vacanciers, qui ne cessent de se plaindre des désagréments causés par l'entassement des ordures qui dégagent des odeurs pestilentiels et des essaims de moustiques, ont juré de ne plus remettre les pieds dans cette daïra. «Si ce n'était pas mes enfants, je serai déjà parti sans réclamer mon reste pour que cela me serve de leçon», a fait remarquer avec une pointe de dépit un estivant, venu en famille d'une ville de l'Ouest, pour un séjour au bord de la mer. Dans ce malheureux constat, les plages sont logées à la même enseigne avec en bonus des batailles rangées entre bandes rivales armées jusqu'aux dents pour l'exploitation des plages. La dernière en date remonte à dimanche dernier et a eu pour théâtre la plage de Bousfer. Certaines familles, qui ont assisté médusées à ce combat de gladiateurs, ont préféré écourter leurs vacances par crainte d'être prises à partie. Celles qui sont restées demeurent sur le qui-vive lorsqu'elles s'installent sur la plage.

Toujours est-il que contrairement aux promesses faites par les responsables locaux, rien ou peu a été fait pour améliorer les conditions de séjour pour les millions d'estivants qui ne cessent de converger vers cette région depuis les fêtes de l'Aïd. «Hormis le badigeonnage à la chaux des trottoirs et des arbres des principales artères, à l'occasion de la visite d'un haut responsable, aucune véritable opération d'assainissement n'a été entreprise pour accueillir les estivants, conformément aux normes universelles. C'est aberrant !» s'est exclamé un crémier installé à Bouisseville. Des déclarations similaires ont été formulées par nombre d'autres interlocuteurs qui ont exprimé leur consternation devant ce flagrant laisser-aller.