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Al Qaïda dément la mort de Belmokhtar

par Yazid Alilat

Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe terroriste Al Mourabitoun, serait toujours vivant. Il n'aurait pas été tué dans le raid aérien mené dans la nuit de samedi à dimanche dernier par les Etats-unis contre une ferme à Ajdabyia, dans l'est libyen, où il aurait participé à une réunion de groupes terroristes libyens, dont celui composé notamment de dissidents touaregs d'Ansar Charia. Dans la soirée de dimanche dernier, les autorités libyennes avaient annoncé que «des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d'un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste dans l'est de la Libye». Selon les mêmes sources, la frappe aérienne américaine a eu lieu «après consultation avec le gouvernement intérimaire libyen». Donnant plus de précisions sur cette frappe menée en concertation avec les autorités, l'agence libyenne Lana indiquait que «la frappe de l'armée de l'air américaine a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme à Ajdabiya, à 160 km à l'ouest de Benghazi, où Belmokhtar tenait une réunion avec d'autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d'Ansar Charia». Mais, très vite, l'annonce est démentie par les groupes terroristes. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a ainsi démenti la mort de Mokhtar Belmokhtar, indiquant dans un communiqué mis en ligne dans la nuit de jeudi à vendredi, que ?'le moujahid Khaled Abou al-Abbas est toujours vivant et se porte bien», utilisant le nom sous lequel Belmokhtar est largement connu dans les milieux djihadistes. «La vraie cible de cette frappe aérienne était les lions de Libye», ajoute Aqmi. En fait, c'est à travers l'agence privée mauritanienne Al-Akhbar, que le groupe Al-Mourabitoun de Belmokhtar avait déjà démenti jeudi la mort de son chef dans cette frappe dans l'est de la Libye, comme l'avait déjà fait mardi Ansar Charia, le groupe djihadiste libyen touché par cette frappe dans l'est du pays.

Dans le communiqué, le groupe de Belmokhtar dément également la présence de son chef dans cette région et accuse le gouvernement libyen de Baïda de «complicité» dans le raid américain.

SCEPTICISME A ALGER ET PARIS

Contrairement aux affirmations des Libyens, la France, par la voix de son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, est sceptique sur la mort de Belmokhtar. M. Le Drian a précisé dans une interview à une chaîne TV française ne pas avoir de certitude sur la mort de Belmokhtar. «Nous n'en sommes pas sûrs. Il y a eu un raid par l'armée américaine qui a ciblé un lieu où il était censé se trouver. Mais je ne peux pas à ce jour confirmer sa mort. C'est très probable, mais ce n'est pas encore certain», a déclaré le ministre français. Lundi, en visite à Alger, le président français François Hollande avait quant à lui estimé qu'il y avait «une très grande probabilité» que Mokhtar Belmokhtar ait trouvé la mort dans ce raid. Pour le ministre français de la défense, ?'cela montre une chose : c'est que les djihadistes de cette zone sont aujourd'hui sur le reculoir. C'est eux qui sont en insécurité». Une source sécuritaire en Algérie avait affirmé d'autre part que les autorités algériennes n'avaient reçu aucune notification de la mort de Belmokhtar de la part des Libyens ou des Américains, ni aucune demande d'authentification de son identité. A Washington, le doute sur la mort du chef du groupe terroriste Al Mourabitoun ou ?'les signataires par le sang'' est de mise. «Notre première évaluation est que le bombardement avait réussi (à tuer Belmokhtar), mais nous ne sommes pas prêts à confirmer cette évaluation, car nous n'avons pas finalisé le processus de vérification», avait précisé par ailleurs, lundi, le Pentagone.