Les
fumeurs ont été stupéfaits, ces derniers jours, par une hausse surprise des
prix qui ont touché certaines marques de cigarettes produites par la Société
nationale de tabacs et allumettes (SNTA), sans épargner d'autres marques
étrangères. Ces augmentations qui varient entre 10 et 20 dinars concernent des
marques qui enregistrent une forte demande de la clientèle, à l'enseigne d'une
hausse de 20 dinars sur le paquet de cigarettes ??Rym'' et le tabacs à chiquer,
écoulés au prix de 110 dinars au lieu de 90 dinars, alors que d'autres marques
qui connaissent une faible distribution ont gardé leurs prix stables. Pareille
pour les marques étrangères qui enregistrent une augmentation allant de 10 à 40
dinars. Cette hausse des prix a provoqué l'ire des clients qui dénoncent «un
vol organisé» au vu et au su de toutes les autorités compétentes. «Comment
peut-on qualifier cette augmentation des prix de la cigarette sinon de «vol
qualifié» ?», s'exclament avec indignation des fumeurs. «Ces gens se sucrent
sur notre dos et personne n'ose les remettre à leur place», clament d'autres
consommateurs. Où sont les contrôleurs des prix et pourquoi la SNTA et la STAEM
SPA Algérie ne font rien pour préserver leurs marques de cette sauvage
spéculation ? D'après des explications des buralistes, le marché de la
cigarette s'enflamme à la faveur de plusieurs facteurs «dopants»,
principalement la spéculation imposée par les barons de la cigarette à la
veille de la fermeture des usines de fabrication de tabacs, pour cause de
départ collectif des travailleurs en congé. Nos interlocuteurs font remarquer
que officiellement, rien n'a changé en matière de prix des cigarettes. D'autres
relèveront que cette hausse intervient à la veille de la fermeture de l'usine
de la SNTA, chose qui laisse clairement voir la main des spéculateurs. «Les
barons de la cigarette se sont accaparés de toute la production à la veille de
l'arrêt de l'usine de la SNTA, notamment les marques de tabacs qui enregistrent
une forte demande, et ils imposent maintenant leur diktat en fixant les prix à
la consommation », affirme-t-on. Des buralistes avouent que «les prix sont bel
et bien fixés en dehors du circuit officiel, le marché est monopolisé par
quelques grossistes et ce sont ces derniers qui imposent aujourd'hui les prix».
Certains buralistes rappellent que c'est la même rengaine qui revient chaque
année à la veille du mois d'août, la SNTA ferment ses usines et les
spéculateurs n'en attendent pas moins pour sauter sur l'occasion, faire main
basse sur la production et imprimer aux prix la courbe qui les arrange. «Mine
de rien, sur une augmentation de 20 dinars par paquets, on brasse plusieurs
milliards de gains illicites en quelques semaines», soulignent des buralistes.
Ces derniers, souvent cibles directes de la colère des fumeurs à la suite de
ces augmentations de prix, précisent-ils, alors qu'«ils sont eux-mêmes à la
merci des spéculateurs». «Notre marge bénéficiaire reste la même, on achète
plus cher sur le marché de gros et il est tout à fait logique qu'on vende un
peu plus chèrement au détail», indiquent-ils encore. Contacté par nos soins, un
cadre de la SNTA assure de son côté que «la production mise à la disposition du
marché à la veille des départs en congé couvre largement la demande durant tout
le mois d'août et qu'il n'y a, en conséquence, pas lieu de s'affoler et
provoquer une forte pression sur la demande qui induirait automatiquement
l'envolée des prix». Quant à la direction du Commerce, son premier responsable,
M. Boularak, interrogé au sujet de cette hausse sauvage, il indiquera que ses
services ne sont pas concernés par les contrôles de prix des cigarettes, «c'est
un marché où les prix sont libres», a-t-il soutenu. Comme personne ne semble à
point nommé pour maîtriser cette hausse sauvage des prix de la cigarette, il
reste aux fumeurs à réduire leur consommation ou se défaire carrément de cette
habitude qui coûte de plus en plus cher.