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Conflit du Sahara occidental: en finir avec les fausses-vraies négociations

par Kharroubi Habib

Il y a vingt ans, le Front Polisario acceptait la trêve des armes dans sa lutte contre le colonisateur marocain. Il s'y était résolu à la demande des Nations unies lesquelles en avaient en contrepartie promis l'organisation d'un référendum d'autodétermination permettant à la population du Sahara occidental de s'exprimer sur le statut politico-juridique qu'elle veut pour son territoire.

Deux décennies après, la promesse onusienne reste lettre morte. Le Maroc fort des soutiens que lui prodiguent des puissances «amies» dont la France en particulier s'entête obstinément à rejeter le principe de l'organisation de ce référendum après avoir fait mine d'y souscrire lors des négociations sur la trêve des armes. Ce n'est pourtant pas tant l'obstination marocaine qui est cause que, depuis, le dossier du conflit du Sahara occidental soit dans l'impasse et que le peuple sahraoui vit toujours sous occupation marocaine avec son cortège de déni, de répression et d'atteintes à ses droits humains et civils. Il y a surtout que les Nations unies ont fait preuve d'une coupable «compréhension» à l'égard du colonisateur marocain qui leur a fait considérer qu'il n'y aurait pas obligation pour elles dans le cas du Sahara occidental de s'en tenir à la solution politique qu'elles ont initialement préconisée.

Leur «compréhension» est allée jusqu'à tolérer que le royaume chérifien considère les résolutions onusiennes s'en tenant au principe de l'organisation du référendum d'autodétermination comme nulles et non avenues et à lui reconnaître le droit de vouloir s'en affranchir. Ainsi encouragé par l'attitude onusienne, le Maroc persiste et signe dans son rejet de la solution de l'organisation du référendum à laquelle il entend lui substituer celle concoctée par son monarque et le Makhzen se réduisant en l'octroi au territoire du Sahara occidental d'un semblant d'autonomie administrative et de représentation ne remettant pas en cause le fait accompli de l'annexion au royaume de ce territoire. Ce qui, et les Nations unies le savent bien, reviendrait à priver les Sahraouis du droit à l'autodétermination reconnu par leur propre charte à l'ensemble des peuples du monde.

Il n'est aucune raison qui justifierait que le peuple sahraoui soit privé de ce droit, surtout pas celles fumeuses et infondées que le Maroc est allé chercher dans l'histoire. Il est temps que les Nations unies se ressaisissent et cessent de suivre le royaume chérifien dans ses errements visant à convaincre qu'il existerait une autre solution au conflit du Sahara occidental que celle permettant au peuple de ce territoire de s'exprimer par voie référendaire sur ses destin et avenir. Elles le feraient en entendant l'appel que l'Union africaine vient de lancer au Conseil de sécurité réclamant une révision globale du processus de négociation entre le Front Polisario et le Maroc consistant à fixer de façon contraignante le cadre et le but de la négociation.

Pour l'Union africaine, la négociation entre le Front Polisario et le Maroc ne peut être que directe, sans préalable et destinée à atteindre «une solution politique mutuellement acceptable, juste et durable qui prévoit l'autodétermination du peuple sahraoui». Qu'en somme, il revient au peuple sahraoui de se prononcer et non de se voir imposer un statut sur lequel il ne serait pas consulté. Le statu quo dans le conflit du Sahara occidental auquel s'en tiennent les autorités de Rabat est une humiliante insulte faite à l'Afrique à travers le maintien de l'un de ses peuples dans la condition de colonisé et qui plus est par un Etat du continent, qui s'est substitué à un autre occidental qui en a fini avec son passé de colonisateur.