|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le malaise socioprofessionnel au sein de la Setram persiste encore malgré
les assurances de l'administration. A Constantine, on est arrivé au
durcissement de la position des grévistes qui, après 4 jours de débrayage
(jeudi dernier), ont totalement paralysé le trafic du tramway en supprimant
carrément le service minimum. Depuis jeudi, donc, aucune rame n'a circulé sur
la ligne Zouaghi?Stade Benabdelmalek, et aucun signe ne plaide pour le moment
pour un dénouement du conflit. Le délégué des travailleurs, joint hier au
téléphone, tiendra quand même à préciser que le service n'a pas été supprimé
par les grévistes. «Il y avait amalgame, depuis le début de la grève, au sujet
du service minimum exigé par la loi. Dans notre cas, c'est l'administration de
la Setram qui s'est chargée de l'organisation et la gestion du service minimum,
alors que cet aspect de la question incombe aux grévistes ; c'est aux grévistes
et à leurs représentants de définir ce service minimum et le mettre à
exécution, et non pas à l'administration de le faire», nous a expliqué le
représentant des travailleurs.
Ajoutant dans ce sens que les grévistes ont vainement tenté de convaincre les responsables de la Setram que le service minimum est du ressort des grévistes, et au bout de toutes les explications, les grévistes ont fini par recourir à ce procédé, bloquant les sorties de rames au niveau de la station de Zouaghi et empêchant toute circulation sur la ligne du tramway, au grand dam des usagers. «Si on nous a laissé gérer ce service minimum, on l'aurait maintenu en exploitation. Mais on ne pouvait laisser l'administration appliquer un service minimum de son propre chef, c'est une pure aberration. A quoi bon faire la grève alors ?!», a déclaré, sur un ton indigné, le délégué des travailleurs. L'administration fait part de sa disponibilité à la concertation et au dialogue avec les grévistes, mais les délégués des travailleurs désavouent ces déclarations et affirment qu'il y a plutôt de la persécution et des intimidations contre les travailleurs grévistes. Plusieurs travailleurs grévistes ont reçu des mises en demeure ; les représentants des travailleurs qui se sont rendus hier matin à une rencontre avec l'administration ont été surpris lorsqu'ils ont été accueillis par les gendarmes. Ces derniers ont procédé à des vérifications, puis, avant de repartir, «ils ont concédé que les travailleurs étaient dans leur droit», nous a-t-on affirmé. «Il n'y a ni dialogue, ni négociation, il n'y a que des tentatives pour casser la grève», soutient un délégué des travailleurs. Celui-ci relève que la situation est similaire à Alger et Oran où les tentatives pour casser la grève sont nombreuses. Contrairement à ce qu'on a affirmé, les travailleurs de la Setram Alger et Oran sont toujours en grève ; tout ce qu'il y a c'est que des conducteurs ont fait faux bond aux grévistes et ont rejoint leurs postes de travail, mettant ainsi en circulation de nouvelles rames (en sus de celles déjà en exploitation pour le service minimum), chose qui a laissé croire qu'il y a eu reprise de travail. «On n'a rien obtenu, aucune de nos revendications n'a été satisfaite, comment peut-on dans ces conditions parler de gel de la grève ?», s'étonne le délégué des travailleurs. La Société d'exploitation des tramways (Setram), pour sa part, qui continue à affirmer que les agents de terrain du tramway d'Alger et d'Oran ont repris le travail mercredi après quatre jours de grève, a initié jeudi une action de communication, «non pas pour apaiser la tension mais bien pour discréditer les grévistes auprès de l'opinion publique», fera remarquer le délégué des travailleurs. Sinon, comment expliquer le fait qu'on vienne à rendre public les salaires des travailleurs ?! La Setram, qui exploite les tramways d'Alger, de Constantine et d'Oran, a assuré avoir appliqué une grille des salaires dès la première année de son lancement, tout en relevant que la future convention collective améliorera davantage les acquis des travailleurs. Dans la seconde année, une nouvelle grille des salaires fut élaborée et appliquée, a précisé l'entreprise qui donne, à titre indicatif, quelques exemples de salaires à l'exploitation. Ainsi, un conducteur touche 43 000 DA par mois, un agent de sécurité 32 000 DA, l'agent de vente et contrôle 37.000 DA, le régulateur PCC (poste de contrôle et de commandement) 52.000 DA et un cadre débutant est payé à 54.000 DA par mois, selon la même source. En somme, la Setram laisse entendre que les travailleurs grévistes ont tort sur toute la ligne, d'autant qu'elle émet le souhait d'entamer «très prochainement» des négociations avec leurs représentants. |
|