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Une délégation du
Parti des Travailleurs (PT) s'est rendue les 12 et 13 juillet à Ghardaïa pour
s'enquérir de la situation et «recueillir toutes les données» sur les
circonstances de la grave crise que traverse la région.
Les résultats des «longues heures de discussions» avec les Conseils des deux communautés (Ibadite et Malékite) et des représentants de l'Union de wilaya de l'UGTA, ainsi que les constatations faites sur le terrain, ont été exposés hier par la secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse, accompagnée de Djelloul Djoudi et Ramdane Taazibt, les deux cadres dirigeants du parti ayant effectué la mission de Ghardaïa. Lors de la conférence de presse, la SG du PT est revenue sur les déclarations de Ahmed Ouyahia, lui reprochant son manque de réserve au regard du poste qu'il occupe en tant que directeur de cabinet du président de la République. La SG du PT a entamé sa conférence en saluant «l'écrasante majorité des médias algériens qui n'ont pas versé de l'huile sur le feu et ont appelé au calme et à l'arrêt de l'effusion du sang». «Ils ont compris que cette fois ce n'est pas comme les précédentes crises», affirme Mme Hanoune. C'est, d'ailleurs, le même constat qui est fait par les concernés eux-mêmes (Ibadites et Malékites) qui estiment que cette crise «est différente» des autres fois. Elle a salué l'attitude des Conseils des deux communautés qui «ont lancé des appels au calme» et «s'en sont remis à l'Etat» pour l'arrêt de l'effusion du sang, tout en revendiquant «la nécessité de faire un diagnostic juste» pour aller vers «une solution durable». «Il est de la responsabilité de l'Etat, affirme Louisa Hanoune, d'assurer la sécurité et d'appliquer la justice» qui doit «sévir contre les provocateurs et les commanditaires». Des mesures «urgentes» sont aussi demandées, comme la «reconstruction» des biens détruits et des «compensations» à accorder aux familles des victimes. UN «AVERTISSEMENT SERIEUX» Pour le PT, la crise de Ghardaïa est un «avertissement sérieux». «L'Algérie n'est pas à l'abri» en raison de «faiblesses multiples (économiques, politiques et sociales)», ce qui permet à des «ONG américaines de trouver un terrain fertile pour leurs agissements», affirme Louisa Hanoune. «Mais ce ne sont pas les plans des ONG qui sont à l'origine» de cette crise, c'est «la conséquence de problèmes existants», dit-elle encore. Selon la SG du PT, les «deux parties reconnaissent l'existence d'extrémistes et de provocateurs» dans leurs camps respectifs et que «les provocations proviennent des deux côtés». Est cité dans le camp ibadite, Kamel Eddine Fekhar, activiste du «Mouvement pour l'autonomie du Mzab (MAM)», désavoué par les mozabites qui ne lui «reconnaissent aucune représentativité». «D'ailleurs, le MAM et le MAK (Kabylie) ne représentent pas» les deux régions, note Louisa Hanoune. Dans le camp Malékite, ce sont des «imams extrémistes qui prêchent la haine dans les mosquées». A ce sujet, Louisa Hanoune dit que l'Etat doit prendre ses responsabilités vis-à-vis de ces imams. A ces deux facteurs internes, la SG du PT ajoute un troisième de nature externe. Il s'agit, selon elle, de la chaîne de télévision «Iqra», d'Arabie Saoudite «source du financement du terrorisme», dont le discours «incite à la haine». Louisa Hanoune s'étonne du «silence des autorités algériennes» qui « devraient protester auprès de l'Arabie Saoudite ». Le PT note aussi des «tentatives d'élargir la crise à d'autres villes de la région», citant le cas de l'assassinat de «quatre citoyens de Ouled Naïl (W. Djelfa)». Evoquant les témoignages recueillis sur place, Djelloul Djoudi, rapporte que les ibadites et les malékites affirment que cette crise «était préparée». «Dans les deux camps, on nous affirme qu'ils étaient dans l'impossibilité de dire comment et pourquoi cela a été déclenché» et les deux s'accordent à dire que «si rien n'est fait pour apporter des solutions multidimensionnelles, la situation peut dégénérer», ajoute M. Djoudi. Ramdane Taazibt affirme de son côté que les représentants des Conseils des ibadites et malékites leurs ont décrit des «tactiques de guérillas». «Ils pensent, dit-il, à l'existence d'un troisième acteur», précisant que sur le début des événements «il y a plusieurs versions». Louisa Hanoune fait le parallèle avec les événements de 2001 en Kabylie où, dit-elle, «un segment du pouvoir (qu'elle qualifie aussi de «forces centrifuges au sein de l'Etat», ndlr) voulait provoquer l'irréparable» en décidant de «tirer à balles réelles, malgré les consignes du président de la République d'en interdire l'usage». DES SOLUTIONS Outre les mesures urgentes, le PT suggère, pour dépasser la crise de Ghardaïa, de prendre en charge un certain nombre de problèmes particuliers à cette région, en particulier concernant l'attitude de l'administration. Le parti réclame un «plan de développement réel» et un «suivi de son application» comportant notamment la «réouverture de la zone industrielle devenue un cimetière» pour permettre la «création de richesse et des postes d'emplois». Il est également suggéré un soutien particulier au secteur de l'agriculture dans cette région. Selon le PT, les problèmes de l'urbanisme sont aussi des motifs de «différends», car «chaque communauté a sa conception urbanistique» liée à sa «particularité culturelle». A cela, il faudra ajouter le «problème du foncier», mais aussi l'attitude de l'administration. Sur ce dernier point, Louisa Hanoune appelle à «la neutralité de l'administration» qui, actuellement, «est formée d'une seule composante». Du coup, explique-t-elle, «toute décision discriminatoire (en matière de logement, par exemple) peut provoquer l'embrasement». Ramdane Taazibt s'est dit étonné que dans le sud du pays «on puisse évoquer des problèmes de foncier». Ajoutant que du côté malékite on évoque «la forte densité de population». LA «FATWA» D'OUYAHIA Louisa Hanoune a également consacré une partie de sa conférence de presse à répondre aux récents propos de Ahmed Ouyahia. La SG du PT ne reproche pas au SG du RND mais au «directeur de cabinet du président de la République» ses propos favorables à «l'oligarchie algérienne». Selon elle, Ouyahia a affirmé qu'il valait mieux que «l'argent soit pris par des (hommes d'affaires, ndlr) Algériens qu'étrangers». Pour Louisa Hanoune, Ouyahia a osé une «fatwa» en faveur du «gaspillage des fonds publics». «A ce monsieur, je dis que même après 500 ans, l'oligarchie ne deviendra jamais une bourgeoisie nationale», déclare Mme Hanoune, pour qui le cas de l'Algérie ressemble à celui de la Russie «où il n'y a pas de bourgeoisie mais une oligarchie». Elle affirme aussi que des organisations patronales algériennes «refusent cette oligarchie» représentée par des hommes d'affaires «ayant des liaisons avec des décideurs du pays». |
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