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ces dizaines de milliers d'éleveurs de la région, la fin de la saison de la
tonte du mouton se présente sous de mauvais auspices et pour cause, la totalité
de la production annuelle de laine, saison 2015, estimée à plus de 7.500
tonnes, risque bel et bien de séjourner et pour longtemps dans les greniers et
les hangars, la clientèle se faisant de plus en rare. Ce qui s'est répercuté
négativement sur le prix de vente du kilogramme. En descendant la barre de
1.000 DA le quintal contre le double l'année dernière, ce produit, autrefois
très prisé par une clientèle venue de l'est du pays, ne trouve plus acquéreur
et dire que la toison de laine du mouton avait la cote et valait autrefois son
pesant d'or. Elle peine à trouver preneur depuis le mois de juin dernier date
de la fin de la saison de la tonte et ceci, en dépit des prix très attractifs
proposés par les éleveurs sur le marché local. Avec une telle production
annuelle de laine sur les bras, les éleveurs s'arrachent les cheveux, font des
mains et des pieds pour écouler ce produit qui leur sert d'appoint financier.
La facture a été très salée pour les propriétaires de moutons qui devaient
débourser la coquette somme de 350 DA pour chaque tête tondue, des dépenses
incalculables en sus du gîte et du couvert offerts à l'ouvrier qualifié qui n'a
qu'une paire de ciseaux entre les mains. Une fois lavée de toutes ses
impuretés, soigneusement tissée et conditionnée par bottes d'un quintal
chacune, la laine prend le chemin des wilayas de l'est du pays avant d'être
exportée vers le vieux continent via la Tunisie où elle sert de matière
première par excellence à la literie, les couvertures et autres vêtements haut
de gamme pour une clientèle peu regardante sur le porte-monnaie. Les éleveurs
de la région perdent le sens de l'orientation et peinent difficilement à écouler
leur marchandise et, pire encore, le prix de la laine suit une courbe
descendante et chute dangereusement. Selon certains d'entre eux, rien ne permet
de dire que ce produit, qui s'arrachait à prix d'or autrefois à plus de 2.000
DA le quintal, puisse un jour prendre l'ascenseur et remonter la pente.
Plus futés et espiègles à la fois, certains clients attendent le début de l'automne pour rafler toute la production locale de laine à des prix presque dérisoires, voire très insignifiants. Le manque de manufactures, d'unités industrielles locales ou d'ateliers de fabrication de tapis et couvertures et plus particulièrement de tisserands ne fait qu'inquiéter davantage les éleveurs, échaudés par plusieurs années de disette successives qui lorgnent déjà du côté des tisserands et matelassiers de Tlemcen. Au bout du rouleau presque, ils espèrent trouver leur salut du côté des ouvrières locales opérant dans le domaine de l'artisanat d'art traditionnel, confection de burnous et djellabas. Dire qu'il s'agit d'un créneau très juteux pour les jeunes filles candidates à l'Ansej qui désirent s'investir dans une activité artisanale très prometteuse. Une aussi importante production annuelle de laine mérite bien d'être sérieusement prise en charge par le secteur privé ou les pouvoirs publics. De couleur blanche et ocre, marron ou noire, la laine a encore de beaux jours devant elle puisque les burnous conçus à base de poils de laine de chameau ?'oubar?' s'arrachent à prix d'or, soit à plus de 70.000 DA l'unité puisqu'il s'agit d'un signe de richesse et de noblesse aussi pour ceux qui portent la djellaba ou le burnous, en dessus de la «abaya» en tussor lors des cérémonies officielles ou fêtes familiales. |
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