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A
peine réinstallé aux commandes du RND, Ahmed Ouyahia a lancé en direction des
partis de la majorité présidentielle la proposition de faire alliance partisane
pour apporter un soutien plus efficace au président Bouteflika et défendre son
programme et ses projets politiques. Alliance qu'il considère par ailleurs
comme devenant indispensable pour permettre à la majorité présidentielle de
contrecarrer la montée en puissance et en crédibilité sur la scène politique de
l'opposition qui est parvenue à rassembler ses rangs autours d'une plate-forme
politique et des revendications sur la base desquelles elle a opéré un
déploiement en direction de la société et des médias en proférant qu'en ces
domaines les partis de la majorité ne se distinguent que par l'étalage de leurs
dissensions internes ou l'arrogance de l'affirmation que tout va pour le mieux
dans le meilleur des mondes et que ce que dit cette opposition serait nul et
non avenu. En lançant l'appel a former alliance de partis de la majorité
présidentielle, Ahmed Ouyahia a admis implicitement que le pouvoir évalue avec
inquiétude le fait que l'opposition, contrairement à ses prévisions, est
parvenue à se rassembler et parle d'une seule voix contre lui et se montre
incisive et assez convaincante dans son offensive.
La crainte que suscite la montée en force de l'opposition est probablement l'une des raisons ayant motivé le retour d'Ouyahia à la tête du RND. Ceux qui ont commandité l'opération ont dû s'aviser qu'il présente, plus que les autres chefs des partis de la majorité présidentielle, les qualités à être le moteur et le stratège de l'alliance partisane dont la mission va consister à faire pièce au front de l'opposition qui a surpris par sa pugnacité et son potentiel de mobilisation. Les gens du pouvoir ont beau se gausser de l'opposition sur sa prétendue incapacité à dépasser ses irréconciliables » clivages politiques idéologiques et ses querelles de leadership. Ils n'en ont pas moins été ébranlés par l'incontestable succès politique qu'elle a signé contre toute attente en organisant la fameuse conférence nationale de Mazafran qui a cimenté ses rangs et lui a valu de rencontrer une écoute populaire indéniable. L'autre inquiétant signal pour eux que l'opposition anti-pouvoir trouve écho de plus en plus large au sein de l'opinion et de la société civile, a été l'engouement populaire incontestable qu'à suscité la candidature d'Ali Benflis à la présidentielle de 2014 et la facilité avec laquelle celui-ci a, depuis, pu procéder à l'implantation à travers le territoire national du parti qu'il a fondé pour continuer le combat pour lequel il s'était porté candidat à la présidentielle. Il n'y a aucun doute que le retour sur la scène partisane d'Ouyahia s'inscrit dans la stratégie du pouvoir d'opposer à un chef de file de l'opposition dont le crédit populaire enfle incontestablement une personnalité de la majorité présidentielle ne portant pas en elle les tares rédhibitoires qui plombent un Amar Saadani Amar Ghoul ou Amara Benyounès. Même s'il n'est pas à la tête du plus important pari de la majorité présidentielle, Ouyahia ferait assurément meilleure tête d'affiche pour l'alliance dont il a lancé la proposition que ses homologues dont l'arrogance, combinée à leur réputation sulfureuse en terme de probité, en a fait des acteurs politiques qui repoussent et détournent plus qu'ils n'attirent et mobilisent. Dans cette mission, Ouyahia serait bien à sa place étant ce qu'il admet lui-même être l'homme qui ne refuse aucun des rôles que ses sponsors veulent le voir tenir. |
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