|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'Europe met la pression à son maximum pour pousser le gouvernement de
gauche radicale grec dans la voie du libéralisme, sous peine de faillite du
pays. Lundi, les chefs d'Etats et de gouvernements de l'UE se réuniront à
Bruxelles pour sceller le destin grec.
Avec la question grecque, l'Europe joue sa survie. Un signe ? Les négociations permanentes à différents niveaux qui n'en finissent pas depuis des mois jusqu'à pousser les chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union européenne (UE) a se réunir lundi prochain à Bruxelles en Sommet extraordinaire consacré exclusivement à statuer sur le destin de la Grèce au sein de l'UE. La pression exercée sur le gouvernement grec ne tient pas uniquement au remboursement, d'ici le 30 juin, de quelque 1,6 milliards d'euros à ses créanciers, dont le FMI et l'UE comme principaux créanciers, mais obtenir des engagements de son chef, Alexis Tsipras, une série de réformes structurelles de portée sociales considérables: l'allongement de l'âge de la retraite à 65 ans et la diminution des plafonds y compris pour les plus petites retraites, ainsi que l'augmentation du taux de la TVA d'une manière générale. Autant dire, pousser le gouvernement de gauche grec d'Alexis Tsipras dans «l'aventure» néolibérale dans laquelle est engagée toute l'Europe. Auquel cas l'UE, particulièrement les Etats membres l'Euro-groupe bloqueront l'aide promise et programmée de 7,2 milliards d'euros à la Grèce. Conséquence immédiate: la Grèce sera en situation de défaut de paiement, c'est-à-dire un blocage de son système financier et économique qui la mènera vers la faillite. Après ? C'est la grande interrogation. L'UE cédera-t-elle et ira au secours de la Grèce pour éviter un krach financier général qui impactera toute l'Europe et au-delà, toute l'économie mondiale sous l'effet « dominos », tant l'interdépendance de l'économie européenne et mondiale ne laisse pas trop de marge de manœuvre aux Etats sous la gouverne des marché financiers? Ou bien, la Grèce sera exclue de la zone euro et retournera à sa monnaie nationale? Dans ce dernier scénario, les conséquences seront plus graves pour l'UE: c'est le projet de construction européenne mené depuis 60 ans qui sera, pour la première fois, remis en cause donnant ainsi raison aux eurosceptiques et adversaires de l'union, notamment les partis politiques populistes et d'extrême droite. Au plan financier, une sortie de la zone euro de la Grèce bousculera tous les budgets des Etats européens, plombera pour longtemps les frémissements de croissance économique constatés ces derniers mois et plongera les marchés financiers dans une instabilité périlleuse pour l'Europe et le reste du monde. Pourtant, face à un tel péril politique et économique pour l'Europe, les créanciers de la Grèce, FMI, Banque centrale européenne et Fonds de solidarité européen accentuent jusqu'à la dernière minute la pression sur le gouvernement Grec pour qu'il «abdique» et accepte les conditions (réformes) qui lui sont imposées. Le suspens est entier puisque le gouvernement grec refuse (jusqu'à ce vendredi où les négociations se poursuivent en coulisses à Bruxelles) de plier et maintient sa politique de ce qui reste de «protection sociale» pour son peuple (retraite et TVA). Vendredi, la chancelière allemande, Angela Merkel avertissait: «le Sommet de lundi sera consultatif s'il n'y a pas de base pour un accord». Entendez, si le gouvernement grec ne se plie pas aux exigences européennes. Autant dire que la négociation est totalement bloquée et constater l'inutilité de la réunion de lundi. En Grèce, les épargnants ont déjà retiré des banques plus de 5 milliards d'euros durant les trois derniers jours, poussant la Banque centrale européenne à alimenter son programme de liquidités de quelque 1, 8 milliards d'euros pour maintenir à flots le fonctionnement des banques grecques. Chaque minute qui passe sans un accord aggrave le volume de la dette grecque et menace les prévisions financières du reste de l'Europe. Pourtant, le gouvernement grec ne demande rien plus qu'un délai supplémentaire pour honorer son échéancier et ses créanciers. En cédant aux exigences de ses «frères» européens, le gouvernement grec trahira ses engagements de campagne électorale, le peuple grec et devra par conséquent quitter la scène politique. Malheureusement, même dans ce cas, la situation de la Grèce restera entière, sinon pire, puisque c'est le retour annoncé à un régime d'austérité drastique, celui-là même qui a plongé la Grèce dans la crise politique et sociale qu'il vit aujourd'hui. C'est cette issue absurde que propose l'Europe à la Grèce. La puissance et la force des marchés financiers, avec ce qu'ils contiennent comme logique de spéculation, auront-ils le dernier mot? Si telle sera l'issue de ce bras de fer entre l'Europe et Athènes, elles s'éloigneront ensembles des idéaux démocratiques sur lesquels le projet européen se construit depuis la dernière grande guerre, voilà près de soixante-dix ans. |
|