C'est dans l'air du temps: le paiement électronique est de plus en plus
d'actualité en Algérie, même si le pays accuse un énorme retard comparativement
aux pays voisins, et en général par rapport aux pays développés. C'est le grand
chantier du Groupement d'intérêt économique de monétique (GIE-monétique),
opérationnel depuis janvier dernier, dont la direction générale a été confiée à
M. Motassim Boudiaf. Hier mercredi, il a rappelé à la radio nationale les
grands objectifs du GIE, d'abord la généralisation de l'utilisation de la carte
interbancaire (CIB) et les paiements électroniques de certains services. «Il
faut mettre fin au paiement par cash, c'est un des objectifs du gouvernement.
La carte interbancaire est un des instruments sur lequel on va s'appuyer pour
substituer la carte bancaire à l'usage du cash», a-t-il affirmé avant de
préciser que le GIE «n'est concerné que par la généralisation de la carte de
paiement» interbancaire. «On y travaille», a-t-il souligné avant d'expliquer
que le travail est actuellement concentré sur l'identification des carences à
l'origine de l'échec de l'utilisation par tous de la carte CIB. «Nous avons mis
en œuvre une feuille de route» pour cet objectif ; «l'usage de la carte CIB a
besoin d'être explicité d'avantage, avec une bonne formation des commerçants
pour expliquer et rassurer les porteurs sur les risques de l'usage de la
carte». Le commerçant algérien «a besoin d'être assuré que son argent est à
portée de main», affirme t-il. Pour autant, il a rappelé le nombre réduit de
TPE (terminal de paiement électronique), soit seulement 2.876 pour un peu plus
d'un million de porteurs de carte CIB.«Il faut développer autant le nombre de
TPE que de porteurs» de carte CIB, estime M. Boudiaf qui a annoncé que des
préparatifs sont en cours pour l'introduction dès la fin du mois de juin de certains
paiements électroniques (via Internet).
Prenant soin de préciser que pour le moment«la priorité est à la
généralisation de l'usage de la carte de paiement», il a ajouté que le premier
chantier «est de générer le paiement par Internet». «Cela va nous permettre
d'aller directement sur les sites web pour généraliser cette opération qui
devrait être lancée à la fin du mois de juin», explique M. Boudiaf. Les
premiers concernés par cette opération de paiements électroniques sont, a-t-il
annoncé, la Seaal, les trois opérateurs de téléphonie mobile (Djezzy, Ooredoo
et Mobilis), Algérie Telecom et Air Algérie. «Cela va se faire pour les grands
facturiers», indique t-il. Ensuite, ce sera au tour d'autres opérateurs comme
l'AADL, les OPGI, les Douanes et l'administration des impôts pour généraliser à
terme le paiement électronique. «Il y a un retard à rattraper» en matière de
paiements électroniques, estime-t-il avant de relever qu»'on va arriver dans
des délais très optimistes à la mise en œuvre de l'usage de la carte de
paiement de manière massive». «La carte de paiement sera un moyen de
substitution du cash par la monétique», affirme le DG de la réglementation de
la monétique, selon lequel «l'usage de la carte est l'affaire de tous, et pas
seulement des banques». «Ce n'est pas une affaire de quelque mois, mais une
chose qui se construit. On a l'avantage de profiter de l'expérience des autres,
on peut profiter de ce retard en mettant en place les nouvelles technologies»,
estime encore M. Boudiaf, très optimiste. Il affirme qu'«on veut aller vers une
très haute disponibilité». La première partie de l'e-paiement sera effective
vers le mois de juin, avec la mise en place du système de paiement en ligne,
alors que la seconde partie de la feuille de route est la promulgation du
paiement par Internet, et la troisième partie de ce programme sont les
amendements des normes relatives au paiement par carte.«C'est le comité de
normalisation de la Banque d'Algérie qui va réglementer tout cela. Une réunion
est prévue la semaine prochaine» pour en discuter, a-t-il annoncé par ailleurs.
Quant au paiement des produits physiques par Internet, cela devrait prendre«un
peu de temps», a-t-il averti, pour«éviter les litiges commerciaux».«On verra
comment cela va se passer vers la fin de l'année», a-t-il encore relevé avant
d'affirmer que vers le mois de septembre prochain, le paiement électronique
(via Internet par carte CIB) sera étendu à d'autres grands prestataires de
services du secteur public. Mis en place en juin 2014, le GIE-monétique compte
dans son conseil de direction la Banque d'Algérie, alors que sa présidence est
confiée au président en exercice de l'Association des banques et établissements
financiers (ABEF). Sa mission est de généraliser l'usage de la carte bancaire
et les paiements électroniques en Algérie.