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Affaire Khalifa : Cadres gestionnaires et PDG s'expliquent

par Tahar Mansour

C'est en définitive un remake des auditions passées auquel on a eu droit en ce douzième jour du procès en appel de Khalifa Abdelmoumen, principal accusé dans l'affaire Khalifa Bank.

Ce sont encore des PDG et des cadres dirigeants d'entreprises nationales ou d'institutions de l'Etat dont le premier à être appelé hier fut M. Arifi Salah, ancien directeur général de la caisse nationale de retraite (CNR) qui a effectué un placement de 2 milliards de dinars à la banque Khalifa. Il précise avant tout qu'il n'a placé que 2 milliards car pour le reste (10 milliards de dinars) il n'était plus en poste, ayant quitté la CNR en 2000. Quand le président du tribunal, M. Antar Menouar, lui demande s'il était l'ordonnateur et le signataire des placements, il répond par l'affirmative mais il rappelle que les prérogatives sont dévolues au nouveau conseil d'administration. Concernant la carte de gratuité de transport à bord des avions de Khalifa Aiways, M. Arifi Salah reconnait qu'il était en possession d'une carte que lui avait remise le directeur de l'agence d'Oum El Bouaghi, M. Djeddi. Pour son fils qui a bénéficié d'une formation de pilote au sein de Khalifa Airways, il précise qu'il n'a jamais intervenu pour cela et que son fils s'est présenté tout seul auprès du bureau de recrutement, il a passé un examen et a été retenu. Quand le président lui demande quel niveau il avait, il répond : «3ème AS» et le juge de reprendre : «comment se fait-il qu'il ait été retenu avec le niveau de terminale pour devenir pilote ? Ne trouvez-vous pas que c'est un peu exagéré ?».

UN CREDIT A 2% POUR LUI ET A 3% POUR LES EMPLOYES DE L'EPLF

Après avoir entendu les faits retenus contre lui, M. Rabah Boussebine, ex-directeur général de l'EPLF de Blida, affirme qu'il a fait un placement de l'ordre de 165 millions de dinars en 1999 mais que celui-ci a été fait de manière légale après approbation du conseil d'administration. A la question s'il avait essayé de récupérer l'argent mis en dépôt, il affirme qu'il a tout fait pour cela mais il n'a rien pu faire, d'autant plus que rien n'a été fait avec le liquidateur bien que l'EPLF ait gagné le procès intenté à la banque pour la récupération du dépôt. Après le dépôt, l'EPLF a obtenu des crédits pour son personnel et pour le DG qui en a obtenu un de 87 millions de centimes ; «à un taux d'intérêt de 3 %», affirme-t-il. «Mais vous avez corrigé au stylo pour mettre 2 % au lieu de 3 %», lui rappelle le juge. Il répond qu'il a effectivement porté cette correction mais lors de la signature j'ai mis la mention ?lu et approuvé après correction'.

La mutuelle des PTT a déposé la somme de 8 milliards de centimes à un taux de 12 % pour une durée de 10 ans. M. Mohamed Tchoulak rétorque à une question posée par le président du tribunal que ce taux d'intérêt est assez important pour qu'il le refuse : «nous n'avons regardé que le taux d'intérêt fort appréciable, car il nous faisait gagner plus de 1,2 milliards de centimes chaque année», avoue-t-il. Il affirme aussi que la période de 10 années était imposée par Khalifa Bank si le déposant voulait un taux d'intérêt de 12 %. Revenant aux cartes de gratuité du transport, il déclare que c'est le conseil d'administration qui en a reçu quatre dont une lui a été attribuée et les trois autres à d'autres membres du conseil d'administration. Il explique aussi que Khalifa Bank a envoyé des cartes de gratuité pour la mutuelle et c'est après délibération du conseil d'administration qu'elles sont devenues nominatives.

DJELLAB ET LAKSACI DEVANT LE TRIBUNAL DIMANCHE PROCHAIN

A partir de dimanche que le président du tribunal criminel près la cour de Blida, M. Antar Menouar compte entamer les auditions des témoins en commençant par l'ex-ministre, M. Djellab, qui avait été désigné administrateur de Khalifa Bank au lendemain de la découverte des trous dans les comptes et des irrégularités. Il y aura aussi M. Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie. Le tribunal entendra aussi les témoignages de l'énigmatique secrétaire de Khalifa Abdelmoumen, Mlle Nadjia Aiouaz, ainsi que le frère d'Abdelmoumen, M. Khalifa Lakhdar Abdelaziz.