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Il faut dire que
le président du tribunal criminel près la cour de Blida, M. Antar Menouar, a
fait dans la célérité pour entendre plus de 300 témoins convoqués à ce procès
en appel de l'affaire Khalifa Bank entamé il y a juste un mois. Avant-hier donc
(mardi), il a entendu les derniers témoins, pour la plupart d'anciens et
actuels présidents de clubs de football, le président de la FAF et d'autres
encore qui ne se sont pas présentés, le président s'étant contenté de lire
leurs dépositions faites devant le juge d'instruction. Selon la plupart des
témoignages, c'est le PDG de Khalifa Bank, M. Abdelmoumène Rafik Khalifa, qui
discutait avec les présidents des clubs et qui fixait les modalités de prise en
charge, revenant, dans la plupart des cas, à payer les frais de déplacement, de
restauration, d'hébergement et de salaires pour les joueurs, à charge pour les
clubs de porter des maillots avec le logo du groupe Khalifa et la pose de
panneaux publicitaires lors des matches.
A partir d'hier mercredi et jusqu'à aujourd'hui, le président du tribunal entendra les représentants des 132 victimes de Khalifa Bank qui se sont constitués partie civile. Tous réclament le remboursement de leurs dépôts, allant de quelques dizaines de millions de centimes à des dizaines de milliards de dinars, à l'instar des caisses de sécurité sociale, de la CNR ou d'entreprises publiques. Le juge a donc appelé à la barre M. Benacer Abdelkader, un militaire à la retraite qui a obtenu un prêt de 162 millions de centimes du ministère de la Défense nationale pour l'achat d'un logement. Obligé, pour des raisons techniques, d'ouvrir un compte à Khalifa Bank, il y dépose le prêt mais il se voit retourner une fin de non-recevoir quand il a tenté de le récupérer. Lors de la mise en liquidation, le liquidateur ne lui rend que 70 millions de centimes. Le représentant légal de l'OPGI d'Oum El-Bouaghi réclame un dépôt de 26 milliards de centimes dont il reste plus de 10 milliards à ce jour dont il réclame la restitution. C'est le cas aussi du représentant des Moulins des Bibans qui réclame les 10 milliards déposés en 2002 et non encore récupérés à ce jour, de même que celui de l'OPGI de Djelfa qui a procédé au dépôt de 13 milliards de centimes dont une partie seulement a été récupérée et le reste demeure encore en suspens. Il fut suivi du liquidateur du groupe BGA qui annonce que le groupe avait perdu plus de 12 milliards de centimes sur la totalité du dépôt de 180 milliards effectué. La représente de l'OPGI de Aïn Témouchent déclare qu'un dépôt de 10 milliards de centimes avait été fait en 2001 et fut suivi, en 2002, d'un autre de 5 milliards centimes. Elle affirme que toutes les tentatives des responsables pour récupérer leur bien ont échoué, jusqu'à ce que le liquidateur leur octroie 5% du montant total, le reste n'est toujours pas récupéré. Continuant ses auditions, le juge appelle la représentante de l'Entreprise nationale de travaux aux puits qui déclare que l'entreprise qu'elle représente avait fait un dépôt total de 50 milliards de centimes dont ils n'ont retiré que les intérêts, le reste ayant été perdu à ce jour: «même le liquidateur ne nous a rien restitué» précise-t-elle. Enfin les représentants des OPGI de Ouargla et de Bouira, qui ont fait des dépôts respectivement de 45 et 15 milliards de centimes dont ils n'ont pu récupérer que 5% resitués par le liquidateur. Après la pause de midi, les auditions ont été reprises avec le représentant de l'OPGI de Sétif qui annonce que l'institution avait fait un dépôt de plus de 74 milliards de centimes dont seulement 5% ont pu être récupérés auprès du liquidateur. Quant à M. Omar Abed, il affirme que lui et son épouse avaient ouvert des comptes à Khalifa Bank en euros et en livres sterling: «mais Khalifa Bank s'est moquée de nous et nous avons tout perdu», a-t-il tenu à préciser. Il dit aussi faire porter la responsabilité de cette situation à la Banque d'Algérie. La victime affirme avoir tenté de récupérer son argent auprès du liquidateur mais sans y parvenir, même après une grève de la faim qui a duré quinze jours. D'autres victimes sont passées pour dire leur malchance et leur malheur en attendant d'être remis dans leurs droits par la justice. Enfin, nous apprenons que la journée d'aujourd'hui (jeudi) verra l'audition du liquidateur de Khalifa Bank, M. Moncef Badsi, qui apportera certainement beaucoup d'éléments au tribunal. |
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