Les progrès de la
science permettent de lever le voile sur de nombreux cas de crimes ou de viols.
Parmi ces progrès, la biologie est devenue incontournable dans les enquêtes
judiciaires et par ricochet dans les décisions judiciaires.
Aujourd'hui, grâce
à l'analyse faite par des experts en génétique et criminologues, des traces
biologiques (traces de sperme, de sang?) trouvées sur le lieu d'un crime, l'on
peut identifier les suspects ou mettre la main sur une nouvelle preuve. Les
techniques ADN jouent un rôle à part, car elles établissent un lien direct et
fort entre l'individu et les lieux des faits, voire les faits eux-mêmes. Le
travail de l'enquêteur commence, toujours, par l'observation des faits et
l'analyse de la scène de crime. C'est d'ailleurs une équipe spécialisée qui se
charge des relevés d'empreintes. Le rôle de l'enquêteur est d'établir une liste
de suspects, en croisant les témoignages et en reconstruisant les faits. C'est,
seulement, en confrontant les empreintes digitales et génétiques, retrouvées
sur la scène de crime, avec celles des suspects, que l'identification du
criminel peut aboutir. Ainsi, l'ADN est devenu «la bête noire» pour les
suspects qui rejettent, souvent, les griefs retenus contre eux. C'est même
devenu un mode de preuve scientifique irréfutable, auquel ne peuvent rien faire
les accusés. «Les tests ADN permettent aux enquêteurs de la police judiciaire
d'accumuler le plus d'informations possibles, relatives aux faits constatés et
aux personnes impliquées, jusqu'à disposer d'éléments probants constituant des
preuves tangibles contre le suspect. Aujourd'hui, le poids du prélèvement ADN,
dans le travail de la police judiciaire, est quasi important», expliquera à
notre journal, un magistrat de la cour de Tlemcen, interrogé sur ce sujet.
C'est tout un bouleversement de l'ordre des choses, que les sciences ont, sans
aucun doute, opéré. «Il y a à peine quelques années, l'aveu constituait la
reine des preuves, qui mettait souvent fin aux investigations complémentaires
des enquêteurs judiciaires», ajoutera le magistrat. A cet égard, de nombreuses
personnes ont pu être arrêtées ou suspectées d'infraction, ces derniers mois à
Tlemcen, grâce au recours par les autorités judiciaires à l?expertise ADN dans
l'identification judiciaire. Lors de la première session criminelle de la cour
de justice de Tlemcen, un homme a écopé de la peine à perpétuité pour le
meurtre d'une femme (émigrée) commis à Remchi. Alors que rien n'avait permis
d'être certain de sa culpabilité, son ADN a finalement été identifié sur le
corps de la victime. Par ailleurs, le phénomène d'enlèvement de jeunes filles
devient, de plus en plus, récurrent dans la wilaya de Tlemcen. C'est même un
fait qui ne passe pas inaperçu, et commence à apparaître devant les
juridictions. Le 19 mai dernier, la cour criminelle (2ème Session), qui se
déroule du 10 mai, au 11 juin prochains, a condamné, à 10 ans de prison ferme,
un homme de 33 ans, accusé d'avoir, à Maghnia, enlevé et violé sa voisine, qui
travaillait dans une boulangerie traditionnelle, de cette même ville. Selon
l'arrêt de pourvoi, la victime qui s'apprêtait à rejoindre son boulot dans la
matinée du 3 octobre 2010, a été interceptée par son agresseur, armé d'un
couteau de boucher, qui par la suite, l'a embarquée à bord d'un véhicule pour
la conduire, de force, vers une bâtisse isolée, située à la sortie de Maghnia,
vers Hammam Chigueur. Là la fille sera dépouillée de ses vêtements,
photographiée et violée. Une fois son forfait accompli, l'auteur de cet
enlèvement n'a pas daigné relâcher sa victime, qui a résisté et a commencé à
crier de toutes ses forces. Pris de panique, le criminel a pris la fuite
(tout-nu), abandonnant derrière lui son téléphone-portable. Entamant une
enquête, la police judiciaire de Maghnia a réussi, en l'espace de quelques
heures, à identifier et arrêté l'auteur de l'enlèvement et de la séquestration.
La cour d'Assises de Tlemcen, a également déclaré, lors de cette session, les
agissements d'un individu de Maghnia, coupable de viols et d'agressions
sexuelles sur sa fille. Des faits confirmés par les tests ADN effectués sur lui
et sa fille. Il a été condamné à 5 ans de réclusion criminelle. A noter, que la
cour d'Assises jugera, au cours de cette 2ème Session, de l'année 2015 quelque
49 affaires. Selon le procureur général adjoint auprès de la cour de Tlemcen,
Djouadi Abdennacer, 99 accusés vont comparaître devant la justice, dont 61
détenus, 15 en état de fuite et 23 en liberté. Parmi ces dossiers inscrits au
rôle de la session, 14 sont liés à la possession et la commercialisation de
drogue et de psychotropes, 10 affaires liées aux meurtres, et 8 affaires liées
aux mœurs.