Dans un entretien
accordé à notre journal, le président de l'APC d'Ouled Farès, M. Ahmed Ghalem,
exhorte les pouvoirs publics à consacrer un budget conséquent pour l'aide à la
construction de logements ruraux à ses administrés, notamment ceux ou celles
qui, en dépit des conditions précaires qui règnent dans le monde rural,
préfèrent rester sur leurs lopins de terre que de grossir les rangs de ces
citoyens qui ont opté pour la vie citadine. Cette requête est motivée, selon M.
Ahmed Ghalem, par le nombre très important de demandes formulées par des
citoyens désireux se fixer sur leurs terres à un moment où l'exode rural bat
son plein. Le P/APC souligne que les programmes d'aides attribuées demeurent
insuffisants, particulièrement pour une commune à vocation agricole où plus de
20.000 familles résident encore dans les campagnes. «L'aide de l'Etat pour la
construction de logements ruraux permettra non seulement de fixer ces
populations mais également de mettre un terme à l'anarchie constatée quant à la
construction d'habitations et, par conséquent, d'éviter un effritement des
parcelles de terre qui doivent être consacrées exclusivement à l'agriculture»,
nous dira le P/APC. Il faut dire que l'exode rural affecte aujourd'hui de
nombreuses communes de la wilaya, provoquant de profonds bouleversements
économiques, sociaux et culturels. Ce phénomène illustre, une nouvelle fois, la
nécessité de replacer l'agriculture au centre de la stratégie nationale de
lutte contre la pauvreté, sachant que l'exode rural, considéré comme le
dépeuplement des campagnes et l'abandon des métiers liés à la terre, est une
question d'envergure nationale. Par ailleurs, si l'exode rural a été plus
accentué au cours de la décennie noire où de nombreux citoyens ont dû fuir
leurs terres de peur d'être assassinés par les hordes sauvages, aujourd'hui, on
peut dire que les motifs sont tout autres après que la sécurité a été restaurée
dans ces campagnes. En effet, de nos jours, on peut relever des facteurs de
répulsion du milieu rural et d'attraction du milieu urbain. La différence de
niveau de vie entre la campagne et la ville est le facteur qui apparaît le plus
souvent dans les diverses déclarations sur ce sujet. Le niveau de vie est
beaucoup plus faible en milieu rural qu'en milieu urbain : revenus de la
population plus faibles, investissements publics proportionnellement moins
élevés, services sanitaires et sociaux plus rares et moins performants... La
migration vers la ville est donc souvent une quête de meilleures conditions
d'existence par la jeunesse, une tentative pour fuir la pauvreté. Ce sont
également ces raisons qui font généralement demeurer en ville ceux qui y ont
migré à l'origine pour d'autres motifs. Il en est de même pour le travail
agricole qui est une des causes de l'exode rural, tant par sa dureté
(disponibilité, revenus aléatoires, absence d'horaires de travail et de congés)
que par sa monotonie, de sorte qu'on a pu parler d'une ?vie d'enfer?. Il en est
de même du sous-emploi rural, surtout saisonnier, source de désœuvrement et
d'ennui, avec l'absence de distractions qui augmente la ?fascination de la
ville?. La scolarisation est également un autre facteur de l'exode rural avec
de multiples facettes. Ainsi, il apparaît paradoxalement que la réussite aussi
bien que l'échec scolaires conduisent à migrer : l'école semble rendre les
sortants du système définitivement inaptes à la vie de campagne. Elle véhicule
un système de valeurs qui prône exclusivement la réussite par le diplôme
scolaire et valorise le salariat urbain au détriment du travail de la terre. Le
monde rural, apparemment, n'offre plus dans ces conditions aucune perspective
de promotion et constitue un ?monde bloqué?, une ?impasse?. Les parents
eux-mêmes ambitionnent de plus en plus une ?autre vie pour leurs enfants?. La
nécessité croissante de fréquenter l'école et de prolonger les études. Une
autre difficulté liée à l'exode rural, celle en rapport avec la cellule
familiale. Il est vrai si, jadis, l'autorité parentale sur sa progéniture
n'était pas du tout contestée, aujourd'hui, les jeunes veulent prendre leur
destin en main et décider de leur propre avenir qui leur semble se trouver au
niveau des grands centres urbains. Quant aux problèmes multiples qui en
découlent de cet exode rural, on peut citer, entre autres, les investissements
de tous ordres nécessaires à l'accueil de la population dans les villes et
surtout dans les grandes métropoles (logement, emploi, santé, éducation,
infrastructures diverses...), ou celui lié à la désaffection des campagnes par
leurs forces vives et notamment ceux du développement rural et de
l'indépendance alimentaire du pays.