
Dire
qu'Air Algérie est la compagnie aérienne la moins sérieuse du monde peut passer
lorsqu'on poireaute trois heures dans un aéroport en attendant son vol. Et qui
de nous n'a pas maudit Air Algérie pour ses retards légendaires, son service à
bord, ses grèves intempestives, ses tarifs prohibitifs, son personnel trié sur
le volet des connaissances et son mépris total du client. Si le constat est
oral et impuissant, malgré quelques tentatives de la traîner devant les
tribunaux, ni les ministres ni les différents programmes de relance ne sont
venus à bout de cette machine budgétivore. Mieux, Air Algérie qui revendique un
monopole de fait, puisque ne pouvant décemment survivre à une concurrence
saine, traîne son image écornée sur tous les aéroports du monde.
La compagnie, au centre du scandale de
Bruxelles, qui a vu un de ses avions cloué au sol n'était-ce une intervention
diplomatique salvatrice, n'en finit plus de faire la une des médias, et dans le
mauvais terme. Le tout nouveau ministre des Transports, Boudjema Talaï, en
rendant une copie critique sur Air Algérie a fait réagir syndicats et quelques
parlementaires. Pour ces derniers, le problème de leur compagnie réduit à un
«simple problème de management» ; qui concernerait toutes les autres
entreprises algériennes ; ne saurait justifier les propositions du ministre
d'ouvrir les pistes à d'autres compagnies étrangères. Les syndicalistes mettent
en avant les progrès enregistrés ces dix dernières années par la compagnie
aérienne alors que du point de vue du passager, Air Algérie n'a jamais cessé de
régresser dans ses prestations commerciales.
Pour
ses défenseurs, Air Algérie a multiplié son chiffre d'affaires par deux mais
oublient en même temps que ses tarifs sont parmi les plus élevés au monde pour
équilibrer une balance fragilisée par ses charges fiscales et parafiscales. En
s'opposant à l'open sky, les détracteurs du ministre lui reprochent de ne se
focaliser que sur la ponctualité des vols pour charger leur entreprise. Mais en
développant un tel argumentaire, ils éludent les véritables raisons qui ont
fait d'Air Algérie une risée dans son propre ciel. Outre l'aspect horaire, tout
est à revoir dans cette compagnie qui, faut-il encore le rappeler, appartient
tout comme Sonatrach ou Sonelgaz à tous les Algériens. Que l'esprit
corporatiste se manifeste, rien n'est plus surprenant, mais qu'on prenne au
moins la forme pour défendre une compagnie qui continue encore à se moquer de
ses clients.