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Les opposants au secrétaire général du FLN n'ont pas pu atteindre le
siège du parti à Hydra en raison du dispositif sécuritaire musclé qui a été
déployé très tôt dans tous les alentours du quartier.
Le vent et la pluie qui ont marqué la matinée d'hier n'ont pas eu raison de la décision des dissidents à Saadani, d'investir à partir de 10h les hauteurs de Hydra pour protester contre ce qu'ils qualifient de «gestion décadente du FLN, des chouhada et des moudjahidine». Par contre, le grand déploiement des brigades policières d'intervention, celles anti-émeute, en gros des services de sécurité civils et en tenue, les a bien empêchés de se rapprocher du siège du parti. Siège qui était pratiquement vide, à part Bouhadja et la secrétaire, ceci, si on ne jette pas un œil sur le bas de l'étage, précisément le garage, où étaient cantonnés plusieurs jeunes prêts à en découdre avec ceux qui oseraient passer la porte du parti. Les opposants ont été bloqués à quelques ruelles plus loin. Ils disent être près de 800 personnes à être venues hier pour crier leur désapprobation de ce que Saadani veut faire sans eux, en particulier la tenue les 28, 29 et 30 mai prochains du 10ème congrès du FLN. En dehors des « meneurs » connus des opposants, il y avait aussi des députés, des membres du Conseil de la Nation, ainsi que des mouhafadhs et militants venus de plusieurs wilayas du pays. Ces derniers ont réussi à passer à travers les mailles du solide filet sécuritaire qui a été « jeté » tout autour des frontières de la capitale pour empêcher les bus qui devaient les amener d'arriver à Hydra. «Plusieurs bus ont été bloqués à près d'une centaine de kilomètres d'Alger, ce qui a poussé beaucoup de militants à rebrousser chemin», nous disent des membres du Comité central. «Ceux qui y sont arrivés sont venus à bord de véhicules particuliers, c'est pour ça qu'ils ont pu participer à la protesta», notent-ils. Nombreux ou pas, ceux qui ont pu se positionner aux alentours du siège du FLN ont bien animé les lieux en scandant les slogans les plus hostiles au SG. «Saadani dégage !», «Report du congrès», et autres banderoles ont été déployées. Mais les plus durs slogans sont ceux qui étaient lancés à tue-tête par les opposants, en arabe, bien sûr. LE DEMANTELEMENT, DE «RAB EL BLED» AUX CACIQUES DU FLN «FLN, chouhada, Saïdani bayâa DST», «Bouteflika, dertena Hm?à la tête du FLN », « Saadani, traître de la France», «Saadani, un réveil remonté contre le MDN, le DRS», «FLN en Algérie, son SG à Paris», «Le FLN n'est pas à vendre ! », «Non au congrès de la honte !»? Des membres du CC disaient à haute voix «Saadani a été instruit pour insulter le MDN et le DRS, Sarkozy lui a donné la carte de résidence et lui a permis d'installer sa famille à Paris. Chaque mois, il doit remonter pour remettre des rapports à la DST française». Dures accusations contre un responsable dont le profil semble, pour le moment, répondre aux objectifs de ceux qui l'ont nommé au poste de SG du FLN. Le personnage est réputé ne pas avoir froid aux yeux et foncer sur tous les fronts. Il a eu à le prouver en accusant le patron du DRS et les corps constitués de tous les maux. Il a ainsi démythifié le mythe de «rab el bled» sobriquet attribué à tort ou à raison (très rares sont les personnes qui le connaissent physiquement et intellectuellement) au fameux Mohamed Mediène, alias Toufik. C'est une mission que lui seul pouvait mener à point pour n'avoir rien à perdre mais plutôt tout à gagner. En effet, l'on n'aurait jamais pensé que ce simple syndicaliste, membre de la commission exécutive nationale de l'UGTA, puisse atteindre durant le règne de Bouteflika qui dit mépriser l'ignorance et la médiocrité, des rangs aussi élevés dans la hiérarchie de l'Etat. Il a bien été président de l'APN et aujourd'hui SG du FLN, un parti-appareil dont le pouvoir continue de se servir pour redéfinir les équilibres sociopolitiques du pays, selon les intérêts et les objectifs qu'il se fixe. FIN DE MANDAT DES MEMBRES DU CC Il semble que pour cette fois il est chargé d'une autre mission tout aussi délicate que la première visant l'affaiblissement des pouvoirs des corps de sécurité, notamment le DRS. Il doit certainement avoir à charge de vider le FLN de l'ensemble des caciques qui l'animent depuis sa création. L'unification des groupes qui lui sont opposés doit représenter pour lui une véritable aubaine. «C'est l'occasion rêvée pour Saadani pour liquider les caciques au sein du FLN», affirment des membres du CC. Ils estiment que «carte blanche lui a été donnée pour cela puisqu'il a décidé d'organiser le 10ème congrès comme il l'entend, il en a fait élaborer les textes ailleurs, il a choisi lui-même les congressistes alors qu'ils doivent être élus par la base, il a augmenté le nombre des mouhafadhs qui lui sont tous acquis, il a augmenté le nombre de militants-congressistes en recrutant des jeunes qui lui sont, eux aussi, complètement acquis et à sa mission de reconstituer la base et les structures du FLN». Nos sources indiquent que « le CC est déjà constitué par ces jeunes qui sont tous aux ordres de Saadani, ceux qui seront exclus du FLN ne pourront plus rien faire ; quand on est à l'extérieur, on ne peut plus agir». L'approche du changement par l'exclusion des caciques, rappellent curieusement, la fameuse sentence de Bouteflika «quand je partirai, tout le monde sera parti, tous ceux qui ont exercé le pouvoir depuis qu'il a été créé». C'est du moins ce qu'ont toujours avancé des hauts responsables qui lui ont été proches notamment durant ses trois mandats présidentiels. C'est ce qu'ils appellent «le démantèlement des pouvoirs». Sur les 330 membres du CC, 220 ont signé la demande d'annulation du congrès qu'ils ont introduite auprès du parquet d'Alger il y a une vingtaine de jours. Mais hier, à peine 140 noms d'entre eux ont été rendus publics, le reste, nous disent nos sources signataires « publics » de la pétition contre Saadani, «bien plus d'une soixantaine a refusé que leur identité soit dévoilée parce qu'ils jouent sur les deux bords, en attendant de voir ce qui doit être décidé par le pouvoir». Le SG a décidé de réunir demain, mercredi, le Comité central pour entériner les nouveaux textes et préciser les noms des congressistes. Les opposants refusent d'y assister parce qu'ils estiment que « c'est une réunion illégale, elle se tient la vielle du congrès alors qu'elle devait se tenir une année avant », nous disent certains d'entre eux. Ce qui est sûr, c'est que la réunion du CC de ce mercredi obligera -règlement intérieur du FLN oblige- ses 330 membres à remettre leur mandat pour que leur soit signifiée «légalement» leur fin de mission. Les opposants devaient se réunir dans l'après-midi d'hier à leur siège à El-Biar pour décider de ce qu'ils comptent faire mercredi et notamment jeudi, le jour de l'ouverture du congrès à la coupole du complexe du 5-Juillet. |
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