C'est finalement à partir du 1er août prochain que l'abrogation du 87-bis
sera appliquée, avait annoncé le Premier ministre Abdelmalek Sellal au mois de
ramadhan, lors d'une tournée dans la wilaya d'Alger. Elle était prévue pour le
1er janvier 2015, sur la base des résolutions de la Tripartite de septembre
2014. L'abrogation de l'article 87-bis du code du travail «sera appliquée dès
le mois d'août prochain, malgré la chute des prix du pétrole», avait indiqué M.
Sellal, avant de souligner que «l'application de cette abrogation bénéficiera
notamment aux bas salaires». La suppression de l'article 87-bis, introduit en
1994 pour brider les salaires sur injonction du FMI lorsque l'Algérie était en
cessation de paiement et donc était passée sous les fourches caudines du FMI,
va coûter au Trésor public quelque 7 milliards de dinars, y compris les rappels
depuis janvier 2015. Les augmentations de salaires, selon les catégories de
travailleurs, vont osciller en moyenne entre 3 000 et 8 000 dinars. Les
catégories socioprofessionnelles qui sont directement concernées par cette
mesure sont celles des personnels d'exécution, «les bas salaires», selon
l'UGTA, qui a expliqué qu'il y aura «une augmentation salariale conséquente,
parfois le double». Environ trois millions de travailleurs, dont un million
dans la Fonction publique, sont touchés par cette mesure, le reste dans le
secteur économique privé et public. Le Salaire national minimum garanti (SNMG)
sera dès lors aligné pour tous à 18 000 dinars, selon le nouveau texte. Le
retard dans l'application de l'abrogation du 87-bis était dû à la nécessité de
déterminer les éléments constitutifs du nouveau SNMG. Selon donc l'article 2 du
décret exécutif (n°15-59 du 18 Rabie Ethani 1436 correspondant au 8 février
2015), «le salaire national minimum garanti (SNMG) comprend le salaire de base,
les indemnités et primes de toute nature». Mais, le même article précise un peu
plus loin : «à l'exclusion de celles (primes) se rapportant aux remboursements
de frais engagés par le travailleur, l'expérience professionnelle ou toute
indemnité rémunérant l'ancienneté, l'organisation du travail concernant le
travail posté, le service permanent et les heures supplémentaires, aux
conditions d'isolement, au rendement, à l'intéressement ou à la participation
aux résultats ayant un caractère individuel ou collectif». Autrement dit, les
nouvelles primes ne seront pas intégrées dans le salaire de base, mais ajoutées
en tant qu'éléments de calcul pour fixer le salaire global brut, qui est
assujetti aux prélèvements de l'assurance obligatoire et l'IRG, ou l'impôt sur
le salaire. Ce décret exécutif fixant la «technicité» de l'application du
nouveau salaire national minimum garanti (SNMG), a été publié au mois de
février dernier, sans que soit appliquée la mesure. Dans le Journal officiel
daté du 8 juillet 2015 correspondant au 21 Ramadhan 1436, un décret exécutif
signé par le Premier ministre le 6 juillet ajoute un article 2-bis spécifiant
que «le présent décret prend effet à partir du 1er janvier 2015». Autrement
dit, tous les travailleurs concernés par l'application de l'abrogation du
87-bis percevront un rappel depuis janvier 2015. Mais la suppression du 87-bis
va coûter aux entreprises publiques et à l'administration 500 milliards de
dinars. «Sur la base des indications les plus récentes concernant la masse
salariale à fin 2012, les incidences financières d'une abrogation de l'article
87 bis doivent se situer dans une fourchette allant de 9 à 11 milliards de
dollars en rythme annuel», avait relevé Aderrahmane Mebtoul, professeur des Universités,
expert international en management stratégique. Dans le secteur privé, au moins
1 million de travailleurs sont concernés par la fin de l'application du 87-bis,
avec une charge financière de 60 milliards de dinars, selon l'ex-président du
FCE, Réda Hamiani.