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L'administration
algérienne est bien singulière dans ses pratiques bureaucratiques. Elle est
binaire dans sa conception. Archaïque dans son fond et faussement actuelle dans
sa forme. Arabisée dans son tronc et ses tiges mais reste à peu près francisée
dans ses radicules. Lourde, lente, écrasante et répugnante pour ses usagers.
Des efforts ont été faits ces dernières années pour la dépoussiérer et la
rendre supportable et humaine. La disponibilité du casier judiciaire, du
certificat de nationalité et du fameux S12 via Internet, la numérisation des
documents d'état civil, la suppression de la légalisation des copies des
papiers administratifs et des timbres fiscaux pour plusieurs documents et la délivrance
dans la même journée des cartes grises et des cartes d'identité, sont des
initiatives non négligeables qui font l'économie du temps, des distances, des
tracas et difficultés inhérentes. Pas encore complémentent allégée de
paperasserie, la carte d'identité non encore numérisée ne remplace pas, pour le
moment, l'extrait d'acte de naissance, le certificat de nationalité et le
certificat de résidence, ce qu'il devrait se faire. Dans un autre volet, elle
reste figée dans l'anachronisme, hybride dans son dessein : sacralisée et
civile, une mixture de religieux islamique et de code napoléonien. Obtenir un
certificat de célibat se fait sur un simple témoignage de deux personnes mais
pas du géniteur; curieux ! A quoi sert donc la mention à la marge de l'extrait
d'acte de naissance ? Soupçon de mariage religieux non inscrit à l'état civil ?
Un certificat de chômage est aussi délivré sur témoignage ! A quoi sert
l'attestation de non-affiliation à la sécurité sociale ? Soupçon de travail au
noir ! La liste du ridicule reste longue. Autre carence : un grand nombre de
ses agents ne maîtrisent pas la langue de Molière et font souvent des
transcriptions erronées des filiations et des dates de naissance, pénalisant
ainsi l'usager. L'administration a aussi beaucoup investi dans les
infrastructures pour faciliter les choses aux citoyens, seulement, ni eux ni
les fonctionnaires n'ont amélioré leurs comportements qui restent primitifs et
belliqueux. Les mentalités «avancent en arrière» des lieux. Le civisme est un
vain mot. Les bousculades, les attroupements, les offenses et les vulgarités
sont des banalités bien ancrées dans le caractère. Les lieux pollués
d'hurlement, de poussières et de senteurs à couper le souffle aux mouches,
n'ont rien à envier aux marchés à bestiaux des pays paumés et désolés par le
vent de sable et le sirocco. Le contraste est criard avec d'autres sociétés qui
respectent leurs valeurs et leurs codes sociaux, bien que leurs gares déversent
chaque jour des dizaines de milliers de voyageurs, le calme plat y règne et
permet d'entendre les jingles et la voix douce de l'hôtesse qui annonce les
arrivées et les départs des trains, dans un décor propre et pur. Autre
involution qui ne cesse de s'étendre à tous les étages de l'administration et
qui interpelle les regards de nos séniors et des étrangers de passage habitués
à mieux, leur regret et leur désapprobation de l'affront à l'environnement par
les attitudes incorrectes et de la façon malpropre et désuète de s'habiller des
agents de l'administration. Ces conditions pénalisantes et ses comportements
désolants sont partout et quotidiennement vécus et n'indiquent malheureusement
pas que les choses vont en s'améliorant. Fatalité et résignation d'une société
sadomasochiste qui possède tous les atouts pour vivre dignement et
?'prospèrement'', dans un pays continent que beaucoup de charognards attendent
qu'il rende son dernier souffle pour le dépecer. Enfin, se rend-elle compte de
sa situation rythmée par un quotidien intemporel, maussade et monotone sur fond
de dormance léthargique ? Sûrement pas !