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Une embuscade
tendue par des terroristes islamistes contre un convoi de l'ANP à Aïn Defla qui
se solde par de nombreuses victimes, comme de routine il s'en produit de temps
à autre dans différentes régions du pays sans trop de bruit.
Mais cette fois-ci, encore sous le choc des victimes tombées dans les affrontements de Ghardaïa, la population reçoit de plus la nouvelle macabre en plein fête de l'Aïd, un moment sacré pour les retrouvailles des familles, et en découvrant l'identité des victimes, des jeunes à peine sortis de l'adolescence qui s'apprêtaient à rentrer passer la fête auprès de leurs familles, l'aurait plongée dans un émoi jusqu'au paroxysme, rappelant par certains aspects les moments sombres de la décennie de sang. La communication officielle qui tardait à s'exprimer avait laissé place à la colère collective occuper le vide que cette absence avait occasionnée. Si la condamnation unanime du terrorisme d'où qu'il vient et la stigmatisation de la main étrangère étaient le dénominateur commun de l'opinion populaire, la responsabilité du pouvoir était engagée au même titre que lors des crimes commis à Ghardaïa. Il ressort à chaque fois que le laxisme du pouvoir en pareilles circonstances, comme devant sa gestion de toutes les impasses de la société, est désigné comme le principal coupable. Le sentiment de colère sera accompagné par une indignation inconsolable de savoir ces jeunes victimes d'une double injustice. Celle de n'avoir aucune autre issue à leur condition misérable, caractérisée par une absence totale de perspective de leur insertion dans la vie sociale par le travail, le logement et tout ce qui est nécessaire à l'épanouissement de la vie, que de s'engager dans les forces de sécurité, à défaut de compter parmi les ayants droit au népotisme et à tout autre passe-droit pour accéder à une position sociale avantageuse.Les forces de sécurité étant les principaux débouchés dans le marché du travail pour ces laissés pour compte, comme pour des dizaines de milliers d'autres jeunes condamnés à subir ce même destin. Pour finir, en fin de compte, pour les plus malchanceux, aux côtés des appelés du contingent, comme chair à canon dans une politique sécuritaire défaillante et laxiste. Car on est loin du compte des résidus du terrorisme islamiste, tant vantés par les hérauts de leurs employeurs. La violence islamiste est bel et bien ancrée dans nos mœurs et elle s'exprime par des canaux divers. Allant des prêches inquisiteurs contre les libertés individuelles garanties par la Constitution à l'appel au meurtre et jusqu'à l'affrontement armé contre les forces de sécurité, fauchant au passage les plus vulnérables parmi ces « rescapés économiques » d'une gestion catastrophique du pays depuis notre accès à l'indépendance. La « guerre » menée contre le terrorisme par leurs employeurs s'est avérée un véritable leurre, pour finir en définitive par priver la société de tout cadre politique, et en laissant le champ libre à l'exacerbation du reflux vers le wahhabisme et le séparatisme identitaire comme forces antagoniques paralysant toute vie politique, et vecteurs de toutes sortes de complots et d'intelligence avec l'ennemi, alimentant les rhétoriques les plus sournoises autour de « la main étrangère», qui viendraient justifier le statu quo. Bien que la population soit parfaitement consciente que le pays est menacé d'effondrement par les pressions exercées sur lui de l'extérieur, et tout en dénonçant la manipulation des activités subversives des groupes politico-religieux et identitaires, elle a montré toute sa lucidité et son esprit de discernement dans cette affaire. Tout en rendant un hommage exemplaire à ces jeunes, morts pour la défense du pays, coûte que coûte, c'était aussi et surtout l'occasion pour elle de dénoncer le danger que représente le pouvoir lui-même pour la stabilité et la pérennité du pays. C'est tout l'objet de son indignation qui s'est exprimée avec autant d'amertume, devant la menace terroriste permanente, la violence urbaine, le chômage et la précarité de la vie, qui n'épargnent aucun secteur, y compris l'éducation publique, la santé, le logement, malgré des sommes colossales ingurgitées grâce à la rente. Une indignation qui n'a pas hésité d'accabler le pouvoir en lui attribuant comme seule raison d'être l'accaparement de la rente sous forme de pure prédation, en lui déniant toute préoccupation devant l'intérêt général et l'avenir du pays. Celui-ci est devenu à ses yeux un simple moyen d'enrichissement pour ses membres et sa clientèle. Malgré son bâillonnement et la privation de l'exercice de ses libertés fondamentales, la population n'ignore rien sur les dérives de ce pouvoir et le danger qu'il représente pour le pays. Elle a d'abord assisté, impuissante et terrorisée, à l'arrêt du processus électoral censé mettre fin à la dérive intégriste, qui a surtout permis aux « décideurs », par le truchement d'une pseudo-libéralisation, de démanteler une partie vitale du secteur public et à se l'approprier sous couvert d'une clientèle acquise à ses stratégies de prédation. Depuis, les affaires de corruption se succèdent sous son regard médusé, accusant coup sur coup honte et indignation à chacune des éclaboussures de ceux qui se sont accaparés ses biens et son destin. L'interminable liste de scandales dévoilés surtout par des magistrats et des médias étrangers ont mis en lumière l'implication de tous les secteurs de l'État. À chaque contrat de réalisation d'infrastructure, des dessous de table, des commissions et des pots-de-vin sont systématiquement prélevés et versés à la chaîne du réseau impliqué. Auxquels il faudra additionner les prélèvements systématiques d'une dîme sur les contrats hydrocarbures et les importations de produits de consommation de base, sans omettre les fausses factures dans les très gros contrats. Malgré la généralisation de cette pieuvre étalant ses tentacules à toutes les transactions commerciales internationales, notre justice s'est affirmée des plus aveugles et des plus indifférentes aux dégâts laissés sur son passage. Au mieux, elle se contente d'exécuter des partitions composées sur mesure de mains de maître, pour assurer le spectacle, et prélevées sur des symphonies grandioses que le commun des habitants ne pouvait comprendre. Ne juger que ce que l'on ne peut masquer, la partie de l'iceberg rendue visible par l'insolence des magistrats et des médias étrangers, dans des procès décidés dans l'ombre et à l'avance, qui feront pâtir quelques lampistes indisciplinés. Même les magistrats étrangers sont neutralisés. Commissions et rétrocommissions créent des liens de solidarité entre les différents protagonistes de la pègre internationale, particulièrement celle du pétrole, qui bénéficient de larges couvertures d'autorités politiques en Europe et aux États-Unis, qui sont directement bénéficiaires de ces pratiques crapuleuses, neutralisant toute action potentielle de justice de leurs magistrats les plus insolents. La presse algérienne dite indépendante, prudente et disciplinée, n'a d'autre choix pour survivre dans ce radeau de la méduse, que refoulent péniblement nos décideurs, par crainte d'être victime de cannibalisme, que de s'efforcer à noyer les poissons qui la submergent de toute part dans des chroniques chatoyantes jusqu'à la coquetterie. Les véritables maîtres de cette gigantesque machine de corruption ne sont jamais évoqués. Nos chroniqueurs n'ont en définitive pour mission que de la banaliser et d'en faire de simples errances de certains lampistes à sacrifier. La population pour sa part n'ignore rien de la finalité des procès spectacles qui la mettent en scène et de l'habillage du manteau de mensonges que tentent vaille que vaille de tisser autour d'eux nos effarouchés chroniqueurs. Cette outrageuse dilapidation de la rente, évaluée à plusieurs centaines de milliards de dollars, a privé l'économie nationale de croissance et de la moindre création d'emplois. Les conditions sociales se sont profondément dégradées et tous les secteurs de la société se sont gravement sous-développés. La production nationale est quasi inexistante. Alors que des fortunes colossales se sont constituées en se disséminant dans toutes sortes de refuges fiscaux de par le monde. Le pouvoir censé protéger le pays et combattre la criminalité, est devenu le fer de lance et le bouclier de la gigantesque machine de corruption qui a ruiné l'espoir de tous les Algériens et en premier ces malheureux soldats tombés sous les balles aveugles des hordes terroristes. À se demander : quelle Algérie l'armée est-elle allée défendre à Aïn Defla et à Ghardaïa, alors qu'elle est, partout ailleurs, muette ! |
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