Un peu comme couper la ration en deux à celui qui a une faim
de loup, la saison agricole s'annonce sous un mauvais temps; même si on a pris
le mauvais pli de labourer «ici» pour moissonner «ailleurs» ! En attendant de
nous convaincre de consommer algérien - un peu comme préférer notre pain rassis
au pain blanc des autres -, voilà que l'on nous balance, sans sourciller, que
la mère nourricière, Sonatrach, compte importer massivement? des carburants en
prévision du ramadhan !
Mais pourquoi diantre le pays rame-t-il à contresens de la
plus triviale des logiques, que tout semble «tourner à l'envers», en prenant à
défaut le bon sens le plus élémentaire chez le plus érudit du peuple des
«raisonnés» ? Un peu comme celui qui a dix sous neufs fourre sa main baladeuse
dans la poche de celui qui a un demi-douro trop usé, quelle est donc cette
mouche qui nous empoisonne le sang pour nous retrouver, à chaque fois, ramer
contre le courant pour se fatiguer les bras et couler comme un caillou au fond
d'une eau fangeuse ? Les revers auront des médailles qu'ils seront des
champions olympiques sous nos cieux «si particuliers», avec ce paradoxe bien de
chez nous: ce n'est pas notre ventre qui dépend de ce que produisent nos terres
mais c'est juste nos estomacs, plus grands que nature, qui courent à perdre
haleine, après celui qui détient les clefs du garde-manger national. A un jet
de pierre du mois de tous les soucis, le poulet «vole» si haut qu'un aigle dévoreur
y laisserait toutes ses plumes. La situation est si psychédélique que le pays
paraît vivre sur deux planètes: l'une vivant derrière le dos de l'autre. L'on
nous susurre que des quantités «gargantuesques» de produits carnés sont
stockées dans les entrepôts, sous l'ombrelle de l'Etat, alors qu'en même temps
et sous les cieux du même pays, le poulet «déplumé» entame sa montée vers les
cimes, à un jet de fronde du mois de tous les tracas. Les chiffres «balancés»
d'en haut nous parlent d'un cheptel ovin et bovin parmi le plus important
d'Afrique du Nord, sans que personne ne sache qui en est(sont) réellement le(s)
propriétaire(s) ni qui contrôle un marché à enjeu capital, dans la gestion de
la paix tout court? Il y a trop longtemps que le pays racle le fond de ses
caisses dans l'entretien de la chaîne alimentaire nationale. Il y a, aussi, un
bon bout de temps depuis que le pays ne s'est pas «autosuffi», en matière de
blé, celui né des entrailles de la terre mais aussi celui caché dans des
coffres-forts jamais aussi bien gardés. Avec pour seul sursis une baguette de
pain garantie à tous, qui va récolter les fruits et légumes de cette
«bouhbouha» qui donne tant le tournis, sinon que ce sont toujours les grosses
légumes qui sont servies en premier. Importation ou pas, qu'elle vienne d'Inde,
du Soudan ou même de la planète Jupiter, lors du mois des «carémeux», la
viande, halal ou pas, boucanée, faisandée, braisée, panée, hachée ou surgelée
ne sera pas mangée par le peuple des «édentés», mais juste «déchiquetée» par ceux
qui ont des crocs si gros !