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Chantier de réhabilitation des mosquées: Des craintes et des assurances

par A. Mallem

L'opération de restauration des mosquées de la vielle ville de Constantine lancée il y a bientôt deux ans a été remise cette semaine sur le tapis par de nombreux fidèles de la vieille ville fatigués et condamnés à errer pour trouver un lieu de culte pour accomplir leurs devoirs religieux.

Ce qui a augmenté encore leur inquiétude est le fait de voir que les chantiers de plusieurs grandes mosquées de ce quartier populeux se trouvent à l'arrêt depuis plusieurs mois déjà. «Le temps passe et il n'y a aucun signe rassurant montrant que ces mosquées vont être rouvertes pour le ramadan, à la prière des tarawih», nous ont déclaré des fidèles que nous avons rencontrés à la mosquée de Rahbet Lejmal après la prière du Dohr. Ces derniers nous ont confié qu'ils commencent à perdre patience et confiance dans les assurances données par les autorités. «Nous sommes en train de nous concerter pour faire quelque chose car nous risquons, pour la première fois depuis des lustres, de ne pas trouver de lieux de culte pour les prières des tarawih durant le prochain ramadan», nous ont-ils confié. Et de rappeler que 7 des plus grandes mosquées de la veille ville ayant les capacités pour accueillir les nombreux fidèles et leurs familles qui vont affluer durant le mois sacré, notamment la mosquée Hassan Bey, la mosquée Sidi El-Kettani, la Grande Mosquée et la mosquée Sidi-Lakhdar demeurent toujours fermées pour travaux de restauration.

Nos interlocuteurs égrènent encore les difficultés qu'ils rencontrent pour accomplir les devoirs religieux : la prière du vendredi est faite à la mosquée de Rahbet Lejmal qui n'a pas de grandes capacités. Ce qui fait que de nombreux fidèles, notamment les femmes pour lesquelles cette zone est prohibée, sont forcés de l'accomplir à domicile. Ajoutez à cela, ont-ils indiqué, que pour certains rites religieux, comme la cérémonie de la Fatiha pour les mariages, les gens sont obligés d'aller les accomplir dans des mosquées loin de leur quartier. «Moi ce qui m'inquiète aujourd'hui, lance un citoyen de la vieille ville, est le risque de voir que, pour la première fois depuis des lustres, notre quartier va passer un ramadan sans la prière des tarawih».

Les gens n'ont pas la mémoire courte et ils se rappellent toujours des promesses faites par les autorités. Un groupe de fidèles nous affirme que le directeur de la culture leur a déclaré, il n'y a pas longtemps, qu'il y a des mosquées qui sont ouvertes dans la vieille ville et elles peuvent accueillir suffisamment de fidèles. « De quelles mosquées parle-t-il, ont-ils rétorqué, fait-il allusion aux mosquées de Sidi-Derrar et Sidi Abdelmoumène ? Et encore, ajoutent-ils, il a omis de signaler que chacun de ces lieux de culte ne peut recevoir plus d'une vingtaine de personnes à la fois». Qui a créé ce problème ? Pourquoi personne n'intervient pour communiquer avec les fidèles pour les faire patienter ? Sont les autres questions qui ont été posées avec insistance par les plaignants.

Rencontré sur les lieux, M. Amirèche Nadir, président de la commission de la culture, des affaires religieuses et des wakfs à l'APW, donc très au fait du dossier, nous a expliqué que le dossier a été soumis à cet organe consultatif au cours de ses trois dernières sessions. Selon lui, le wali a répondu qu'il y avait un problème d'ordre juridique qui s'est posé à la commission des marchés et qu'il avait saisi officiellement le Premier ministre pour le régler. D'après les informations que nous avons obtenues après la dernière session de l'APW, le problème aurait été effectivement réglé au niveau central auprès du ministère des Finances. «Mais, c'était il y déjà un mois et les chantiers des mosquées sont toujours à l'arrêt, a-t-il indiqué. Moi-même j'ai intervenu auprès du wali, lors de la dernière session, en lui demandant de trouver des solutions pratiques pour que les fidèles puissent accomplir les prières des tarawih dans des lieux aménagés pour cela».

Cet élu a affirmé que l'opération ne bute pas sur une question d'argent. Il cite une déclaration faite récemment par une représentante du ministère de la Culture qui a affirmé que l'opération de restauration a bénéficié d'un budget de 77 milliards de centimes. Interrogé, M. Foughali, directeur de la culture, a confirmé que le problème a été bien résolu au niveau de la commission des marchés.

«Les chantiers vont reprendre incessamment, a-t-il rassuré, et certains seront terminés avant ramadan. Aussi, les placettes devant les zaouïa et les mosquées pourront-elles servir aux fidèles pour les prières des tarawih», a-t-il considéré, rejoignant en cela un avis donné par le directeur de wilaya des affaires religieuses.