La terre agricole
est un bien précieux, souvent au cœur des passions lorsqu'il s'agit de la
vendre, de l'acheter ou de la convoiter. A Tlemcen, les spéculations sont
nombreuses et les terres périurbaines nourricières d'autrefois sont, à présent,
envahies par le béton. Elles s'amenuisent comme une peau de chagrin autour de
la ville. Les constructions et projets immobiliers poussent en périphérie
urbaine comme des champignons et des dizaines d'hectares fertiles disparaissent
chaque année. Devant cette extension inexorable de la ville sur les espaces
agricoles avoisinants, les riverains et spécialistes de l'urbanisme sont très
inquiets sur l'avenir des terres dans le futur, car au train où vont les
choses, il n'y aura bientôt plus de terres agricoles aux alentours de la ville
de Tlemcen. " L'étalement de la ville et l'accroissement des chantiers de
construction sur les terres agricoles périphériques ont eu des effets néfastes
sur la nature. Des espaces naturels ont été détruits, ce qui pose des problèmes
pour la biodiversité, la beauté du paysage, mais également sur la vie des
habitants, à cause notamment de la perte de terrains agricoles, la destruction
de l'environnement et les nuisances sonores pour les habitants. La
périurbanisation entraîne des perturbations dans le milieu naturel de certaines
espèces florales et animales, pouvant entraîner à long terme leur disparition
", nous dira un architecte de la ville de Tlemcen, qui expliquera aussi :
" Nous n'avons pas de chiffres exacts, mais des dizaines d'hectares ont
été englouties par l'étalement urbain, au cours de ces dernières années, et si
la ville continue à s'étaler au même rythme qu'à l'heure actuelle, la surface
agricole utile (SAU) devrait encore baisser à l'horizon 2030. Il ne faut pas
oublier que les sols qui sont artificialisés par l'urbanisation sont, dans
beaucoup de cas, des sols aux qualités agronomiques excellentes du point de vue
fertilité, qualité de la structure et de la composition. Il est alors dommage
de faire pousser des immeubles de la promotion immobilière au lieu de beaux
parcs et jardins publics par exemple ". Pourtant, la loi d'orientation
agricole de 2008 et celle portant sur l'exploitation des terres du domaine
privé de l'Etat de 2010 fixent le cadre dans lequel les terres "à faibles
potentialités agricoles" peuvent être utilisées pour la réalisation des
projets d'équipements publics et des constructions. " Il faut préserver ce
qui reste de terres périurbaines à Mansourah, Chetouane et Tlemcen.
Aujourd'hui, Tlemcen a besoin d'un grand pôle urbain pour la réalisation de
programmes de logements et d'équipements sur des terrains rocheux de forte
consistance, comme par exemple Boudjemil, un site situé à l'ouest de la ville
idéal pour ce genre d'opérations. Il faut coûte que coûte protéger les terres
agricoles périurbaines qui restent de l'avancée du béton. Cela nécessite
l'intervention du mouvement associatif, de toutes les institutions de l'Etat et
citoyens. Il faut penser aussi à un plan vert, qui définit la macrostructure
écologique de la capitale des Zianides à l'horizon 2030, qui prévoit la
création d'"agriparcs" permettant de protéger les terres agricoles de
l'urbanisation. Ces agriparcs vont constituer une ceinture verte qui permettra
de protéger les exploitations agricoles actuelles de l'extension urbaine
", préconisera, pour sa part, le président de l'Association pour la
sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen
(ASPEWIT), Morsli Bouayad.