
Malgré la campagne démagogique et mensongère des appareils politiques de
l'UE, laissant entendre la volonté d'Athènes de quitter la zone euro et l'Union
européenne, le peuple grec à dit, lors du référendum de dimanche, « non » à
l'austérité imposée par la loi de l'ultralibéralisme financier.
Jusqu'au bout, le gouvernement grec n'aura failli à son engagement
électoral : sortir le pays de la logique de l'austérité financière au profit
d'un processus plus juste qui ne ruine pas les espoirs d'une reprise économique
et préserve l'équilibre social et politique en Grèce. Huit plans d'austérité se
sont succédés, sous la pression des créanciers depuis 2008, pour conduire le
peuple grec à une situation de crise plus complexe et ce, malgré les deux plans
d'aide du FMI, Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds européen de
stabilité financière(FESF). Trois gouvernements ont jeté l'éponge durant cette
crise avant l'arrivée au pouvoir, en février dernier, de celui conduit par
Alexis Tsipras, d'obédience gauche-radicale. Le 25 juin, constatant lors du
dernier round des négociations à Bruxelles, la volonté des créanciers de le
pousser à renier ses engagements électoraux (la fin de l'austérité), le jeune Premier
ministre a sorti son joker politique : donner la parole au peuple grec. Dans le
cas ou le peuple grec accepte les conditions imposées par la « troïka » FMI ?
BCE- EU (Euro-zone), Tsipras donnera la démission de son gouvernement. Dans le
cas contraire, il reprendra la négociation avec d'autres perspectives que
celles de l'austérité. A partir de ce fameux 25 juin, la rupture de la
négociation et l'annonce par Alexis Tsipras d'un référendum, la machine
ultra-libérale de l'Europe et du FMI a déclenché une véritable campagne de
propagande et de désinformation attribuant au gouvernement grec un projet de
quitter la zone euro, voire l'Union européenne. Le ministre grec des Finances
et de l'Economie, Yanis Varoufakis n'avait pas tort de qualifier les pressions
des créanciers, via les déclarations des responsables des institutions
européennes, de « terrorisme financier et économique ». Les médias européens ne
parlaient (et parlent encore) que de sortie de la Grèce de la zone euro et de
l'Union européenne. Pourtant le référendum portait sur le choix des conditions
d'un accord avec les créanciers. Pourtant le gouvernement grec répétait son
attachement à la monnaie commune européenne et sa profonde conviction dans le
destin commun de l'Europe. Alexis Tsipras n'à jamais nié la dette de son pays :
il demande sa restructuration en un échéancier moins contraignant (jusqu'en
2030) qui donnerait des marges de manœuvre à l'économie grecque pour un retour
à une croissance et à un équilibre budgétaire. Il veut sauver son pays de
l'explosion sociale et politique qui le guette depuis 2008 et les premières
mesures d'austérité. Malgré les deux plans d'aide mis en place depuis 2010, la
Grèce s'est enfoncée dans la crise et son endettement s'est accru
considérablement. Preuve, s'il en est, que le régime d'austérité imposé par les
créanciers n'aide pas à la sortie de crise, mieux, il aggrave la situation du
pays. « L'affrontement » gouvernement grec ? reste de l'Europe et FMI, traduit
clairement une bataille politique et économique « systémique » :
l'ultra-libéralisme de la majorité des gouvernements européens à celui d'un
système social et solidaire, plus juste dans le partage des richesses. La
multiplication des réunions à tous les niveaux de pouvoir en Europe (et au sein
du FMI) ces derniers mois et leurs échecs expriment bien l'incompatibilité des
deux visions (choix) opposant la partisans d'une Europe ultra-libérale à celle
d'une Europe sociale et solidaire. Les gouvernements européens de droite dits
sociaux-libéraux suivent et appliquent la loi des marchés financiers et du jeu
des places boursières internationales qui fonctionnent sur la seule logique du
profit, rien que le profit financier. Faut-il rappeler à ce sujet que la dette
souveraine grecque autant que toutes les dettes souveraines des Etat ont été
héritées des dettes bancaires privées ? Après la crise bancaire de 2008,
commencée par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les Etats
ont pris en charge l'endettement des banques privées. C'est-à-dire que les Etats
ont transféré les dettes aux peuples. Du coup, les porte-voix de
l'ultralibéralisme ont inventé des formules sidérantes, genre : « chaque Grec
doit à chaque Français mille euro?il doit aussi 800 euros à chaque Belge etc. »
Mieux, « le bébé qui nait en 2015, nait endetté de quelque 30.000 euros ! » En
clair, les peuples doivent beaucoup d'argent aux banques privées, même s'ils
n'ont jamais emprunté à ces banques et n'ont aucun compte-courant chez elles. »
Cependant, faut-il conclure que le défi grec de faire changer de cap politique
et économique à l'Union européenne est gagné ? Pas si sûr : le bras de fer ne
fait que commencer entre Grecs et reste de l'Europe. Avant même la proclamation
du résultat définitif du référendum grec, les états-major des institutions
financières et des Etats européens ont entamé des consultations en prévision du
Sommet européen de ce mardi à Bruxelles. Rien n'est joué définitivement pour la
Grèce : cela dépendra du rapport de force au sein du Conseil européen (Chefs
d'Etats et de gouvernements). D'un côté, l'intransigeance allemande soutenue
par quelques pays nord-européens (Suède, Danemark) et de l'autre des pays plus
enclins à assouplir les conditions drastiques du FMI et de la BCE, tels
l'Espagne, le Portugal, et la France dans une certaine mesure. Du coup, la «
crise grecque » devient une crise de l'Union européenne. La crédibilité
économique, mais surtout politique de l'UE dépendent de la manière dont cette
crise trouvera une solution. Un compromis sur le cas grec est inévitable, sinon
l'Europe s'engouffrera dans une crise irréversible qui la mènera, à terme, à
une entité régionale insignifiante, sans poids géostratégique et sans avenir
pour ses peuples.