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L'Etat est décidé à frapper fort, très fort s'il le faut pour rétablir
l'ordre et la sécurité des personnes et des biens. C'est le message délivré
jeudi dans la capitale du M'zab, Ghardaïa, par le Premier ministre Abdelmalek
Sellal, qui a jugé inadmissible que des Algériens s'entretuent.
M. Sellal, qui s'est déplacé à Ghardaïa au lendemain d'un conseil de sécurité d'urgence sur la situation explosive dans le M'zab, présidé par le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika, et l'annonce de 22 morts à la suite d'affrontements sanglants entre mozabites et chaambis, a appelé les notables des deux communautés à intervenir pour ramener calme et sérénité dans la vallée. Et puis, ?'nous sommes tous des Algériens et nous devons vivre ensemble dans la concorde et veiller à la fraternité et le respect de l'autre», a-t-il lancé à la ronde, comme pour bien se faire comprendre. Main de fer dans un gant de velours, le Premier ministre, qui a rappellé les mesures prises la veille par le président Bouteflika, a souligné qu'il ?'veillera à leur application (...) en vue de restaurer la sécurité, la paix et la cohésion sociale dans la région de Ghardaïa''. M. Sellal, qui a annoncé que la région est dorénavant sous la surveillance de l'armée, a détaillé en indiquant que le commandant de la 4ème région militaire a été chargé de «superviser l'action des services de sécurité et des autorités locales pour rétablir l'ordre public et préserver la sécurité des personnes et leurs biens à travers la wilaya de Ghardaïa». Pointant du doigt ?' les desseins et visées malsaines de certaines personnes qui veulent toucher à l'Unité nationale», il a appelé les jeunes des deux communautés de la vallée du M'zab à s'unir pour faire ?'échec à ces visées''. Il rappellera également que « l'Algérie est une et unie, indivisible», avant de prévenir que cette ligne ?'ne peut être franchie''. Et dans la foulée, il confirme que l'armée a été désignée pour diriger et superviser les actions de rétablissement de l'ordre, y compris par l'instauration d'un couvre-feu et interdire les attroupements, s'il le faut. ?'Le commandant de la 4ème région a toutes les prérogatives, conformément aux lois de la République, pour rétablir l'ordre même en instaurant un couvre- feu, interdisant les manifestations, les attroupements, a-t-il affirmé. Pour le volet sanctions contre les fauteurs de troubles et les meneurs des manifestations et affrontements dans plusieurs villes de la région, dont Guerrara, Berriane et Ghardaïa, il a également souligné que «l'Etat va appliquer les instructions du président de la République avec diligence et sévérité pour mettre un terme aux violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l'atteinte à la sécurité des personnes et des biens». Une des mesures prises par le président pour ramener le calme et la sécurité dans la région a été de charger le ministre de la Justice d'instruire le parquet pour diligenter des enquêtes contre ?'toutes les violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l'atteinte à la sécurité des personnes et des biens''. Auparavant, le Premier ministre avait présidé, à son arrivée aux environs de 14h30 jeudi à Ghardaïa, avec les autorités locales, civiles et militaires, une réunion d'évaluation de la situation sécuritaire dans la wilaya en présence du chef de la 4ème région militaire. Pour ce qui est du gouvernement, il a rappelé que le rôle de l'exécutif consiste à assurer et veiller à la stabilité du pays et à œuvrer pour le développement économique des différentes régions du pays, et a appelé les habitants de Ghardaïa à la sagesse et la compréhension pour surmonter cette situation. RETOUR AU CALME, DES ARRESTATIONS Pour autant, les services de sécurité, avec le retour au calme après deux jours de violents affrontements, marqués par des dizaines de blessés et 22 morts dont beaucoup par armes à feu, ont procédé à plusieurs arrestations. Car au moment où le Premier ministre était en conclave avec la société civile de la région et les autorités sécuritaires, la police a arrêté jeudi plusieurs individus, et a procédé ?'à la saisie de dizaines d'armes blanches, suite aux incidents survenus récemment dans la wilaya de Ghardaïa''. Un communiqué de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) indique en effet que les services de sécurité ont procédé, le 9 juillet 2015, à l'arrestation de 30 personnes pour atteinte à l'ordre public et à la sécurité des citoyens et des biens». Lors d'une opération d'envergure, des dizaines d'armes blanches de différents types ainsi qu'une quantité importante de cocktails Molotov ont été saisies, a ajouté la même source, soulignant que «ces opérations se poursuivent afin de neutraliser tous les contrevenants». Le calme semble être revenu, même précaire, dans la région, après les mesures prises par le chef de l'Etat, notamment en plaçant pratiquement la wilaya de Ghardaïa sous contrôle de l'armée. Cela a-t-il pu réfréner les ardeurs séditieuses de quelque partie qui veut pousser au pire dans une région où vivent depuis longtemps, en parfaite harmonie, mozabites dans leurs Ksour fermés aux visiteurs la nuit et chaambas, descendants de nomades ? Ou bien les mesures draconiennes prises cette fois-ci ont-elles fait leurs effets? Mercredi dernier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait chargé le commandant de la 4ème région militaire de «superviser l'action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l'ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa». Il a également chargé le Premier ministre de «veiller, avec le ministre de la Justice, Garde des sceaux, afin que le Parquet prenne en charge, avec diligence et sévérité, toutes les violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l'atteinte à la sécurité des personnes et des biens». En outre, le gouvernement a été aussi chargé de «veiller, sous l'autorité du Premier ministre, à diligenter la mise en oeuvre des programmes déjà arrêtés en vue de la relance du développement économique et social et du retour à une vie normale à travers le territoire de la wilaya de Ghardaïa». Entre samedi et mercredi dernier, Ghardaïa, Guerrara et Berriane s'étaient embrasées. Bilan: 22 morts, des dizaines de blessés dont beaucoup dans un état jugé critique, des édifices publics et privés, des maisons, des voitures et des palmeraies incendiés à Guerrara et Berriane. Un décor dantesque que renvoie aujourd'hui la vallée du M'zab, qui a connu ces derniers jours les pires moments de son histoire millénaire. Le pire a-t-il été évité ? Prudence. Même si toute la vallée est pratiquement quadrillée par les forces d'intervention de la Gendarmerie nationale et de la police. |
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